Au cœur de la liturgie, comme au cœur de notre vie, la Parole de Dieu retentit comme une Parole de vie. Nous le savons, et nous l’expérimentons dans notre relation personnelle avec le Seigneur, Dieu nous parle pour nous montrer le chemin qui conduit à la vie, pour que nous soyons un peuple de vivants. À la plénitude des temps, le Père envoie son Fils unique, Jésus, le Verbe fait chair. Parmi nous et pour nous, il accomplit les gestes qui redonnent vie, la vie du corps comme celle de l’âme. Et, accomplissant jusqu’au bout la volonté de son Père, pour qu’aucun homme ne se perde, il accepte le passage par la Croix afin de nous offrir la vie éternelle en ressuscitant avec lui.
En ce jour, nous voulons proclamer que le Christ est vivant. Par sa mort, il est définitivement victorieux et, par la puissance de sa résurrection, nous sommes transformés et revêtus de l’immortalité. Le Seigneur qui est à la source de toute vie est fidèle en son dessein d’amour. Avec Lui et par Lui, sa vie devient notre vie, sa victoire devient notre victoire, sa résurrection devient notre résurrection. Affirmer notre foi ne signifie pas que les épreuves et les souffrances de la séparation ne nous atteignent pas. Mais, alors que nous sommes touchés et blessés dans notre humanité et nos relations interpersonnelles, nous sommes ancrés dans l’espérance. Ce Dieu qui nous crée à son image et ressemblance, ce Dieu qui nous rend capable d’aimer et de servir la vie, toute vie, ne saurait nous abandonner. Dans la mesure où nous nous tournons avec confiance vers le Christ crucifié et connaissant notre mort humaine, nous pouvons entendre cette ultime parole d’amour : Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.
L’expérience de la mort n’est pas étrangère à l’expérience de la vie. L’une et l’autre sont fondées sur notre rencontre personnelle avec Dieu. Alors, comme le dit Maurice Zundel : La question n’est pas de savoir si l’on sera vivant après la mort, mais d’abord d’être vivant avant la mort. Le psalmiste affirme sa foi lorsqu’il chante : le Seigneur est ma lumière et mon salut. Vivant de la foi, il fait l’expérience que le Seigneur est le rempart de (sa) vie. Dès à présent et dans l’éternité, il verra les bontés du Seigneur.
La bonté du Seigneur, c’est de nous faire le cadeau de la vie sur cette terre et de nous accueillir dans la plénitude de la vie au moment de notre passage par l’endormissement de la mort. Il y a bien des années, j’ai eu la joie d’accompagner de nombreux pèlerins qui venaient à Rome, en particulier dans un lieu très particulier que l’on appelle les « Scavi », sous la basilique Saint-Pierre. Les premiers pas de la visite nous faisaient découvrir une nécropole… ce mot signifiant « ville des cadavres ». Puis, nous arrivions dans un cimetière… ce mot signifiant « dortoir ». Là où sont ensevelis des chrétiens, et parmi eux il y a l'apôtre saint Pierre, la victoire sur la mort est proclamée et l’espérance fait attendre le réveil de la résurrection. Nous ne sommes plus alors dans un lieu sombre, ouvert sur le néant, mais déjà illuminés par la présence du Christ ressuscité qui nous entraîne dans la lumière de sa transfiguration et faits de nous des vivants. Le Père lui a confié cette mission : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle. Et la promesse nous rejoint alors dans notre histoire de vie : et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En professant notre foi, nous affirmons : Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle. Notre foi se nourrie à la table de la Parole de Dieu qui nous rappelle que les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Notre foi s’enracine dans le mystère pascal que le Christ a vécu pour nous afin de nous manifester la folie de l’amour qui nous sauve. Dans les icônes, le Christ rayonnant de lumière descend dans les ténèbres les plus profondes et les traverse. C’est ainsi : Dieu ne se contente pas de regarder avec compassion nos lieux de mort ou de nous appeler de loin, mais Il entre dans nos expériences des enfers comme une lumière qui resplendit dans les ténèbres, et Il en triomphe. Là est notre espérance, en Jésus vainqueur de la mort, qui nous tend la main pour nous faire sortir de nos tombeaux et qui fait resplendir sur nos visages l’éclat de sa gloire.
Comme le dit l’oraison d’une des messes célébrées aujourd’hui : Seigneur Dieu, ton Fils unique a triomphé de la mort, et tu l’as fait passer dans le royaume des Cieux ; accorde à tes serviteurs défunts de partager sa victoire sur la mort pour te contempler éternellement, toi, leur Créateur et Rédempteur.