4ème dimanche de Carême

dimanche 10 mars 2024

Par le père Philippe Blanc, chapelain

 

L’auteur du livre des Chroniques fait une relecture de l’histoire du peuple d’Israël. Il invite ses auditeurs, et nous à leur suite, à un moment de vérité sur leur propre vie. Il constate que les infidélités multipliées, les profanations de la Maison du Seigneur, le refus d’écouter les paroles des prophètes ont conduit à ce que Jérusalem soit détruite, incendiée et réduite à rien. Mais il affirme aussi que le Seigneur se souvient de sa promesse et qu’il n’abandonne pas son peuple.

Dans une même dynamique, saint Paul reconnaît que nous étions morts à cause de nos fautes mais que notre Père, qui est riche en miséricorde, nous a sauvés par amour dans le Christ. Nous sommes là au cœur de l’histoire du salut, à laquelle appartienne toutes nos histoires personnelles. A la lumière de la parole de Dieu, nous pouvons confesser notre péché mais nous proclamons avant tout que Dieu est amour et qu’en son Fils il nous sauve, nous ressuscite et nous fait participer à sa gloire.

En ce temps du carême, nous pouvons faire l’expérience de la rencontre avec ce Dieu qui a tellement aimé le monde – et donc chacune et chacun d’entre nous – qu’il a donné son Fils unique. Tout ce que nous essayons de vivre durant ces quarante jours est une lente, patiente et efficace préparation à l’accueil de la lumière et de la joie de la résurrection. Les efforts ne sont pas recherchés pour eux-mêmes, mais pour nous inviter à discerner entre l’accessoire et l’essentiel, entre ce qui est porteur de mort et ce qui est source de vie. Nous n’avons jamais fini de nous ajuster à la parole et à la volonté de Dieu.

Alors, plutôt que de tourner notre regard seulement vers nos échecs, nos trahisons, nos péchés – au risque de nous enfermer et de laisser prise au découragement – regardons vers le Christ qui a été élevé sur la croix pour nous offrir la guérison et la vie éternelle. Nous sommes peut-être mis à terre et écrasés par le mal mais, devant la croix, nous sommes invités à relever la tête car notre Rédempteur est là, librement et pleinement donné « afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle ». Lorsque Benoîte voyait le Crucifié, elle entendait l’ange lui dire : « ce n’est que pour vous faire voir ce qu’Il a souffert pour l’amour du genre humain ».

A sa suite, accueillons et partageons autour de nous cette bonne nouvelle : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique », Il « a envoyé son Fils dans le monde (…) pour que, par lui, le monde soit sauvé ». Laissons définitivement de côté ces fausses images d’un Dieu accusateur qui prendrait un malin plaisir à entretenir notre culpabilité. Ce n’est pas le Dieu de l’évangile, ce n’est pas le Dieu que nous a révélé Jésus Christ.