29ème Dimanche du temps ordinaire

dimanche 16 octobre 2022

Par le père Michel Desplanches, recteur

Bien souvent, les disciples du Christ que nous sommes sont présentés comme naviguant entre le permis et le défendu.

L’idéal évangélique est alors présenté comme une succession de normes auxquelles il faudrait se plier pour être sauvé.

Depuis 2000 ans pourtant l’Eglise essaye de témoigner qu’elle ne vit pas de normes mais d’une relation aimante et persévérante avec le Christ, lui qui guide nos paroles, nos pensées et nos actes. La rencontre avec Jésus, en effet, nous guide dans nos choix et nous éclaire  par dans l’obéissance à sa Parole. Cette rencontre inspirante qui détermine nos existences,  nous la vivons dans la prière avant tout mais aussi dans le combat spirituel.

La veuve dont il est question dans l’Évangile est l’image même de la faiblesse. En effet, son statut social a disparu avec son époux, ses revenus aussi... Elle est sans aucun appui. Pour autant, elle ne « baisse pas les bras. » Elle ne cesse de demander justice à ce juge qui ne respecte ni Dieu ni personne. Au-delà de cette petite histoire, c’est la persévérance de la veuve qui est mise en avant. La constance dans la prière est fondamentale suivant l’enseignement de Jésus et il nous faut replacer cette page d’Evangile dans le contexte dramatique des premières communautés chrétiennes persécutées.

Cet enseignement du Christ est donc un appel à la persévérance face à la persécution. Voilà pourquoi le premier verset résume tout l’Évangile : il est nécessaire de toujours prier sans se décourager. Cela signifie que la vraie source du courage face aux épreuves de la vie, c’est la persévérance dans la prière. La persévérance est peut-être une vertu à redécouvrir aujourd’hui, face aux crises diverses que nous traversons dans l’Eglise comme dans notre société du vite consommé.

Le beau texte de l’Exode proposé à notre méditation aujourd’hui nous en présente un magnifique exemple. Sitôt sortis d’Égypte, les Hébreux sont affrontés aux Amalécites.  Moïse demande alors  à Josué de choisir des hommes pour mener le combat. Il sait bien que nous devons prendre les moyens humains nécessaires. Mais il sait bien aussi que nos combats sont perdus s’ils ne sont pas soutenus par une prière persévérante. Aussi, lorsqu’il lève les bras, les Hébreux prennent le dessus. Mais lorsqu’il baisse les bras, c’est au tour des Amalécites de prendre le dessus.

Ainsi donc, ni Moïse ni le peuple ne doivent baisser les bras. La victoire viendra du Seigneur si notre prière est persévérante. C’est vers Celui qui nous sauve que nous nous tournons. En levant les bras avec Moïse, nous voulons lui offrir toutes nos actions.

Mais Moïse se fatigue et pour que les Hébreux l’emportent, Aaron et Hour le feront asseoir et lui soutiendront les bras. C’est-à-dire que notre prière ne tient que par ce qu’elle est soutenue par des frères. Ici, au sanctuaire, la prière des uns soutient la prière des autres. La vénérable Benoîte, les saints, tous les anges, tous soutiennent notre prière persévérante, incessante pour que reculent les puissances du Mal et de la Mort et pour que la foi éclaire l’âme de tous nos contemporains.

Jésus nous invite à une persévérance de tous les instants car elle porte sur l’avenir: « Le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Cette question qui peut sembler inquiétante trouvera sa réponse dans notre persévérance patiente et fidèle, vécue en Eglise jour après jour et jusqu’à la consommation des siècles.