Pr 8,22-31 – Ps 8 – Rm 5,1-5 – Jn 16,12-1
Dans notre prière, qu’elle soit personnelle ou communautaire, nous avons l’habitude de nommer le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans l’eau au nom de Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. La célébration eucharistique est une action de grâce au Père, par le Fils, dans l’Esprit. Avant de partir en mission, nous serons revêtus de la bénédiction du Père et du Fils et de l’Esprit. Alors, au-delà de ces noms ou de ces formules, où en sommes-nous de notre relation personnelle avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint, avec ce Dieu qui est un mais qui n’est pas solitaire ? Avec la Trinité, nous entrons dans le monde de la relation. Nous ne croyons pas en un Dieu qui serait isolé ou enfermé dans sa toute-puissance. Nous ne croyons pas en un Dieu qui serait tellement au-delà et innommable que la seule attitude pour nous serait la soumission et la distance.
Revenons à l’affirmation fondamentale de notre foi qui est une bonne nouvelle pour toute l’humanité : Dieu est amour. Saint Paul vient de nous dire que cet amour a été répandu en nos cœurs. Il été répandu pour que nous vivions de cet amour, pour que notre vie soit rayonnement d’amour, pour qu’à travers nos actes et nos engagements, nous soyons au service de cet amour, nous rendions présent cet amour. Nous apprenons ainsi jour après jour à vivre en enfants bien-aimés du Père, en frères et sœurs de Jésus, en artisans d’unité et de paix dans l’Esprit. Pour exister et durer dans le temps, cet amour a besoin d’être donné et accueilli. Chaque jour nous sommes appelés, dans la diversité de nos vocations personnelles, à faire le choix de l’amour et à être inventifs et audacieux pour le mettre en pratique. En dehors de cet échange vital fait de don et d’accueil, l’amour prend le risque d’être défiguré et dénaturé.
Le mystère de la Trinité que nous célébrons aujourd’hui n’est pas d’abord à expliquer, à décortiquer, à mettre en équations, mais à contempler. Poussés par l’Esprit, nous sommes conduits au cœur même de ce foyer d’amour, et nous découvrons que là est notre vraie place, notre vraie dignité. Nous sommes à l’image de ce Dieu d’amour. Et puisque l’amour – comme la vérité – nous rend libres, nous apprenons à aimer et à faire l’expérience de cet amour dans les dimensions de notre incarnation. L’Esprit Saint entretient notre fidélité pour que nous demeurions dans la communion du Père et du Fils. Il nous garde dans la joie et l’espérance car notre confiance est en Dieu, et nous croyons qu’il ne peut ni se tromper, ni nous tromper.
Nous allons vers la Trinité, comme on va vers une source. Nous marchons vers la Trinité, comme nous avançons vers un but. Source, car c’est du Père, du Fils et de l’Esprit que jaillissent toute vie, d’où la nécessité et l’urgence de la protéger et de la valoriser. But, car c’est auprès du Père, du Fils et de l’Esprit qu’est notre vraie place pour l’éternité. Ainsi, toute notre vie est en Dieu et pour Dieu. C’est là que se trouvent nos racines et la promesse de la fécondité de notre vie. Avec le psalmiste, nous nous demandons parfois qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, Seigneur ? Toute l’œuvre de la création, comme celle de la rédemption, nous montre que le Seigneur pense à nous, agit pour nous et se donne à nous. Nous sommes l’ouvrage de ses doigts, les partenaires d’une alliance de vie, les destinataires de son amour. Il nous couronne de gloire et d’honneur en nous associant à son œuvre et en accomplissant en nous des merveilles.
Le mystère de la Trinité n’est pas un mystère que nous devons tenir à distance, mais un mystère au sein duquel nous avons notre place. C’est là que l’Esprit de vérité veut nous conduire pour que nous participions à la nature divine. Saint Paul nous dit que notre espérance est d’avoir part à la gloire de Dieu. Pour participer à cette gloire, nous ne pouvons pas nous satisfaire d’être de simples spectateurs de la vie de l’Église et du monde. Nous ne pouvons pas non plus être seulement des consommateurs de religiosité. Marqués dès notre baptême par la présence du Père, du Fils et de l’Esprit, nous sommes les disciples que Dieu appelle pour construire un monde nouveau, pour bâtir une Église qui soit au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Chacune et chacun de nous a ainsi une part de responsabilité et participe à la mission commune.
À l’écoute des appels de l’Esprit, il nous appartient d’accueillir le renouveau que suscite en nous l’accueil de l’amour de Dieu. Avec le Père, soyons donc au service de toute vie dans une attitude d’accueil bienveillant et d’accompagnement respectueux ; avec le Fils, apprenons les paroles et les gestes du serviteur qui offre sa vie pour le salut de toutes et tous ; avec l’Esprit, cultivons les liens d’unité et travaillons pour que la communion l’emporte sur la division et la paix sur la guerre. C’est ainsi que, dès à présent, la gloire du Père, du Fils et de l’Esprit nous revêtira et que nous vivrons pleinement notre vocation de disciple missionnaire dans la joie de l’accomplissement de notre baptême.