Enseignement du Dr Waller

dimanche 30 mai 2021

Par le Dr Waller

Le parcours de guérison du Christ auprès des pèlerins d’Emmaüs

Bienvenue à tous. Notre Dame du Laus est heureuse de vous accueillir pour prier, et son Fils vous remercie pour votre foi et votre Espérance en son Père. C’est un honneur d’être dans cette Basilique pour faire ensemble un bout de chemin avec Jésus et ses disciples à la rencontre de notre guérison. Jésus a pris son temps, une longue marche car le temps de Dieu n’est pas le temps de l’homme. Dieu prend le temps qu’il faut pour nous faire découvrir la démesure de son Amour, source de toute Grâce.

Je ne sais pas si le Seigneur a rejoint les pèlerins d’Emmaüs dans la matinée, ou bien à l’heure où nous sommes, mais aujourd’hui Il marche avec nous pour révéler les fruits de sa Miséricorde dans nos vies. Une conversion prend beaucoup de temps, mais que le Recteur du sanctuaire ne s’inquiète pas, je ne parlerai pas jusqu’au repas du soir comme Jésus avec ses disciples. Allons sur le chemin d’Emmaüs (Luc 24 ,13-35).

 

Qui sont ces pèlerins? Probablement des juifs en pèlerinage à Jérusalem pour fêter la pâque juive, et qui avaient écouté et suivi Jésus avec la foule. Ils avaient mis leur espoir en ce Jésus, entré comme un roi sur un ânon dans Jérusalem. Ils avaient reconnu en lui un rabbi, proche du Dieu très Haut, tant il faisait de belles choses et dévoilait les merveilles de la Torah. Il devait être le Messie annoncé pour délivrer Israël de l’envahisseur romain. Mais tout s’est écroulé  dans un drame absolu. Ils ont été bouleversés par ce qui lui est arrivé. Qui donc était ce Jésus condamné pour blasphème, flagellé, crucifié, mort et enseveli maintenant? Ils s’étaient laissé abuser puisque les chefs religieux en ont décidé ainsi…

En tout cas, ils fuient une réalité qu’ils ne comprennent pas. Tout est fini, leur rêve s’achève en cauchemar, alors ils retournent à leur vie passée. Il leur est impossible de voir dans ce crucifié, le Messie libérateur. D’ailleurs, ils ne reconnaissent pas Jésus qui vient à leur rencontre; ils l’ont vu tellement défiguré, méconnaissable qu’ils ont perdu l’image du visage lumineux du Rabbi. Mais, le Christ les rejoint dans leurs ténèbres, il marche à leurs pas, et il va guérir patiemment leur désolation par la méditation des écritures. Ils découvrent alors que le Messie annoncé est bien le serviteur souffrant d'Isaïe, qui n'est autre que ce Jésus mort sur le Croix qui s’est livré aux mains des pécheurs pour leur manifester l’amour de Dieu qui les appelle à la conversion. Leurs yeux et leur cœur s’ouvrent quand ils reconnaissent le geste de la fraction du pain que Jésus avait tant renouvelé pour nourrir la foule. Cette foule qui l’adulait, l’avait condamné devant son impuissance à exaucer leur rêve d’un monde sans famine ni souffrance, et d’un règne messianique à la gloire d'Israël.

Qu’a donc fait le Christ pour qu’ils repartent en courant à Jérusalem dire aux disciples qu’ils avaient revu Jésus vivant? Le Christ a guéri leur foi. Ils croyaient en un Dieu très haut, inaccessible et un Messie invincible, et Jésus leur a révélé l’incroyable vérité de la croix. C’est par la croix que vient le salut. Le peuple juif est le peuple de l’Etoile : cette étoile qu’il a toujours suivie depuis la sortie d’Egypte et qui devait le conduire à Bethléem pour accueillir la Messie de Dieu, mais ils ne l’ont pas reconnu. Les disciples du Christ inaugurent le peuple de la Croix. Nous sommes ce peuple de la Croix, cette croix qui est le chemin obligé de notre propre résurrection. Comme l’avait prophétisé Jésus : « Que celui qui veut marcher à ma suite, prenne sa croix et qu’il me suive». Cette incroyable vérité de la croix, source du Salut, n’a pas pu être entendue par les disciples, et elle ne trouve un sens que dans la résurrection du Fils de Dieu.

Dans le Christ, l’humanité entière a été crucifiée avec sa faiblesse, son péché, son arrogance, ses blessures et ses maux de toute sorte. Dans l’éternel présent de Dieu, chacun de nous a été crucifié en Christ puisque nous sommes les membres de son Corps. En communion avec l’humanité pécheresse, le Christ est devenu objet de déréliction et sa plus grande souffrance fut de n’être plus que pêché aux yeux de son Père qui se retira de Lui, et Jésus le crie: « Mon Dieu,  Mon Dieu, Pourquoi m’as-tu abandonné?» Non, le Christ ne récite pas le psaume, il vit le psaume, il est le psaume. Le Christ est le Verbe, et le Verbe s’accomplit. Mais le Verbe de Dieu est éternel, et si l’humanité pécheresse est ensevelie avec Lui au tombeau, c'est pour que l’humanité ressuscite immaculée avec le Verbe. C'est la Grâce inimaginable que nous vivons depuis notre Baptême. Ainsi la Croix est la source de toutes nos  guérisons. « Telle est la Foi que le Christ fait éclore en leur âme. Dieu est venu dire à l’humanité entière : « Je te pardonne », et c’est le plus beau mot d’amour que l’on puisse dire, et le Messie l’a vécu sur le Croix ».

(icône de la trinité de la création et  du salut : Chef d’œuvre de l’âme et de l’Esprit l’icône nous fait entrer dans le mystère de Dieu et le mystère de l’Homme. Dans leur dialogue d’amour dans l’Esprit qui les unit, se décide la création de l’homme et l’incarnation du Fils pour rendre l’immortalité à l’homme par l’acceptation de la coupe du Salut, l’incroyable vérité de la Croix. Dieu a pardonné. Comment l’homme va-t-il vivre ce pardon, c’est tout l’enjeu des évènements à Jérusalem)

Les disciples d'Emmaüs tout retournés par cette révélation, remontent en courant à Jérusalem, mais  que se passait-il là-bas? La même chose... Depuis la nuit de Gethsemani, tout le monde s'enfuit et court, mais après quoi ? Dans l’effervescence de leurs pensées, les disciples courent sans le savoir après leur propre guérison. En fait, chacun va vivre une guérison intérieure, une conversion pour renaître à une vie nouvelle avec le Christ.

Les 11 se sont enfuis par peur des Romains lors de l’arrestation de Jésus. Pierre a encore fui après son reniement, il a fui son humanité qui l’avait rattrapée, et pourtant Jésus l’avait mis en garde contre lui-même.

Simon-Pierre et Jean ne peuvent pas adhérer d’emblée à l’incroyable vérité de la Résurrection de Jésus, annoncée par Marie Madeleine et ils courent vérifier par leurs propres yeux. Simon est toujours enseveli dans la culpabilité de son reniement, et il reste perplexe dans le tombeau vide. En fait, il est encore dans son propre tombeau alors que Jean qui n’entre pas dans le tombeau, croit.

 

Avez-vous remarqué qu’aucun disciple ne demande pardon à Jésus qui leur offre sa miséricorde, sans aucune confession de leur faute et de leur faiblesse. Le Pardon du Christ anticipe leur repentir. Quelle bienveillance du Seigneur!

Et pour restaurer Pierre dans l'estime de lui-même et des autres disicples, Jésus lui demandera par 3 fois: Pierre m’aimes-tu ? Prenons le temps de nous émerveiller de la pédagogie du Seigneur, médecin des âmes et des corps. Ces trois questions ne font pas seulement écho au triple reniement de Simon Pierre. Au premier m'aimes-tu? Simon répond du tac au tac dans son humanité "je t'aime". Au deuxième Simon s'étonne que le Seigneur insiste et se demande "pourquoi me repose-t-il la question" et ça l'oblige à se demander s'il aime vraiment. Jésus l'entraîne un peu plus en profondeur, dans son fors intérieur et il répond "tu sais que je t'aime". À la troisième question, Pierre est prêt à se vexer, mais Jésus veut l'amener à se demander s'il aime son maître autant que son maître l'aime. Simon prend conscience du chemin à parcourir pour aimer comme le Christ. Alors humblement Simon répond qu'il l’aime "Philaé" comme un ami. Du disciple Simon, pécheur fougueux, orgueilleux et sûr de lui, Jésus fait naître l'apôtre Pierre humble, aimant et abandonné. Le Christ n’évoque même pas la trahison de Pierre, il le restaure d’emblée dans l’amour. L'amour du Christ doit précéder le service du Christ. L'amour des frères doit précéder le service des frères.  Et Jésus fait de lui le Berger du troupeau de l'Agneau Immolé, le Berger du peuple de la Croix qu'il vivra lui-même. Là il sera pleinement apôtre ayant aimé jusqu'au bout en donnant sa vie.

« Les saints ne sont pas des gens qui n'ont jamais péché; ce sont nos semblables qui ont su vivre le pardon de Dieu pour leurs faiblesses comme une source de bénédiction. Ils ont permis à Jésus de tirer une force et un bien de leurs occasions manquées d'aimer. Le Christ nous enseigne que l'amour est le seul remède contre toutes les blessures dans nos relations avec Dieu, en famille ou entre amis ».

 

Mais montons nous aussi à Jérusalem où tout le monde court et s’affole comme les vierges folles. Une seule vierge ne court pas, c’est Marie la Mère de Jésus. Elle veille la lampe de son âme allumée dans l’obscurité de la Nuit, et elle espère le retour du Maître. Elle se souvient de l’ange venu lui annoncer que « son fils régnerait pour toujours, et qu’à Dieu rien n’est impossible ». Bien que son cœur soit transpercé par un glaive, elle garde toute sa sérénité. Elle médite en silence les paroles de son fils jusque dans son agonie. Au terme de la mission de son Fils adoré, Marie a compris au pied de la croix que sa mission de Mère des disciples commençait, chargée de rassembler toutes les brebis dispersées. Elle doit veiller sur eux pendant ce temps de ténèbres pour préserver l’héritage spirituel de son Fils: la communion des disciples. Elle les rassemble, les réconcilie, les unifie inaugurant sa mission de Mère de l’Eglise. Marie espérait au-delà de toute espérance humaine, car elle savait que le verbe de Dieu ne pouvait pas rester prisonnier des ténèbres et qu’il avait annoncé son retour. Elle a pris soin des âmes meurtries des disciples en attendant l’œuvre de guérison du Père: "A Dieu, rien n'est impossible!".

 

Puisque nous sommes dans un Sanctuaire que Marie a demandé à son Fils pour la conversion et la guérison des pécheurs, allons comme les disciples nous blottir sur son sein et préparons nos coeurs par son intercession à la guérison que Dieu souhaite accomplir en nous.

A Cana, Marie nous apprend comment prier. Elle présente la situation simplement: « ils n’ont plus de vin » sans aucune demande particulière, ni commentaire, car elle ne prend pas la place du Fils. À sa suite présentons nos soucis, nos blessures, nos maladies, sans rien demander de précis puisque Dieu seul sait ce qui est bon pour nous.

 

Il faut perdre l’habitude d’aller au Christ pour se décharger sur lui de notre mal être ou de notre maladie, comme on irait chez le médecin en lui demandant les remèdes que l’on veut, ou pire un remède miracle sans aucun effort de notre part. Dieu a besoin que nous fassions notre part du chemin de guérison. Telle est le sens de l'épreuve de la Croix où Dieu éprouve notre Foi pour apprendre à aimer sa volonté et en témoigner dans notre vie.

 

Prenons un temps de méditation avec Marie pour accueillir l’incroyable vérité de la Croix. Remettons nos vies, nos croix entre les mains du Père qui donne toujours en son temps, ce qu’il y a de meilleur à ses enfants.                        

 

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Autrefois, dans certaines régions on organisait le samedi Saint un "chemin d'Emmaüs". C'était une marche de méditation de cet évangile "pour se retrouver soi-même et permettre libération et guérison dans sa vie. Le chemin d'Emmaüs comme le dit le moine Anselm Grûn, c'est l'application pratique de la Bonne Nouvelle: le Ressuscité nous accompagne sur la route de notre quotidien.". Alors avec le Christ ressuscité, marchons vers notre guérison, et il y a trois étapes à parcourir.

- 1ére étape/ Comme les disciples, sortons du tombeau vide où nous ressassons nos malheurs, pour avancer à la lumière du Ressuscité.  Il faut couper les liens du passé et sortir des comportements qui nous enferment.  C’est le combat spirituel.

Dans la vie quotidienne : il faut

- Demander la force d'affronter la peur du dépouillement de la maladie, la souffrance ou la vieillesse pour ne pas s’isoler et s'y enfermer, et garder un cœur ouvert aux proches qui ont besoin de notre amour rassurant parce qu'ils souffrent aussi pour nous.

- Ne plus entasser les poussières du passé et les vieilleries dans les placards et les greniers (ce sont les vielles histoires de famille, de couple ou d’amis: reproches, ressentiment, non dits ou trop dits que l’on ressort régulièrement alors que Dieu a tout nettoyé par son pardon et que nous devrions les oublier aussi définitivement.

-Sortir de la culpabilité paralysante (se croire indigne de tout, ce qui rend incapable de vivre le pardon de Dieu)

De la maladie des scrupules (où les doutes permanents dans les choix passés, présents et futurs empêchent d'avancer),  

De l'idolâtrie de la perfection (qui entraîne la persécution de soi et des autres). Dieu nous appelle à la sainteté et non la perfection.

-Abandonner la vaine recherche d'absolu, de la femme ou de l’homme parfait (cela rend impossible d'avancer dans la vie et blesse les autres. Et ne pas penser que l'homme ou la femme parfaite n'existant pas que la solution serait le couvent (votre humanité ne reste pas à la porte du couvent, elle entre avec vous et "Il est difficile de supporter les caractères, les attitudes, les bruits de bouche au repas en silence pendant toute une vie. Il faut d'abord l'amour des frères" me disait un moine de Lérins".

-Avoir le courage de reconnaître sa responsabilité et de ne pas la transférer sur les autres.

-Se méfier de la complaisance envers soi-même (souvenez-vous de la paille et la poutre!).

-Guérir la représentation bien humaine d’un Dieu à sa propre image et à son service qui devrait satisfaire les désirs du monde (ça nous arrangerait tellement que ce soit Dieu qui soit à notre image plutôt que l'inverse si difficile à vivre).

Dans le service de Dieu :

Oublier les faiblesses et les fragilités du passé (Dieu ne se souvient que de notre oui et il oublie les non qui ont suivis).

Attention à la foi obsédante et dominatrice qui envahit toutes nos pensées et nos journées, et met nos proches sous notre emprise sans respecter leur liberté. Cela les culpabilise et les blesse.

Se faire petit pour laisser passer Dieu comme Jean Baptiste « il faut que je diminue pour qu’Il grandisse » 

Se préserver de la charité auto-valorisante qui ne relève pas le pauvre et le met sous dépendance.

Apprendre à remercier et voir les autres avec le regard de Dieu qui ne juge pas, mais encourage et relève sans jamais humilier.

 

Nous avons tous ces maladies de l'âme et du corps, et la guérison est longue car le combat spirituel est de chaque instant contre l'amour propre et de l’orgueil spirituel que la malin attise (merci de ne plus mettre de majuscule à satan ou malin,  c’est lui faire trop d’honneur et lui donner des lettres de noblesse qu’il n’a pas).

Oui, c'est le jeu du malin, le tentateur de nous y plonger et de nous faire rechuter. Mais il ne faut pas se décourager car Dieu espère en nous et un seul regard d'amour suffit à nous relever. L’amour peut tout guérir.

 (Icône de la trinité et du combat spirituel, il faut rester dans le cercle de l’amour trinitaire. La maison au dessus du Père ce sont nos illusions et nos rêves nos constructions humaines qui nous font quitter le regard du Père. C’est la tentation du malin) 

 

Toutefois, il faut un véritable désir de guérir pour vaincre son égo et abandonner les bénéfices secondaires de nos maladies spirituelles ou physiques (se faire servir et plaindre, décider pour les autres, être le centre de tout, faire l’autre responsable de nos maux)

 

La maladie spirituelle et même physique vient souvent d’un pardon non donné à une blessure reçue. Alors, attention au pardon que l’on attend comme un dû, incapable de le donner en premier. Le pardon est le plus beau témoignage d’amour, et le premier acte libératoire vers la guérison car il apporte la paix du cœur, voie de la guérison de l’âme. A chacune de ses apparitions le Christ donne la Paix à ses disciples.

Le sanctuaire de ND du Laus est un Lieu dont la Grâce de Paix est propice à la conversion en laissant Dieu agir en silence : faire taire nos pensées, c’est si difficile que Dieu ne peut se faire entendre !

Toutefois il y a un pardon dont on parle peu, mais tout aussi libérateur. Voici une jolie histoire : une petite fille ne se trouvait pas assez grande par rapport à ses copines, alors elle demanda à Jésus de la faire grandir. Comme cela n'allait pas très vite, elle lui dit:" Jésus, ce n'est pas grave je te pardonne. Tu le feras demain. » Le Seigneur lui accorda tout de même quelques centimètres, sans jamais être aussi grande que ses copines. Elle lui demanda pourquoi Jésus lui répondit : "ma fille, gracieuse et vive comme tu l'es, si tu avais été plus grande, où est-ce que j'aurais du aller te chercher?". On voit bien que le Seigneur nous préserve de nous-mêmes et des tentations du monde. Quel est l'enseignement de cette foi enfantine: pardonner au Seigneur qui n'a pas exaucé nos prières, c'est accepter sa volonté et guérir notre relation par le dialogue.

 

Le dialogue est la base de la rencontre du Seigneur avec les pèlerins d'Emmaüs pour les libérer par la parole, les sortir de leur enfermement et leur faire exprimer ce qu’ils ressentent. Comme chez le médecin qui ne peut pas vous soigner sans connaître votre histoire et vos douleurs, il faut confier au Seigneur ce qu'on ressent de mal, ce qu'on espérait, ce qu'on souhaitait rencontrer, ce qu'on désirait. On espérait choisir sa vie, la conduire, et bien des fois la vie ne donne pas ce que l'on attend! Voilà c’est ce qu'on souhaite demander et dire à Dieu. Oui c'est accepter de  parler, demander, crier!

Et le Seigneur nous dit: "Oui tout cela est prière à Dieu : demandez, chantez, criez. Oui, criez vers Moi votre mal, votre appel au secours! Appelez au secours, appelez encore et encore comme la veuve importune! N’hésitez pas à me supplier de venir à votre aide pour être capable de m’accueillir. Bon, même si je ne viens pas comme vous l’espérez, je ne suis pas loin. Même si je ne vous exauce pas complètement, ou si vous croyez que je ne suis pas là pour vous, je vous ai quand même entendu. Je vous ai écouté me parler, me prier, me demander, me supplier."

(Icône de la Trinité : entrer dans le dialogue d’amour des 3 personnes : unité de l’amour dans la diversité des missions : le Fils donne le salut, l’esprit nous révèle la vérité et la vie en Dieu)

 

Quel est le remède de Jésus avec les Pèlerins d'Emmaüs ? C'est la relecture des événements à la lumière des écritures. La méditation dans l’Esprit-Saint permet de découvrir comment le Christ était présent dans ma vie sans que je m'en rendre compte. Lire les psaumes est la meilleure thérapie car c'est toute notre vie qui s'y révèle avec le Christ. C'est l'homme qui doute, qui se révolte, qui marchande avec Dieu. C'est l'homme qui tombe dans son abîme et qui appelle Dieu à son secours pour vaincre ses ennemis intérieurs, ses tentations. Le psaume, c'est la chute et le relèvement car il y a toujours un mouvement final ascendant d'espérance vers Dieu. Le psaume nous unit au Verbe qui nous a montré que malgré ses chutes sur le chemin de Croix du Golgotha, il n'a jamais regardé en arrière, mais toujours vers le Père, les yeux levés vers l'Etoile.

(icone de la trinité : garder les yeux tournés vers le Père et se laisser aspirer par son amour pour y puiser la force d’accomplir sa volonté)

                       

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- 2éme étape/ Il faut demander au Christ de guérir notre foi: Le Christ n’est pas « l’homme des miracles » qui a fasciné les juifs, les empêchant de reconnaître le Messie supplicié. Le Christ est le « Fils bien-aimé du Père crucifié » par amour de l’homme pécheur. S’il permet une épreuve, il ne demande jamais de porter une croix au dessus de nos forces. Il veut l’homme debout, et l’homme ne tombe jamais si bas que le Christ ne puisse le relever, même aux enfers d’où le Christ lui-même a été relevé au troisième jour par son Père.

Bien souvent, on choisit sa croix ou on la construit soi-même par sa personnalité, ses aveuglements, ses illusions sur soi ou les autres, son orgueil spirituel qui font le jeu du malin.

Toute guérison est entre les mains de Dieu, alors ne prenez pas sa place, vous feriez plus de mal que de bien. Soyez patients, priez, jeunez et aimez comme le Christ. Cet acte de Foi sera une offrande d’agréable odeur à Dieu.

 

Mais, quelle est donc cette Foi qui émerveille Jésus et permet les guérisons ? Dans les Évangiles, Jésus ne s’attribue pas le miracle, Il dit « ta foi t’a sauvé ou ta foi t’a guéri ». Le miraculé est partie prenante de sa guérison, même si le Nom de Jésus signifie en hébreu "Dieu guérit, Dieu sauve". Dans les actes des apôtres, c’est bien par le Nom de Jésus qu'ils accomplissent les guérisons. Jésus est le médiateur de nos guérisons, mais nous en sommes les partenaires.

Alors, quelle est donc cette foi qui nous permettrait de guérir ? Est-ce que certains auraient plus de foi que d’autres? Est-ce que certains auraient un charisme de  guérison? Non tout cela, ce sont des pensées humaines. "La foi, c’est l’expression de l’amour de Dieu qui habite en notre âme. La foi, c’est laisser s'exprimer ouvertement au vu et au su de tous, l’amour de Dieu que l'on porte au fond de nous. La foi a donc son origine dans l'amour du Père, et elle prend vie dans nos actes".

Le miracle surviendra s'il permet au Père d'édifier l'âme de son enfant ou la communauté. Son amour s’exprime alors par la foi de celui qui sait qu'il n’est rien sans Lui, et qui attend tout de Lui.

"La foi est le moteur de la guérison. Sans la foi, la guérison est incomplète car elle n'efface pas la souffrance et le souvenir d'avoir été malade. Pour être complète, la guérison spirituelle passe par l'oubli de l'origine de la blessure » 

Souvent Jésus met en exergue la foi des non juifs, des païens: la cananéenne et ses hémorragies, , la syro-phénicienne et son enfant malade, le centurion romain et son esclave mourant. C’est parce que n’étant pas dans la religion juive, ils se tournent vers le Maître, non pas au nom de leur foi et de leur mérite comme si une récompense leur était due, mais d’une manière totalement désintéressée sachant que la réponse de Jésus ne dépendra que de son bon vouloir. C’est cet abandon au mystère d'un Dieu inconnu si bon avec les hommes, c’est cette ouverture d’esprit qui permet à l'amour qu'ils portent en eux d'agir par la grâce de Dieu. Ah, si nous reconnaissions que nous ne méritons rien au nom de notre Foi, peut-être, pourrait-elle agir et déplacer la montagne de notre orgueil spirituel pour laisser passer les flots de miséricorde du Père.

Récemment à des funérailles civiles d'un ami non-croyant qui avait toujours pris soin de ses nombreux amis, son épouse m’a permis de dire un mot d’à Dieu, et j’ai raconté cette histoire vécue avec lui: il y a plus de 20 ans, mon épouse Marie José qui m’a donné 5 beaux enfants et quasiment tout ce que je vous dis aujourd’hui, était dans le coma profond depuis 4 longs mois, cet ami Fréderic venait nous voir dans le centre de réveil. Un jour où j’étais bien triste et désespéré, il me dit : « PY si je pouvais faire quelque chose pour Marie José ! » Je lui répondis : « je crois que le Seigneur n’écoute plus mes prières, peut-être écoutera-t-il la tienne ? » « Mais je ne suis pas croyant ! » Justement ta prière n’en sera que plus belle parce que désintéressé. 4 mois plus tard, il se réjouissait avec nous de la sortie du coma de ma femme. Il me confessa bien après qu’il était entré dans une église pour y allumer un cierge. Je lui devais une bougie que j’ai alors allumé près de son cercueil. Le Seigneur par mon épouse me fit dire ce bel hommage :" Mon ami, Dieu était un inconnu pour toi, mais tu l’as honoré quand tu respectas ma foi. Dans ta manière d'être avec tes frères, tu le servais déjà sans le savoir. Exprimer l'amour qui habite en son âme, c'est déjà vivre dans la Foi."

Voyez comme nous sommes très loin de connaître Dieu et son infini miséricorde. Implorons-le, qu’il guérisse notre foi pour que des merveilles de guérison, de conversion s’accomplissent, fruit de l’amour que Dieu fait vivre en tous ses enfants.                 (musique Dieu aime)

 

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- 3éme et dernière étape/ Il faut accepter d’accueillir la guérison que Dieu espère: Toute guérison physique nécessite une guérison spirituelle c’est-à-dire une conversion, fruit d'une double révélation : qui est Dieu pour moi ? Qui suis-je pour Lui ?

Seul L'Esprit Saint peut révéler la vérité en nous et faire toutes choses nouvelles. En toute humilité, il faut demander à L'Esprit Saint d'ouvrir nos yeux pour oser voir qui nous sommes vraiment et ce qui empêche de guérir. Cette face cachée de nous-mêmes que nous refusons de voir, ce penchant de notre personnalité qui rejaillit sans cesse dans nos choix de vie. Nous avons du mal à le rejeter car le perdre serait perdre un peu de nous-mêmes. C’est le désir de plaire et de liberté de Marie-Madeleine pour échapper au carcan de la loi juive où la femme n'a pas de place. C’est l’orgueil de Simon Pierre de commander et de protéger les autres au lieu se regarder lui-même. C’est le zèle mortifère de Saul de Tarse à utiliser la loi contre la foi des autres. Nous avons tous une manière de penser, de faire, de servir Dieu qui nous enferme et empêche l’Esprit de Dieu de nous donner la vraie vie.  "Il y a en moi des côtés que je n'aime pas et que tu n'aimes pas Seigneur: montres-moi comment tu veux que je les utilise". Il faut demander à Jésus de mettre en soi, sa façon d'agir et sa puissance de pardon. La réalité du pardon ne se mesure pas dans les  paroles, mais les actes.

Telle est la guérison que les disciples de Jésus ont vécue: faire l'expérience de la miséricorde du Christ face au néant qui se cachait en eux pour naître à la vie d'apôtres du Ressuscité. Le Seigneur les a simplifiés dans l’épreuve de l’humilité et de l’obéissance à sa volonté pour que leur âme exprime la puissance d’Amour du Père. Alors il n’y a plus Pierre, Jean, Jacques ou Paul, Tous ne font qu’un dans le Christ. L’apôtre EST le Christ parce que sa parole vit en lui, il est Parole vivante, il est Evangile, il est Mission, il est Vérité, il est œuvre du Père.

(Icone de la Trinité: la mission de l’ES est de nous faire vivre  en Dieu. Il nous conduit vers le Père)  

« C'est pourquoi Dieu guérit notre Foi pour mieux la faire vivre ensuite ». Il nous guérit car il a besoin de femmes et d'hommes en bonne santé pour donner son amour, et témoigner de la Bonne Nouvelle de sa victoire sur le mal et la mort. Et si nous portons une croix que ce soit une maladie, une blessure spirituelle, demandons lui la force de la vivre et Il nous en délivrera peut-être selon son bon vouloir pour édifier ses enfants. Mais osons porter et vivre le Nom de Jésus, "Dieu guérit, Dieu sauve". En tant que serviteur que l’on soit diacre, prêtre et même évêque nous savons très bien commenter les Evangiles, mais osons-nous les vivre pleinement:" Frappez et on vous ouvrira! Demandez et on vous donnera! ". Que l'Esprit du Père et du Fils, reçu à la Pentecôte nous pousse à faire de plus grandes choses que Lui par amour des frères Mais, ce n'est pas nous qui les ferons, c'est la puissance d’amour de Dieu qui a mit en nous, tout son Espoir et Lui-même.

 

Pour finir, je vous propose un chemin d'Emmaüs durant ce WE : Allez ou retournez vous recueillir devant la Croix d’Avançon à la chapelle du Précieux sang pour guérir votre foi et accepter l'incroyable vérité de la Croix dans votre propre vie. Offrez votre croix. Déposez, et même enterrez vos blessures et vos maladies au pied de sa Croix victorieuse pour sortir de votre tombeau et entrer dans la Lumière du Ressuscité.

Mais avant cela, venez vous blottir sous le manteau de tendresse de Notre Dame du Laus pour recevoir comme les disciples à la Pentecôte, l'effusion du Saint Esprit. Qu'il vous comble de l'Amour du Père, le seul remède miraculeux que Jésus prescrit: "Aimez-vous comme Je vous ai aimé".

(Texte inspiré par des enseignements du Seigneur reçus par Marie-José-Christine dont un premier tome est sortie chez Parole et Silence en 2020: « Suivre l’Etoile » par christine et pierre)