Notre approche de la résurrection du Christ est souvent d’une légèreté étonnante: Ouf ! Ça y est! On a passé le cap de la passion ! C’était lourd, douloureux, mais, après la pluie, le beau temps ! Notre regard sur le cœur de la mission du Sauveur a quelque chose de presque folklorique ! Hollywood n’est jamais loin. Le « Happy end » doit être au rendez-vous. Tout finit bien. Youpi!
En faisant un petit effort, nous arrivons à regarder la résurrection du Christ comme un épisode somme toute consolant après les souffrances de la Passion. Mais il nous faut faire attention car dans cette perspective, la résurrection n’aurait pas d’autre but que de nous rassurer, de nous consoler. Notre conservatisme foncier y trouve son compte. Car nous sommes tous viscéralement conservateurs. Parce que viscéralement, nous voulons que cette vie humaine continue comme avant. Ainsi, Jésus ressusciterait pour que je puisse demeurer strictement le même, sans transformation, conforté dans ce que je suis… Mais, chers amis il est impensable que le Christ ressuscité me maintienne le même, sans rien transformer! Le Christ Sauveur n’est pas le garant de nos petits conservatismes peureux . Il n’est ressuscité que pour nous transformer. La foi est un principe de transformation, de libération. C’est cela l’expérience de Pâques.
Nous l’avons assez médité durant le carême : le péché nous tient prisonniers. Nous ne pouvons devenir libre qu’en étant transformés ! C’est cela la résurrection que nous fêtons aujourd’hui nous ne fêtons pas la réanimation d’un cadavre, mais notre passage vers la liberté, la liberté d’aimer. Mais n’allons pas trop vite. Passer de l’aliénation à la liberté, ça ne se fait pas tout seul. Cela implique une transformation radicale .
Aujourd’hui, c’est la fête de la foi. C’est l’accueil d’une puissance vivante de transformation radicale. Et cette puissance vivante de transformation radicale, c’est le Christ ressuscité. Car la résurrection est le fondement de tout et non un petit folklore rassurant.
Si les apôtres inscriront leur témoignage dans l’histoire, ce témoignage renvoie à quelque chose qui n’est pas historique et qui ne peut pas l’être. L’acte ne passer de la mort à la vie éternelle ne peut pas être une réalité historique. Personne n’a jamais vu Jésus sortir du tombeau dans l’éclat de sa victoire. En fait, il n’y a rien de plus humble que la résurrection. Pas de témoins de l’acte de ressusciter… et les artistes nous ont joué un bien mauvais tour en représentant le Christ en train de ressusciter en sortant de son tombeau avec un petit drapeau à la maIn !
Jésus ne vient pas manifester sa revanche sur la souffrance de la croix. Une sortie spectaculaire du tombeau nous entraînerait simplement dans le merveilleux humain. Cela ferait de la résurrection une petite victoire mythique. Mais Jésus n’est pas un revanchard et la gloire du Christ, sa victoire est en amont. Il est glorifié lorsqu’il est mis en croix. Parce que la gloire c’est l’amour et il n’y a pas de plus grand amour que de mourir pour ceux qu’on aime.
Jésus n’accomplit pas un prodige devant les foules. Son but n’est pas de rendre la foi évidente. Car, alors, où serait la foi ? Et que serait Dieu si il nous obligeait à croire ? Ce que Dieu veut en ce beau jour de Pâques, C’est bien l’offrande de notre liberté pour qu’elle trouve en lui sa pleine dimension. Dans le ressuscité, nous sommes tous ressuscités ! Une vie nouvelle nous est offerte. Dans la résurrection du Christ nous sommes tous recréés , transformés , renouvelés. Que cette certitude de foi illumine tout notre être en ce jour et nous lance sur les chemins de ce monde qui a tant besoin de redécouvrir le cadeau inouï de la vie et de la foi!