4e dimanche du temps ordinaire

dimanche 30 janvier 2022

Par Mgr Xavier Malle, évêque de Gap et Embrun

Journée mondiale des lépreux

Saint Paul s’adresse aux habitants de la ville grecques de Corinthe. La civilisation grecque est une grande civilisation, qui a beaucoup développée la philosophie, et d’ailleurs je fais une petite parenthèse, les premiers écrivains de l’Eglise, les pères et docteurs de l’Eglise, comme saint Irénée de Lyon que le pape a déclaré recemment docteur de l’unité, ont beaucoup trouvé dans la philosophie grecque des concepts applicables à la foi chrétienne. Ainsi le terme de substance, que l’Eglise nous propose de reprendre dans la nouvelle traduction du Credo : « De même nature que le Père » devient "consubstantiel au Père », ce qui est plus proche du latin originel « consubstantialem », mais plus complexe à l’oreille. La formule retenue est plus précise que « de même nature », parce que Dieu le Père et Jésus le Fils sont non seulement « de même nature », mais aussi « de même substance » car ils sont un seul et même Dieu. Une comparaison peut nous aider : tous les enfants sont de même nature que leurs pères, mais ils ne sont pas un avec leur papa. Ils sont différents,! Fin de la parenthèse.

Donc saint Paul s’adressant aux Corinthiens cherche à leur expliquer qu’il y a plus grand que les valeurs auxquelles ils croyaient. Ainsi la valeur de l’étude, la valeur du partage des richesses, tout cela est indispensable, mais sans l’amour ce n’est rien. 

Et pour saint Paul, l’amour, c’est ce qu’on a appelé par la suite une vertu théologale, et il a cette parole très importante : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. »

C’est intéressant comme débat car on l’a eu par exemple dans les écoles catholiques. On parlait de valeurs chrétiennes, mais plus de foi, ni d’espérance. Or un martyr, cela ne donne pas sa vie pour une idée, une valeur, cela donne sa vie pour une personne, Jésus-Christ. 

C’est bien ce que fera le prophète Jérémie. Dieu en l’appelant, ne lui avait pas caché la difficulté de la mission de prophète, car il devra dire leur quatre vérité aux puissants du moment et ils le combattront.  

Je fais une autre parenthèse : à l’occasion des prochaines élections présidentielles, le Conseil Permanent de la CEF dit d’une manière certes polie, respectueuse et feutrée, ses 4 vérités aux partis politiques. Je vous invite à lire le document qui vient de sortir, bientôt en vente à la librairie du Laus, intitulé : « L’espérance ne déçoit pas ». Fin de la parenthèse.

« Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer – oracle du Seigneur. » ‘Je suis’, c’est le nom que Dieu a révélé à Moïse au Sinaï ; ‘Dieu avec vous,’ c’est le nom que le prophète Isaïe a donné au futur messie : Il sera l’Emmanuel, Dieu avec nous.

Et effectivement, Dieu a montré combien il était avec nous, combien il était proche de nous, par l’Incarnation de son Fils, la fête de Noël, par le don de sa vie, de celui qui lui est consubstantiel, sur la Croix, et enfin, par les saints, les martyrs, et Notre Dame. Chaque apparition de Marie est une expression de ce ‘Dieu avec nous’. Marie ne fait rien d’autre que de nous conduire à son Fils.

Je fais une troisième parenthèse : Vous le savez, Marie a demandé ce lieu du Laus à son Fils et l’a obtenu. C’est une grâce insondable de servir comme prêtre ou religieuse ou baptisé, que l’on soit salarié ou bénévole, dans ce lieu. Cette grâce, le père Ludovic l’a expérimenté pendant presque 12 années comme recteur. Il l’a rempli avec tout son coeur et toutes ses capacités, mais c’est une grâce impliquante et fatigante ! Alors il m’a demandé il y a quelques mois à ne pas être renouvelé dans cette mission. Nous sommes donc en temps de discernement du prochain recteur du sanctuaire du  Laus, et je vous demande de prier très fort pour cela.  Pour qu’une des personne sollicité accepte cette mission et que, conseillé par mes différent conseils, je ne me trompe pas dans le discernement. Fin de la parenthèse !

Comme le prophète Jérémie et comme les prophètes qui l’avaient annoncé, Jésus a rencontré une opposition violente. Nous l’avons entendu dimanche dernier, Jésus lit dans la synagogue de Nazareth un passage du prophète Isaïe et le commente « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre »  Les auditeurs sont émerveillés mais ensuite ils se demandent : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Autrement dit : si tu es de chez nous, met tes immenses pouvoir au service de ton pays, fais des miracles ici comme à Capharnaüm. Mais Jésus refuse cette attitude trop possessive, qui ne correspond pas au plan de Dieu. Il est envoyé pour une mission bien plus grande, et il l’explique par l’exemple de deux prophètes, Elie et d’Elisée. Et alors les habitants de Nazareth n’acceptent pas cet enseignement de Jésus. Nous pouvons l’expérimenter, un amour possessif contrarié devient vite agressif, voir criminel et les compatriotes veulent alors le tuer en le jetant de la falaise. Mais son heure, l’heure du don de sa vie n’étant pas encore venu, passant au milieu d’eux, Jésus poursuivit son chemin, comme le prophète Jérémie de la première lecture.

L’amour possessif n’est pas un amour désintéressé. La vertu théologale de la charité, de l’amour, est l’amour de Dieu pour nous, qui nous veut libre.

En ce dimanche, en plus des parenthèses que j’ai ouvertes, la Parole de Dieu nous parle de l’amour véritable, qui est l’amour de Dieu, qui est Dieu lui-même, un Dieu qui se fait proche, un Dieu qui est avec nous, et elle nous parle de notre réponse, la foi, la charité et l’espérance. Ma grand mère maternelle nous faisait réciter une prière à genoux devant une statue de la Vierge : Mon Dieu nous croyons en vous mais augmentez notre foi. Mon Dieu nous espérons en vous mais augmentez notre espérance. Mon Dieu nous vous aimons, faites que nous vous aimions davantage. Amen.