27ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 02 octobre 2022

Par le père Miguel Mekena-Mekongo, vice-recteur

« N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, et n’aie pas honte de moi, qui suis son prisonnier ; mais, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. (…) Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté ».

 

Bien-aimés du Seigneur, quand j’ai entendu dans la 2ème lecture de ce jour, ces recommandations que Saint Paul fait à son fils spirituel, Timothée, j’ai mieux compris la demande que les disciples adressent à Jésus : « Augmente en nous la foi ! ». Suivre le Christ est exigeant : témoigner, être solidaire de ceux qui souffrent, prendre sa part des souffrances pour l’Évangile, abandonner une façon de penser et d’agir, renoncer à tout ce qu’on possède et le donner à ceux qui en ont besoin, pardonner inconditionnellement. Nous voulons suivre Jésus mais nous nous sentons fragiles et nous hésitons ; nous sommes disposés à faire quelque-chose pour lui, mais pas tout.

C'est justement la raison pour laquelle les apôtres font cette demande à Jésus : « augmente la foi en nous ». Ils ont réalisé qu'ils avaient peu de foi. À la cananéenne, Jésus a dit : « Femme, grande est ta foi » (Mt 15, 28). Mais à ses disciples, plusieurs fois, il dit : « vous êtes des hommes de peu de foi ». Quand il les a vu se soucier du vêtir, il leur a dit : « Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? » (Mt 6, 30). Quand ces disciples sont terrifiés, effrayés par les vagues de la mer que sont les bourrasques de la vie, de la société, de l’Église, parce qu’ayant oublié que Dieu accompagne l’histoire de l’humanité,  Jésus dit : « vous êtes des hommes de peu de foi ». Il le dit très spécifiquement à Pierre qui marchant sur les eaux à son ordre a commencé à couler : « pourquoi as-tu douté, homme de peu de foi » ( Mt 14, 31).

« augmente la foi en nous ». Les disciples ayant pris conscience qu’ils ont peu de foi veulent maintenant l’augmenter. Mais la foi, peut-elle augmenter ou diminuer ? Si la foi est l'adhésion à des vérités comme l'existence de Dieu, comme la mort et la résurrection du Christ, elle ne peut ni augmenter ni diminuer, on l’a ou on ne l’a pas. Cependant, la foi n’est pas qu’adhésion à des vérités. Saint Jacques nous dit dans sa lettre : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? (…) Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ?(…) Toi, tu crois qu’il y a un seul Dieu. Fort bien ! Mais les démons, eux aussi, le croient et ils tremblent. Homme superficiel, veux-tu reconnaître que la foi sans les œuvres ne sert à rien ? »

Lorsque par la catéchèse ou d’autres moyens, nous prenons connaissance de ce que Jésus propose, nous comprenons par notre raison ce qu’il nous révèle sur Dieu et sur l’homme. La foi est déclenchée, après lui avoir donné raison, lorsqu’en quelque sorte nous tombons amoureux de lui au point de lui dire : « je veux unir toute ma vie à la tienne, en parfaite harmonie d’intentions ». La foi comme acte de tomber amoureux peut augmenter ou diminuer, elle peut même disparaître. Nous pouvons être avec Jésus et nous fier à lui pendant un certain temps, mais retourner à une vie païenne ; c’est un peu ce qu’expérimentent des amoureux qui connaissent des hauts et des bas : il y a des moments de belle flamme ; mais il peut survenir aussi la routine, la monotonie, la fatigue avec le risque que l’amour diminue. Les disciples demandent alors à Jésus d’augmenter cette foi là, d’ajouter un peu de foi au peu de foi qu’ils ont. Et cette demande est la nôtre aujourd’hui.

Cependant, Jésus répond en utilisant une image pour nous dire quelles merveilles un peu de foi en lui, quels prodiges la foi tout court en lui est capable de faire : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi ». Matthieu et Marc parle même d’une montagne qui peut être déplacée et jetée dans la mer (cf. Mt 21, Mc 11). Déraciner un arbre est possible mais très difficile ; cependant, le faire pousser dans la mer c’est impossible. Jésus nous dit par cette image que notre foi peut nous obtenir des résultats extraordinaires, des résultats non seulement difficiles, mais aussi des résultats que nous pensons impossibles. Jésus l’a d’ailleurs dit au papa de cet épileptique : « Tout est possible pour celui qui croit » (Mc 9, 23b).

Bien-aimés du Seigneur, pensons à ces évènements ou situations que nous considérons comme très difficiles voire impossibles : la paix dans le monde. Quand nous observons l’histoire et le comportement malsain des hommes, nous pouvons nous dire qu’il n’y aura jamais la paix dans ce monde, les hommes continueront à entretenir des rivalités et à se battre comme des loups. Mais, si le miracle de la paix dans le monde n’est pas encore acté, c’est à cause du manque de foi des hommes. Le miracle, c’est la foi qui l’obtient.

Pensons à tous ces gros arbres qui existent dans nos cœurs et que considérons difficilement déracinables ou simplement indéracinables : La rancœur et les ressentiments à cause des torts et des blessures subis. Par ailleurs, retrouver la paix, arriver à la réconciliation, réussir à pardonner, reconstruire une belle relation de couple et de famille après une trahison, une infidélité, ou le décès d’un enfant. Voilà des situations très difficiles, mais pas impossibles ; si tu as un peu foi en Jésus, cela se réalisera.

Au niveau personnel, pensons à ces mauvaises habitudes, à ces vices qui sont enracinés en nous comme une seconde nature compliquant notre vie et celle des autres. Sont-ils impossibles à déraciner ? La réponse est « non ! ». Si tu as foi en Jésus et à son évangile, cette merveille tu l’obtiendras.

Nous disciples du Seigneur, avec la foi, nous sommes capables de vivre dans des pays en guerre et sauver des milliers de vies ; nous sommes capables de nous refaire confiance et aborder avec un courage de lion des problèmes supposés sans solution ; nous sommes capables de dépasser un handicap, capables de briser tabous et traditions millénaire pour faire vivre le prochain. Mais quand nous aurons fait tout cela, disons : « Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir ».

Loué soit Jésus-Christ !