4ème dimanche de Pâques

dimanche 21 avril 2024

Par le père Michel Desplanches, recteur

Plus j’avance dans ma vie sacerdotale, plus je découvre la profondeur de l’ignorance qui nous entoure  concernant l’Église, l’Évangile, la vie consacrée, le rôle des prêtres. Il me semble que, même sans agressivité aucune, nos interlocuteurs ont souvent l’impression, en nous rencontrant, de croiser des êtres qui vivent sur une autre planète, des hommes et des femmes dont les références, le vocabulaire et le style de vie sont très exotiques et souvent incompréhensibles.

« Le monde ne nous connaît pas » disait saint Jean dans la première lecture. Ce qui était vrai de son temps est toujours vrai aujourd’hui ! Dans un monde qui a largement tourné le dos à la foi chrétienne, l’originalité  de notre vision du monde apparaît avec plus de netteté. C’est certainement une chance pour la mission. Dans le concert fatigué du matérialisme pratique, l’Église fait entendre une autre musique. Et elle témoigne d’une autre façon d’appréhender la réalité et d’envisager les rapports humains.

Saint Jean nous rappelle l’originalité chrétienne un peu plus loin dans notre lecture : « Dès maintenant, nous sommes enfant de Dieu » dit-il. En effet, pour nous, Dieu est avant tout un Père. C’est  dans cette filiation fondamentale que nous voulons envisager notre vie entière. Cette filiation marque, en effet, tous les aspects de notre existence. C’est en cela que le sacrement de baptême «retourne» notre vie.

La « nouvelle naissance », célébrée  à Pâques chaque année, nous ramène sans cesse à la source de notre vocation personnelle d’enfant de Dieu. C’est en cela que la fête de Pâques et centrale  pour notre identité profonde. Nous appartenons  au Seigneur. Le Seigneur a un projet pour chacune et chacun de nous cela s’appelle une vocation. Il nous faut bien comprendre que ce qui oriente désormais  toute notre vie comme disciples du Christ, c’est la volonté du Père. Lorsque une famille me dit qu’elle vient baptiser « le petit » pour le protéger, je me permets de corriger le tir. Le baptême ne nous protège pas. Il nous exposerait plutôt! Il nous ouvre à notre vocation qui est toujours d’accomplir la volonté du Père. Cette volonté ne se calque pas, parfois, sur la culture ambiante ou elle peut de pas correspondre  à mes désirs personnels. La volonté de Dieu est toujours à accueillir. C’est un profond travail spirituel de dépouillement de soi. Dieu appelle, nous répondons… Mais, attention! il ne s’agit pas de se soumettre aux oukases d’un Dieu lointain et sourcilleux. Il s’agit de répondre à un amour avec notre pauvre amour. Car l’amour est au cœur de notre relation au Père, au cœur de notre relation filiale.  Car notre grâce est filiale. Dieu nous a tout donné. Il nous l’a manifesté en son Fils Jésus. Dieu n’a qu’un désir,  c’est de nous unir à Lui.  Dieu est amour. Il n’est qu’amour. Il se donne éternellement. Répondre à son amour, s’abandonner à sa volonté, c’est cela que l’on appelle une vocation.

Chacun de nous a une vocation. Mais au milieu de nous, les prêtres, comme les religieux, les religieuses et les consacrés ont une mission particulière. Par l’offrande totale de leur vie au service du Père et des frères, ils manifestent l’amour absolu de Dieu aux hommes. Ils ne sont pas au-dessus de leurs frères baptisés. Au sein du peuple de Dieu, ils vivent une mission particulière.

Chers frères et sœurs, si j’ai donné ma vie à Dieu, ce n’est pas en vue d’un pouvoir quelconque et encore moins en vue de faire fortune ! C’est par amour pour vous et par amour pour Dieu qui nous a tant aimés. En ce dimanche, toute l’Église prie pour les vocations.  Que ceux et celles  qui sont appelés par Dieu à se consacrer par amour  répondent avec générosité et enthousiasme à cet appel secret, à ce murmure d’amour que le Seigneur fait résonner dans leur cœur.

Merci à tous pour votre soutien, votre prière et votre amitié pour ceux et celles qui ont tourné le dos à toute réussite humaine en vue d’un seul avantage : servir le Seigneur et vous servir. Nous voulons en témoigner au milieu de vous pauvrement, mais avec joie. C’est une vocation heureuse, un bonheur profond que  de se donner par amour, de servir par amour, et de rendre grâce chaque jour pour le bonheur du ciel que le Seigneur nous partage sur la terre.

Seigneur, donnez-nous des prêtres,

Seigneur, donnez-nous de saints prêtres, Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints prêtres.