Dimanche 5 janvier 2025

dimanche 05 janvier 2025

Par le père Philippe Blanc, vice-recteur

Is 60,-1-6 – Ps 71 – Ep 3,2-3a.5-6 – Mt 2,1-12

Solennité de l’Épiphanie du Seigneur

 

Aujourd’hui, suivons les pèlerins de l’espérance que sont les mages venus d’Orient. Ils ont vu une lumière briller dans le ciel et cela a suffi pour qu’ils se mettent en marche. Arrivés à Bethléem, ils voient l’enfant avec Marie sa mère, et ils se prosternent car ils reconnaissent en lui la vraie lumière. Leur chemin, parcouru avec patience et persévérance, les a conduits jusqu’à la rencontre avec le Seigneur Jésus. Alors, ils ne sont plus seulement pèlerins de l’espérance mais ils deviennent témoins et prophètes de l’espérance. Leur présence souligne la dimension cosmique et universelle de l’incarnation, bonne nouvelle et grande joie pour tous les peuples. C’est pour toute la création et toute l’humanité que retentissent les paroles du prophète Isaïe : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée pour toi. Le psalmiste insiste en chantant que tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. Quant à saint Paul, il précise que toutes les nations sont associées au même héritage.

Voilà notre espérance : le Christ est la Lumière et le Sauveur de tous les peuples ! Comme l’affirme le Concile Vatican II dans un texte à valeur prophétique : Le Seigneur est le terme de l’histoire humaine, le point vers lequel convergent les désirs de l’histoire et de la civilisation, le centre du genre humain, la joie de tous les cœurs et la plénitude de leurs aspirations (GS 45 §2). Dans la diversité de nos vocations et de nos histoires personnelles, nous sommes les uns et les autres dépositaires d’un bien qui humanise, qui aide à mener une vie nouvelle. Il n’y a rien de mieux à transmettre aux autres (La Joie de l’Évangile, n° 264). À nous de trouver les chemins nouveaux qui vont nous permettre de rejoindre nos frères et sœurs, là où ils sont, pour vivre auprès d’eux dans la Lumière de la Présence du Verbe fait chair et leur partager nos raisons de croire et d’espérer.

L’Épiphanie, c’est la manifestation à toutes les nations de l’unique Sauveur. En lui, la gloire de Dieu vient illuminer toute humanité. Dans le mystère de l’incarnation rédemptrice est pleinement manifestée la mission confiée par le Père à son Fils né d’une femme. Emmanuel, Il est Dieu-avec-nous ; Jésus, il est Dieu-sauve. Là est le fondement de notre espérance. Et l’espérance est celle qui, pour ainsi dire, oriente, indique la direction et le but de l’existence croyante (L’espérance ne déçoit pas, n° 18). À la suite des bergers et des mages, nous venons rencontrer le Fils de Dieu et cette rencontre donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive (Benoît XVI, Dieu est amour, n° 1).

Ce nouvel horizon nous provoque à être audacieux et inventifs car il y a urgence. Notre monde et beaucoup de nos contemporains sont en manque d’espérance. Et là où il n’y a pas ou plus d’espérance, c’est la vie qui est blessée et menacée. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de constater la situation en demeurant indifférents ou passifs. Comme nous le demande le pape François la communauté chrétienne doit être la première à soutenir une alliance sociale pour l’espérance (…) car nous ne pouvons pas nous contenter de survivre ou de vivoter (L’espérance ne déçoit pas, n° 9).

Les ténèbres et la nuée obscure couvrent la terre et les peuples, mais le Christ-Lumière est venue en notre humanité. Et nous, nous sommes appelés à accueillir cette Lumière, à la transmettre et à vivre dans l’éclat de sa présence. Par notre témoignage de vie, nous annonçons les exploits du Seigneur, ces merveilles qu’il réalise pour nous et en nous. Par nos engagements, nous collaborons à l’avènement d’un monde de justice, de paix, de fraternité. À la suite de saint Paul, nous reconnaissons que toutes les grâces que Dieu nous a données nous invitent à être au service des autres. La Parole du Seigneur nous est confiée, le mystère de son amour a été porté à notre connaissance pour que dans la diversité de nos vocations personnelles nous marchions dans les traces des Apôtres et des prophètes.

Aujourd’hui, nous n’apportons pas l’or, l’encens et la myrrhe mais nous reconnaissons dans l’enfant que nous présente Marie sa mère le Christ-roi de lumière, Jésus, Dieu-avec-nous, le Fils unique, Dieu fait homme. La plus belle offrande que nous puissions faire est celle de notre vie. Bien sûr nous avons toujours besoin d’être libérés de tout attachement au mal qui conduit au péché. La grâce de l’Année sainte est aussi d’accueillir le pardon et d’en faire l’expérience dans notre propre itinéraire de pèlerin. C’est ce pardon qui permet de changer l’avenir et de vivre différemment (L’espérance ne déçoit pas, n° 23). Telle est l’expérience des mages venus d’Orient. Ils sont venus, ils ont vu et ils sont repartis par un autre chemin. En nous approchant du Christ, en écoutant sa Parole, en recevant le Pain de Vie, nous prenons nous aussi l’engagement de trouver les autres chemins qui vont nous permettre de témoigner de notre espérance, de proclamer notre foi, de mettre en œuvre notre charité. Relevons le défi qui nous est proposé : soyons des signes et des porteurs d’espérance là où nous vivons !