30ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 23 octobre 2022

Par Le Père Michel Desplanches Recteur

Chers frères et sœurs,

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais, à l’heure où les écrans se multiplient et brillent de mille couleurs, nos consciences ont de plus en plus de mal à prendre en compte les nuances et regardent le monde en noir et blanc. Il y a les gentils et les méchants, les gendarmes et les voleurs, les cow-boys et les indiens… comme si le monde était aussi simple… Or le monde où nous vivons est un arc-en-ciel complexe où tous les repères anciens semblent remis en question tant ont évolué les connaissances et les techniques.

La page d’Evangile qui est offerte à notre méditation ce dimanche nous invite à sortir des contrastes trop violents et à nous méfier des apparences.

En effet, les pharisiens ne sont pas que de pitoyables rigoristes et les publicains ne sont pas que des voyous en col blanc!

Les pharisiens prennent au sérieux les commandements de la Loi. On ne peut les en blâmer. Leur fidélité légaliste engendre de nombreuses contraintes dans leur quotidien. Il cherchent la perfection. Qui pourrait le leur reprocher ?

Les publicains sont des juifs collaborant avec l’envahisseur romain et qui ont accepté la fonction de collecteur d’impôts. Ils avaient ainsi  le pouvoir d’augmenter l’impôt à leur propre profit et de contraindre les contribuables.

Mais Jésus veut faire bouger nos points de vue. Il a l’art d’affiner notre regard pour qu’il ne mette pas sa confiance dans les apparences seulement. En fait, le pharisiens est vaniteux. Sa prétendue prière est remplie de lui-même. Il ne cesse de parler de lui pour que Dieu l’admire, lui qui « n’est pas comme les autres. » Son formalisme l’enferme en lui-même. Il admire sa propre justice et il a perdu Dieu. On pourrait même dire qu’il a pris la place de Dieu. Il met en avant sa perfection et brille à ses propres yeux. Il ne cesse de se comparer et ne se place pas devant Dieu comme un pécheur. Sa justice est sans miséricorde… Le collecteur d’impôts, lui,  n’ose pas lever les yeux vers Dieu alors que le pharisien est chez lui dans le Temple.

 Là où le pharisien se fait remarquer, le publicain,  lui, reste à distance. Mais sa prière est vraie . Il met toute sa confiance en Dieu : « mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis. » Il sait que Dieu est juste et il croit à sa miséricorde. Il sait que la bonté de Dieu va plus loin que la stricte justice.

Ce que Jésus nous fait admirer, ce n’est pas le péché du publicain, mais sa foi et sa confiance en Dieu , lui qui jamais ne se lasse de pardonner Le chemin suivi par Jésus tout au long de sa vie publique nous amène à cultiver en nous la pauvreté de cœur. Nous avons conscience d’être pauvres en vertu et de ne pas correspondre à ce que Dieu attend de nous. Mais attention ! La justice si elle est nécessaire ne peut être évangélique qu’en marchant de pair avec la miséricorde. Pas de justice sans miséricorde et pas de miséricorde sans justice.

Le cœur de Dieu est une source intarissable de justice et de miséricorde. Que nos vies soient imprégnées avant tout  de pauvreté pour accueillir la justice de Dieu. Qu’elles soient aussi débordantes de reconnaissance pour se réjouir sans cesse de la miséricorde qui toujours ouvre un avenir.

Au-delà de ces deux figures un peu schématiques, Jésus nous invite à contempler le cœur du Père, source intarissable de justice et de miséricorde. Appelés à bâtir dès aujourd’hui son Royaume, puisons généreusement à cette double  source. Qu’elle irrigue nos paroles et nos actes pour que déjà notre monde ait la saveur du monde à venir.

Père Michel Desplanches

Recteur