23ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 04 septembre 2022

Par le père Michel Desplanches, recteur

Nous sommes ainsi faits que le compromis habite tous les domaines de notre vie personnelle et sociale.

 

Comment allons-nous faire pour les congés ? Les enfants iront-ils chez tes parents ou chez les miens ? Comment satisfaire tout le monde dans  l’entreprise?

Bien souvent nous gardons les yeux fixés sur le compromis et nous risquons alors,  pour reprendre les exemples utilisés par Jésus, de ne jamais achever la construction ou de perdre la guerre!

Chers amis, je me souviens d’un joli couple de fiancés qui se préparaient au mariage. Ils suivaient bien régulièrement ensemble les rencontres de préparation au mariage. Pourtant,Romain venait me voir bien souvent tout seul et me disait : «Je veux bien l’épouser, mais  comment puis-je être certain que Cécile est celle que je dois épouser ? Je veux en être sûr!» Et cette question revenait souvent… Cécile venait alors me voir toute seule, et, en pleurs, me disait : « Je sais que c’est Romain l’homme de ma vie ! Comment le convaincre ? » Nous sentons bien, lorsqu’il s’agit d’aimer, que le compromis ça ne marche pas ! Il y a quelque chose de radical, d’absolu, qui bouleverse nos sécurités humaine. C’est bien pour cela qu’il faut sans cesse nous redire que la foi n’est pas un habile compromis entre tradition et modernité, entre nos choix de vie et les circonstances du moment. Jésus exige tout de nous. Pourquoi ? Parce qu’il est dur, inhumain ? Non ! Jésus exige tout de nous car il nous aime vraiment. Il nous aime personnellement. Il a tout risqué, tout donné jusqu’à la croix.

L’amour de se satisfait pas des compromis. Il a soif d’absolu. Notre cheminement de foi ne doit pas être une petite promenade pépère ! Il est une aventure, une aventure risquée mais passionnante. Notre histoire avec Jésus est une histoire d’amour qui bouleverse tout, qui exige tout. Rien ne peut résister à l’amour. Ainsi, ceux qui voudraient que la foi des chrétiens soit inodore, incolore et sans saveur, invisible, sans élan, sans remise en question, ceux-là n’ont jamais envisagé la foi comme une histoire d’amour comme une alliance d’amour toujours nouvelle.

L’amour fou de Jésus pour toi vient brûler ton cœur, ton intelligence, ta vie entière. Si Jésus vient à ta rencontre, plus rien ne peut être soumis au compromis. Romain a osé le pas de la folie de l’amour. Cécile a été pour lui le visage de l’amour de Dieu. Elle a porté de beaux enfants, et le couple est devenu une famille joyeuse et turbulente! La foi l’a emporté sur la crainte. Le doute et le compromis n’ont pas tenu devant l’absolu de l’amour.

Cependant aimer reste difficile et l’échec fera toujours partie intégrante de l’amour sur cette terre. La croix en est le signe paradoxal.

Ici, à Notre-Dame du Laus, Benoîte Rencurel a osé l’aventure de la foi. En réponse à l’amour de Jésus qui a tout donné, elle a tout donné à Jésus seul, lui, l’amour de sa vie. Elle n’a pas cherché un compromis impossible. Elle est restée un témoin de l’absolu. quelles que soient les circonstances historiques, religieuses ou politiques qui l’entouraient  À l’image de la Vierge Marie, elle a tout consacré à Jésus.

Ainsi donc, le commandement de l’amour est au centre de notre vie; exigeant, source de combats intérieurs parfois douloureux, mais profondément libérateur. Car l’amour vrai nous libère de nous-mêmes.

Au terme de notre cheminement, c’est face-à-face que nous rencontrerons Jésus que nous avons aimé dans la nuit de la foi. Au moment de quitter cette terre, sainte Thérèse d’Avila s’écriait: «Mon bien-aimé, enfin il est l’heure de nous voir ! ». C’est là toute notre espérance, c’est là notre foi,  c’est là le sommet de l’amour. Amen.