7e dimanche de Pâques

dimanche 29 mai 2022

Par le père Brice-Miguel Mekena Mekongo, vice-recteur

« Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi ».

Bien-aimés du Seigneur, l’extrait de l’Évangile de Jean que nous méditons aujourd’hui est la dernière partie de ce que la tradition chrétienne appelle à juste titre « la prière sacerdotale » de Jésus. Cette longue prière que Jésus a adressée à son Père avant son arrestation et sa passion est particulièrement importante parce que ce sont les dernières paroles qu’il adresse à son Père en faveur de ses disciples d’abord et de tous ceux qui croiront en Lui grâce à leur prédication. C’est donc la prière de notre Grand Prêtre, pas seulement pour les Apôtres présents, car il a pensé à tous les chrétiens qui seraient convertis par la parole des apôtres, des évêques, des prêtres, des religieux, religieuses, catéchistes, et autres ouvriers apostoliques. Il a pensé à toi et à moi et a prié pour nous aussi.

Savoir que des gens pensent et prient pour moi est réconfortant ; mais réaliser que Jésus prie le Père pour moi, non seulement me réconforte, mais me donne surtout la certitude d'atteindre ce but qu'il s'est fixé en priant. Voilà peut-être la première bonne nouvelle à accueillir aujourd’hui. Si tu es ici dans cette basilique, devant ton écran ou ta radio et tu as le sentiment que personne ne pense à toi parce que tu es tout seul à porter un lourd fardeau ou à supporter une lourde épreuve, je voudrais te dire que Jésus pense à toi, et il prie le Père pour toi. Celui qui prie toujours pour nous, c'est le Christ et tout ce qu’il demande au Père, il l'a toujours obtenu et l'obtient pour l’Église de tous les temps.

A présent, prêtons attention à ce que Jésus demande dans sa prière. Avec nous et pour nous, il demande la santé, la paix, le succès et tout ce dont nous avons besoin pour mener une vie calme et paisible sur terre. Mais la principale demande de cette prière est l’unité : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Nous savons très bien que lorsque chacun va de son côté, avec ses idées et ses moyens, on est beaucoup moins fort que si l’on agit tous ensemble. Si l’on veut pouvoir mener des actions fortes en ce monde, si l’on veut pouvoir faire progresser un certain nombre d’idées et de projets, il faut se réunir.

On disait des premiers chrétiens : « Regardez comme ils s'aiment ! » La division actuelle entre nous, chrétiens, qui disons que nous croyons en Jésus est une véritable tragédie. Aujourd'hui, beaucoup de projets pastoraux s'inventent dans nos communautés ecclésiales, des techniques d’éducation chrétienne en faveur des enfants et des jeunes se multiplient dans nos familles, et parfois on oublie que Jésus a déjà indiqué la clé de l'évangélisation : « Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ».

Jésus prie donc pour que ceux qui se réclament de lui, et qui veulent être ses disciples, soient incapables de vivre en communion avec Lui qui est uni au Père, et en communion les uns avec les autres. Jésus prie pour que tombent les obstacles à l’unité ; pour que tombent par exemple ceux que Saint Paul met en lumière dans sa lettre aux Éphésiens : le mensonge, la colère, le vol, les éclats de voix, les insultes. Le Christ prie pour s’installe la générosité, la tendresse, le pardon, le dialogue et que cessent ces espèces de monologues où chacun parle sans écouter l’autre. Cette unité pour laquelle il prie n’est pas simplement une union tactique, ni un effort de cohabitation fraternelle, pour que nous ayons une meilleure image dans le monde ou que nous soyons plus efficaces ; c’est pour que nous soyons réellement capables d’entrer en communion avec Lui comme il est en communion avec son Père.

Chers Frères et sœurs, en plus de cette unité, Jésus prie pour que nous soyons où il est : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire ». A l’Ascension, nous avons célébré sa montée au Ciel. Il prie donc pour que nous allions au Ciel où il se trouve. Il continue de prier pour que tous les hommes soient sauvés, il demande à son Père le Paradis pour nous. Cependant, sur cette terre, la présence du Christ est certaine et sa prière garde toute sa pertinence : là où il est, que nous soyons avec lui, et que nous contemplions sa gloire.

Mais, où est-il présent sur cette terre ? Il y a plusieurs présences de Jésus sur terre, mais permettez-moi d’insister sur trois d’entre elles : Il est toujours présent là où deux personnes ou plus sont en prière. Sa prière est donc que nous ne fuyions plus les moments de prière communautaire, que soyons présent à la prière en famille et aux assemblées liturgiques.

Jésus est aussi présent dans les sacrements. Dans l’eucharistie nous avons la présence réelle de Jésus au milieu de nous. Il prie pour que nous assistions aux Messes dominicales, pour que les enfants et les adultes fassent leur première communion et communient régulièrement, il prie pour que nous contemplions sa gloire dans le Saint Sacrement exposé à notre adoration.

Jésus est présent dans nos frères et sœurs. Sa prière est que nous le trouvions dans chacune de nos rencontres, et même dans les personnes pour lesquelles nous avons de la rancœur ou de la haine : Il s’agit alors peut être simplement de prendre le téléphone et de passer un coup de fil à ces personnes pour être avec Jésus. Il dit d’ailleurs dans l’Évangile selon Saint Matthieu : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Mais il faut reconnaître que ce que Jésus demande au Père nous parvient que dans l’Esprit. Et ce dimanche, L’Église nous encourage à prier pour disposer nos cœurs à l’accueillir. S’il y en a qui n’en trouve pas l’intérêt, la providence a voulu que nous célébrions la fête des mères aujourd’hui, et elle nous donne la figure de la mère pour nous dire quelque-chose d’essentiel sur l’Esprit :

Ce qu'est l'Esprit dans nos vies et dans l'Église, c'est la mère dans une maison. Il est comme une mère, qui est l'esprit omniprésent d'une maison. Pas un fantôme, mais une présence quotidienne visible, efficace, généreuse, active. Rien n'est plus concret qu'une mère dans une maison. Il est comme une mère qui rend visible la réalité de l'amour, qui est une réalité faite de relations, de don et de sacrifices quotidiens.

Tout comme nos mamans, qui sont de vraies professeurs d’harmonie dans leur foyer lorsqu’il y a le désordre et le bazar partout, l’Esprit crée l’harmonie dans le désordre de la vie humaine. Alors Invoquons-Le pour qu’Il descende dans nos vies et rendons hommage à nos mamans qui sont une si belle représentation de l’Esprit-Saint. N’oublions pas de rendre un hommage spécial à la Vierge Marie et à l’Église qui toutes deux nous enfantent.

Loué soit Jésus-Christ !