Dès le premier verset de son évangile, saint Jean nous dit : Et le Verbe était Dieu. C’est cela que Jésus manifeste lorsqu’il affirme, dans la synagogue de Capharnaüm Moi, je suis. Par Lui, une lumière nouvelle vient éclairer le monde ; par Lui, la vie même de Dieu est offerte en partage à l’humanité. En disant Moi, je suis, Jésus atteste qu’il est Dieu-avec-nous, Dieu présent au cœur de notre histoire, Dieu aimant faire sa demeure parmi nous.
Sa parole est un enseignement car Il est le seul Maître et Lui seul a les paroles de la vie éternelle. L’instruction donnée par Jésus n’est pas un savoir abstrait. Il ne nous partage pas des idées, aussi généreuses soient elles. Il nous donne la Parole qui est Vérité et Vie ; Il nous partage le pain et se donne lui-même en nourriture ; il nous offre sa paix et fait de nous des artisans de paix et de réconciliation. Ce n’est qu’en marchant avec lui, patiemment et avec persévérance, que l’on découvre pas à pas la beauté du chemin et la joie d’avoir Jésus à nos côtés. Peut-être sommes-nous parfois accablés ou découragés. Nous disons alors, comme le prophète Élie, maintenant, Seigneur, c’est trop ! Et, en réponse, nous entendons : lève-toi, et mange ! lève-toi, et marche ! Si, comme le psalmiste, nous nous réjouissons de trouver en Dieu notre refuge, ce n’est pas pour nous abstraire du monde, pour le fuir ou y être indifférents.
Le refuge est un lieu et un temps de halte et de ressourcement, en vue de la poursuite du chemin, de la mission et du témoignage. Au refuge, nous nous laissons instruire par Dieu lui-même qui nous désigne son Fils : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. Au refuge, c’est le Père qui nous attire, qui nous aimante, pour que nous apprenions de Lui à vivre dans l’amour, comme le Christ. Ici, au Laus, nous sommes dans un refuge, le « Refuge des pécheurs », et c’est là que nous pouvons accueillir le beau cadeau de la tendresse de Dieu et de sa miséricorde. Alors, en redescendant de la montagne nous pourrons relever le défi que nous propose saint Paul : cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés.
Nous avons donc notre feuille de route pour les prochains jours et mois… cherchez à imiter Dieu… L’accomplissement de cette vocation, qui nous dit toute la confiance que le Seigneur met en chacun de nous, ne pourra se faire sans nous mettre à l’écoute obéissante de la volonté du Seigneur, en apprenant chaque jour à nous joindre à la réponse de la Vierge Marie : qu’il m’advienne selon ta parole. Comme elle, nous serons attirés par le Seigneur pour collaborer à son œuvre de salut ; nous serons invités à consentir à accueillir le don de l’Esprit qui peut faire toutes choses nouvelles en nous et manifester en nous la fécondité de son amour.
Attirés par le Père, nous venons à Jésus. Dans une de ses homélies, le bienheureux frère Christophe, de Tibhirine, disait : Venir à Jésus, n’est-ce pas cela même qui nous occupe, qui nous qualifie comme chrétiens, comme disciples… Est christique toute existence qui consent à l’attirance. De fait, nous ne pouvons pas nous contenter d’écouter à distance, de nous nourrir à distance, de vivre une rencontre à distance. Ce n’est qu’en venant à Jésus, en cultivant une relation de proximité avec lui que nous pouvons vraiment l’écouter, recevoir le Pain de vie et partager sa vie.
Le Père nous attire et nous venons à Jésus afin de vivre dès à présent de sa vie. Le Pain qu’il nous donne aujourd’hui est le pain vivant, le pain de la vie, le pain donné pour la vie du monde. Et nous, en mangeant ce Pain, nous sommes dans la vie, et nous vivrons éternellement car ce Pain est le don et le signe d’un amour que rien ne peut éteindre, car il ne passera jamais
À plusieurs moments de la célébration, nous sommes invités à dire « amen » … mais prenons-nous vraiment la mesure de ce que nous disons ? Ce n’est pas une formule magique ou un mot abstrait. C’est un moment de proclamation de la foi qui dit la fidélité de Dieu envers nous et notre confiance en Lui. En disant « amen », nous disons « je crois » aux paroles et aux promesses de Dieu ; nous disons « je me confie » totalement à Celui qui me crée et me sauve. Et, au moment de la communion, nous affirmons que c’est bien le Pain vivant, le Christ réellement présent, que nous recevons. Écoutons saint Augustin : Tu entends ce mot : ‘Le Corps du Christ’ et tu réponds : ‘Amen’. Sois donc un membre du Christ pour que soit vrai ton Amen.
En recevant le Christ, pain de la vie, nous sommes déjà dans la vie éternelle, dans la vie de l’amour qui n’existe qu’en étant reçu et partagé… il nous reste à apprendre à vivre dans cet amour dans notre quotidien !