26ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 25 septembre 2022

Par le père Michel Desplanches, recteur

« La charité, messieurs dames, la charité! »

Il fut un temps où cet appel des pauvres à la vertu théologale de charité trouvait un écho réel dans les consciences. C’était il y a bien longtemps ! Évoquer la charité c’était faire référence à la justice sociale comme un fruit de la grâce dans nos vies. Cela sous-entendait que l’absence d’amour de l’autre était un symptôme de régression de notre humanité et un danger pour notre salut personnel.

Il faut bien avouer que l’appel à la charité s’est transformé en : « T’as pas deux euros ? » Pourtant  l’enjeu pour nous chrétiens demeure le même. L’exemple pris par Jésus dans la parabole du riche et du pauvre Lazare, demeure un appel à l’unité, à la communion, et, plus largement, à la fraternité.

Le riche. Il n’a pas d’autre noms. Il est définie par ce qu’il a. Ses bien lui servent d’identité.

Le pauvre. Il se nomme Lazare. Il est le seul personnage de parabole à avoir un nom dans l’Evangile. Et ce nom signifie : « Dieu a secouru». Ce nom le définit car il exprime une certitude de foi : Dieu est son secours au cœur même de ses épreuves.

La richesse isole, comme le pouvoir. Aussi le riche s’enferme-t-il dans son univers. Il semble que ce qui l’entoure, à commencer par Lazare, n’a pas de consistance pour lui. Il se suffit à lui-même.

Lazare, lui, garde les pieds sur terre il a faim. Sa conscience est ouverte à l’univers qui l’entoure  même si cet univers se résume à quelques chiens malpropres.

Nous savons combien le consumérisme effréné qui a guidé nos sociétés occidentales depuis 70 ans ne pousse qu’à la préservation de soi, à l’anxiété, au malheur intérieur. Or, c’est la culture de la rencontre qui reste le meilleur moyen de bâtir un monde fraternel dans la justice.

Nous le voyons quotidiennement dans ce beau sanctuaire du Laus. Tout le monde ici se rencontre, se parle, partage sa table, prie ensemble. Peu à peu l’autre ici devient un frère ou une sœur. Le repliement sur soi n’est plus de mise, la peur s’efface et les liens fraternels se tissent peu à peu.  C’est ainsi que, jour après jour durant un pèlerinage, nous nous transformons ou plutôt, nous nous laissons transformer.

Depuis plus de 350 ans au Laus, des milliers et des milliers de vies habitées par la suffisance et l’isolement, on fait l’expérience d’une fraternité authentique avec les pauvres. Benoîte, la pauvre petite bergère du Laus, continue aujourd’hui ce travail pour que la culture de la rencontre l’emporte toujours sur l’isolement et la tristesse qui naissent du péché.

Vénérable Benoîte, pauvre parmi les pauvres, aide-nous à ouvrir notre conscience pour ne jamais perdre le contact avec la réalité du monde, mais au contraire, d’y promouvoir la justice et la charité, celle qui vient de Dieu . C’est de la charité que naît la joie véritable et la liberté intérieure. Le riche ne les a pas connues. Il est enfermé à jamais dans la peur et l’anxiété, quand le pauvre goûte à la joie et à la paix du royaume de Dieu.

Pour un bonheur qui n’a pas de fin, laissons la grâce de Dieu nous ouvrir au monde qui nous entoure pour y cultiver la joie de la rencontre. Amen