Solennité de la Sainte Trinité

dimanche 12 juin 2022

Par le père Brice-Miguel Mekena Mekongo, vice-recteur

« L’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. (…) Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; »

 

Frères et sœurs bien-aimés, la fête de la Très Sainte Trinité que nous célébrons ce jour est avec la divinité du Christ, est l'un des deux mystères fondamentaux de notre foi : Notre Dieu est Un, et il n’y a pas d’autres dieux. Cependant, la tradition, les Saintes-Écritures et l’histoire de la liturgie au fil des siècles nous ont rendu toujours plus évident le mystère quasi incompréhensible de la Sainte Trinité : Dieu est Un et Trine à la fois ; il ne s’agit pas de trois Dieux, mais d’un Dieu unique qui est un en trois personnes, tous les trois Dieu, tous les trois ensemble un seul Dieu.

Vraiment cette affaire crée un bug dans le cerveau. Et mes années de théologie m’ont donné la certitude que moins en dit, mieux cela vaut pour rester dans l’orthodoxie. Non pas qu’on ne puisse le comprendre, mais on ne peut le comprendre totalement comme une théorie scientifique, parce qu’il nous déborde de toute part. Cependant, je reste convaincu que si nous ne pouvons pas le comprendre le mystère comme une théorie, nous pouvons en faire l'expérience, une expérience capable de changer notre vie.

En effet, dans la Trinité, nous sommes invités à y contempler ce que Dieu fait dans l’histoire des hommes, comment Il se révèle dans l'histoire du salut. Dans les Saintes-Écritures, Dieu se révèle comme le seul Dieu qui existe vraiment : on se rappelle de sa révélation à Moïse : « Je suis celui qui suis » (Ex 3, 14). Et Jésus parle de lui comme d'un Père de qui tout a origine et qui lui a remis tout ce qu’il possède ; et la prière qu'il nous enseigne est celle du « Notre Père ». Et ce Père nous parle deux fois de Jésus en disant : « Celui-ci est mon fils », et nous invite à écouter ce Fils qui nous a rachetés du péché et de la mort. Et il y a l’Esprit de vérité qui nous permet de ne pas être orphelin et en nous donne de pouvoir tout porter, tout supporter. De là vient la foi en la Trinité qui nous révèle un Dieu unique mais en trois personnes.

Cependant, au delà des chiffres (1, 3), ce mystère nous dit que Dieu est relation ; Dieu, c'est la relation d’amour.  La beauté de la Sainte Trinité réside dans cette relation : En Dieu personne ne parle de lui-même, personne ne se propose ou ne veut convaincre l'autre de sa position ; en Dieu personne ne veut imposer, mais chacun partage ce qu'il a reçu. Il n'y a donc pas de solitude en Dieu qui est amour. La vie trinitaire est donc vie et communion d’Amour.

Notre vocation à tous est d’entrer dans cette vie d’Amour. Rappelons-nous de l’hymne que Saint Paul chante aux Éphésiens : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! (…) Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ ». (Ep 1, 3-5). Bien-aimés du Seigneur, par notre baptême nous avons été insérés dans la vie de Dieu qui est relation, communion d’amour. Par conséquent, nous ne pouvons qu'être des personnes de relation.

« Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (Gn 2, 18) lit-on dans la Genèse. La dimension communautaire de notre Église nous conforte dans l’idée que l’homme n’est pas fait pour vivre seul et malheureusement aujourd'hui il y a de plus en plus de personnes qui se retrouvent seules et peut-être même âgées. Dieu nous a créés pour être comme lui une communauté de frères. C'est pourquoi il est important de s'engager, avec l'aide de Dieu, à créer communion et communauté et à les maintenir.

La relation fondamentale à laquelle le Seigneur nous appelle est avec lui. Entrer en relation avec lui non seulement pour être participant de cette communion d’amour qui existe entre le Père et le Fils dans l’Esprit, mais aussi pour nos relations, en Église, en famille, en amitié, au travail soient icônes de la Trinité. Des relations où chacun parle bien de l’autre et témoigne en sa faveur, chacun valorise l’autre ; où personne ne tire la couverture de son côté de façon égoïste. Que c’est beau de voir que dans une famille chacun dit du bien de l’autre, cherche à valoriser l’autre ! Que c’est beau de voir que dans un couvent, dans un presbyterium les uns disent du bien des autres ! Célébrer la Sainte Trinité c’est alors renoncer à la médisance, à la calomnie, et aux coups bas, et consentir à vivre dans l’amour de Dieu que le Christ a révélé sur la Croix.

D’ailleurs, célébrer la Sainte Trinité c’est aussi raviver en nous le Signe de la croix que nous faisons plusieurs fois par jour, parfois banalement sans en mesurer les implications. En effet, au pied de la Croix, ceux qui insultent Jésus lui demandent de descendre de la croix et ils croiront qu’il est le Fils de Dieu, qu’il révèle le Vrai visage d’amour. Mais descendre de la Croix aurait juste contribué à entretenir une idole, un faux dieu sans miséricorde qui punit les offenses qui lui sont faites. Sur la croix le Christ a prouvé que Dieu est Amour. Ainsi, quand nous traçons sur notre corps un signe au nom de la Trinité sainte, nous invoquons sur nous la puissance d’Amour de la sainte Trinité.

Invoquer le nom du Père en touchant le front, c’est se  rappeler que tout ce qui vit dans notre esprit, les pensées, les désirs, les souffrances, tout doit être consacré au Père, tout doit être pour Sa gloire. Au Nom du Père, je dois désirer, au Nom du Père, je dois me confier et je dois abandonner toute pensée d'impureté, de vengeance, d'égoïsme, de retrait, de haine, d'impénitence, de non-abandon à Dieu.

Invoquer le nom du Fils en touchant sa poitrine, son cœur, qui est le siège de l'amour, de l’affection, c’est consentir à aimer comme Jésus. C’est s’engager à aimer comme Jésus et à dire : « J'aime au Nom de Jésus, je veux aimer comme Jésus aime, je veux que Jésus aime par mon cœur, pauvre, fatigué, brisé, pécheur, maladroit »

Enfin, invoquer le Saint Esprit en touchant chacune des épaules, c’est demander la force de porter justement ce que le Christ nous révèle. La force aussi de porter sa croix à la suite du Christ : ça peut être les contradictions, une maladie, une séparation.

Demandons la grâce de faire de chacun de nos signes de Croix une authentique prière à la Sainte Trinité.

Loué soit Jésus-Christ !