Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 01 septembre 2024

Par le père Philippe Blanc, chapelain

 

La présentation du missel romain nous dit d’une façon très claire : « Lorsqu’on lit dans l’Église la sainte Écriture, c’est Dieu lui-même qui parle à son peuple, et c’est le Christ, présent dans sa parole, qui annonce l’Évangile. » Aujourd’hui, Dieu nous parle, aujourd’hui, le Christ nous partage sa parole. Des textes ont été lus, nous les avons entendus… mais, avons-nous vraiment écouté ?

Moïse vient de nous dire : maintenant… écoute… mets en pratique… vis. Saint Jacques insiste : accueille dans la douceur la Parole… mets-la en pratique. Quant à Jésus, il dénonce ce que l’on pourrait appeler une mauvaise écoute : « vous laissez de côté le commandement de Dieu », et donc sa parole, « pour vous attacher aux traditions des hommes ».

Avec une certaine insistance, nous sommes donc invités à écouter la parole car c’est cette parole que nous sommes appelés à mettre en pratique tout au long des jours de cette semaine. En ce dimanche, premier jour de la semaine, nous recevons la parole de Dieu comme notre feuille de route et c’est elle qui va guider nos pas et nos choix, qui va éclairer nos décisions et nos engagements. Comme le dit Jésus lui-même : « celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. » Écouter la parole, la garder et la mettre en pratique, voilà un chemin de béatitude et la Vierge Marie ne cesse de nous rappeler qu’alors le Seigneur peut accomplir en nous des merveilles.

Pour que notre écoute soit vraiment active et féconde, il ne suffit pas d’entendre des paroles d’une manière distraite. Quelquefois, après un discours ou une homélie, on se dit : « il a bien parlé, mais qu’est-ce qu’il a dit ? » Dans la parole proclamée, c’est Dieu qui parle à son peuple et bien qu’elle soit reçue dans des vases d’argile, cette parole est un trésor. Ce trésor est une semence qui a besoin de chacune et de chacun de nous pour porter du fruit car c’est bien dans la terre de notre humanité qu’elle est semée. Comme le dit saint Jacques, la parole est semée en nous et elle peut sauver nos âmes. Dieu s’adresse à moi, et je lui dis : « parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».

En disant cela, je m’engage à prendre les moyens pour que cette écoute débouche sur une mise en pratique. L’écoute m’invite à ajuster ma façon de vivre à la parole du Seigneur. La parole ne nous est pas donnée pour nous maintenir dans l’illusion ou le rêve, mais pour ouvrir en nous des chemins nouveaux qui commencent par notre conversion personnelle. Si nous voulons être des disciples, ne délaissons pas l’enseignement de Jésus, notre unique Maître. Pour que notre cœur soit près du Seigneur, laissons sa parole s’imprégner en nous et gardons-la dans notre mémoire pour qu’elle éclaire notre route et soit notre force au moment de l’épreuve ou de la tentation. Par sa parole, le Seigneur notre Dieu est proche de nous. C’est lui qui ne cesse de faire jaillir en nous une vie nouvelle par sa parole de vérité.

Cette parole-vérité vient mettre en lumière nos comportements. Elle est un avertissement contre l’hypocrisie de certaines de nos attitudes lorsque nous privilégions le superficiel au détriment de l’essentiel, lorsque nous nous enfermons dans nos habitudes en refusant la nouveauté des appels du Seigneur, lorsque nous nous réfugions derrière ce qui vient des hommes en étant sourds aux commandements de Dieu. Dans son dialogue avec les pharisiens et les scribes, Jésus dénonce ces rites et traditions qui ne sont qu’extérieurs, pour faire illusion, alors que le cœur est loin de Dieu et indifférent à sa parole. Ensuite, s’adressant à la foule, il donne un enseignement nouveau à l’égard du pur et de l’impur. C’est ce qui sort de l’être humain, c’est ce qui vient du cœur de l’homme, qui le souille. Ce qui fait de moi un pur, ce n’est pas la façon dont je me lave les mains, cela dépend des paroles qui sortent de ma bouche, du regard que je porte sur mon prochain, du geste que je pose pour l’aimer. Dans un de ses livres, Alexandre Soljenitsyne écrit en se référant à son expérience : « Peu à peu, j’ai découvert que la ligne de partage entre le bien et le mal ne sépare ni les États ni les classes ni les partis, mais qu’elle traverse le cœur de chaque homme et de toute l’humanité. »

Aujourd’hui, à l’écoute du Seigneur, nous accueillons la sagesse que nous donne sa parole et nous nous laissons engendrer par sa parole de vérité. Nous ouvrons notre cœur pour que cette parole soit une lumière pour notre vie et que la joie de la mettre en pratique rayonne par tout notre être. Ainsi nous offrons au monde le témoignage des hommes nouveaux que nous sommes devenus par la fécondité de cette parole. Le Seigneur nous comble des présents les meilleurs, des dons parfaits qui sont signes de son amour… et il nous fait confiance pour que là où nous sommes, dans la diversité de nos vocations personnelles, nous vivions par Lui, avec Lui et en Lui.