Le dimanche des Rameaux et de la Passion nous plonge, chers amis, au cœur du paradoxe qui habite l’intime de notre vie à chacun. En effet, nous avons mobilisé toute notre joie et tout notre enthousiasme pour accueillir Jésus à son entrée à Jérusalem, pour le chanter comme le messie que nous attendions. Pourtant, par nos actes et nos paroles, nous le renions sans cesse, nous crachons sur lui, et nous le mettons en croix. Il serait trop facile d’agiter nos rameaux et de penser que les renégats, « c’est les autres » !
J’ai souvenir qu’en paroisse, les foules étaient au rendez-vous des Rameaux et que, en revanche, le Vendredi saint, on se comptait sur les bancs de l’église… Nous n’avons bien souvent aucune conscience de notre implication personnelle dans le drame de la Passion. Jésus ne meurt pas à cause d’un accident de l’histoire. « C’étaient nos péchés qu’il portait sur le bois », nous dit saint Pierre. Or voici qu’en ces jours une brèche s’ouvre dans le temps et dans l’espace. Cette semaine, nous sommes tous à Jérusalem et nous vivrons pas à pas les événements qui vont faire basculer le monde du côté de la vie, du côté de l’éternité.
Ayons donc à cœur de guetter chaque pas, chaque parole, chaque geste du Christ. Il les accomplit pour nous sauver de nos misérable contradictions! Ne laissons pas glisser ces heures sans les prendre au sérieux. Ces heures de la Passion, elles sont tout imprégnées d’amour et de vie. D’amour incompris et de vivre rejetée. Ces heures nous condamnent et nous sauvent. Ces heures on la saveur de la vérité, une vérité que nous refusons de voir mais que Dieu veut nous révéler. Ne laissons pas s’échapper le temps. Habitons-le au contraire, d’une façon toute particulière. Ce temps est saint. C’est une semaine sainte. Une grâce profonde de conversion et d’amour est attachée à chaque instant de cette semaine durant laquelle Dieu va déployer l’immense projet qu’il porte pour notre humanité et pour chacune et chacun de nous. C’est un torrent d’amour et de grâce qui coule du côté du Christ et qui vient en ces jours irriguer nos déserts, rendre la vie à nos existences assoiffées de consolation et de paix. Nous serons guéris par ses blessures et la vie de Pâques viendra renouveler de fond en comble tout notre être. Ouvrons les yeux, la lumière de Pâques illumine déjà toute la Passion. Elle vient pour demeurer en nous et embraser notre terre de l’amour et de la paix du ciel. Oui, selon le vieil adage de l’Eglise: Par la Croix , la joie est entrée dans le monde.
Père Michel Desplanches
Recteur