samedi 16 avril 2022

Par le père Brice-Miguel Mekena Mekongo, vice-recteur

Bien-aimés du Seigneur, Le Christ est-il ressuscité ? Oui, Il est vraiment ressuscité, Alléluia ! Ce message est la joyeuse annonce de Pâques : Le Christ est vraiment ressuscité, Alléluia ! C’est ce que nous célébrons aujourd’hui en cette nuit sainte. Mais qu’est-ce-que signifie : « Christ est ressuscité » ? Qu’est-ce-que cela implique pour nous et pour le monde ?
Je me rappelle que dans l’Évangile selon Saint Marc, après la transfiguration, lorsque Jésus leur a parlé pour la première fois de la résurrection, les disciples se demandaient ce que voulait dire « ressusciter des morts » (cf. Mc 9, 10).
Pour éclairer les disciples sur cette question, les mots n’ont pas suffi ; et je crois qu’aujourd’hui encore les mots ne suffisent pas pour répondre à nos interrogations. Je nous invite alors à nous ouvrir aux signes susceptibles de nous révéler ce mystère ; ce sont des symboles qui peuvent nous parler mieux que des mots.

Il y a plusieurs signes ; mais permettez-moi d’insister sur trois d’entre eux que la liturgie de cette veillée nous offre : le feu, l’eau et le tombeau vide. Le premier signe qui nous révèle ce soir le sens de l’annonce pascale est le feu pascal autour duquel nous avons commencé notre célébration. Nous avons vu la lumière de ce feu s’avancer et percer les ténèbres. Grâce à cette lumière, on pouvait enfin voir. Dans l’obscurité, on a du mal à s’orienter, on a peur, on ne voit pas le frère, l’époux, l’étranger qui est à coté de nous. Mais quand il y a la lumière, nous voyons et nous pouvons voir un visage,
un regard, des yeux, une histoire, une vie, nous pouvons reconnaître l'image de Dieu.

Durant sa traversée du désert, la nuit, le peuple juif était guidé par une colonne de feu, signe de la présence aimante de Dieu. Aujourd’hui, le feu de ce cierge pascal nous dit que, nous, le peuple nouveau, peuple de Dieu en marche, nous sommes conduits dès cet instant, à partir de cet événement, non plus par la colonne de feu d’autrefois, mais par le Christ ressuscité qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Alors, ma sœur, mon frère, si en cette nuit, tu ressens la triste obscurité d’une vie tourmentée par la maladie ou la dépendance, une vie qui n’est pas encore totalement ouverte à la puissance et à la lumière du Christ, ouvre ton cœur à l’annonce de Pâques ; si tu portes dans le cœur une heure sombre, un jour qui n’a pas encore surgi, une lumière ensevelie, un rêve brisé, ouvre ton cœur au message de Pâques : Il est vraiment ressuscité, Alléluia !

Le deuxième signe que je propose pour nous ouvrir au mystère du Christ ressuscité et à son œuvre, c’est l'eau.
Elle est bien mise en valeur ce soir ! Par elle s’accomplit, le miracle de la nouvelle naissance dans l'Esprit Saint, tel que Jésus l’a annoncé à Nicodème : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». L’eau c’est la vie, et nous en serons aspergés tout à l’heure en souvenir du jour de notre baptême pour ceux d’entre nous qui sont baptisés. Cette eau, c’est l’eau jaillit du côté du Christ ouvert sur la Croix, et à travers elle, nous allons revivre l’événement de notre baptême : c’est-à-dire que nous serons de nouveau symboliquement mais réellement plongés dans la mort du Christ. Ce sera pour nous un passage mortel vers une vie nouvelle ; un passage à travers lequel le Christ nous fait mourir au péché et nous régénère à une vie nouvelle.

Cette eau aussi est puissance de purification. Tout à l’heure, elle va tous nous laver, que nous soyons baptisés ou non. Laissons-nous inonder par elle, laissons-la irriguer nos aridités et nos sècheresses pour que meure le vieil homme et que nous menions enfin une nouvelle vie.

Le troisième signe, je le tire de l’évangile de ce jour : le tombeau ouvert. « Les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés. Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau. (…) mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus ». Après l’avoir descendu de la croix, le Christ fut déposé dans un sépulcre qui a été fermé par une pierre, une très lourde pierre de grande taille. Mais il y a une force, une puissance qui a ôté cette pierre et la tombe qui est le lieu où celui qui rentre ne sort pas est désormais ouverte. Jésus est sorti pour nous, il est ressuscité pour nous, pour apporter la vie là où il y avait la mort. Ce signe, ce tombeau ouvert et vide me donne la certitude que Dieu sait tout tourner en bien, parce que, même de la tombe, il fait sortir la vie. Bien-aimé du Seigneur, si tu avais déjà, dans ton cœur, enseveli l’espérance, à cause de la situation critique et douloureuse que tu vis en ce moment, ne te rends pas : Avec Dieu, rien n’est perdu ; le Christ est ressuscité ; tes larmes seront séchées.

Pour commencer une histoire nouvelle là où les hommes ont mis une pierre, cette nuit, le Ressuscité a renversé la pierre. Cette pierre est le symbole de tout ce qui nous tient enfermé ou qui tient les autres enfermés. Ainsi, pour faire vivre de manière nouvelle les couples, les frères et les sœurs, les amis et les collègues, le Christ enlève la pierre de la dureté de nos cœurs, de nos regards, de nos jugements ; il déplace la pierre qui scelle notre cœur. Oui, il est vraiment ressuscité, Alléluia !

Chers frères et sœurs, nous savons bien que les évangiles ne nous décrivent pas l’évènement de la Résurrection. Mais il y a des signes, et il y a des rencontres : rencontres avec les témoins et rencontres avec le ressuscité lui-même. Dans l'Évangile, nous avons lu : « voici que deux hommes se tinrent devant elles (les femmes) en habit éblouissant. (…) Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité » ». Ces témoins en habits éblouissants ont annoncé de manière crédible aux femmes que le monde n'est plus au pouvoir de la mort.

Aujourd'hui, nous avons aussi besoin de témoins qui nous montrent les signes du Ressuscité dans un monde où la culture du conflit et celle de la mort ensevelissent les derniers espoirs. Et, les témoins d'aujourd'hui sont ceux qui, malgré l'adversité, la souffrance et l'injustice, donnent de l'amour. Ils savent pardonner, parce qu'ils se sentent déjà pardonnés. Ils donnent leur vie pour leurs propres enfants et ceux des autres.  Grâce à ces témoins, nous savons que c’est Pâques lorsque le pardon réconcilie les personnes, les familles et les peuples ; c’est Pâques lorsque les exclus trouvent à nouveau leur place dans nos sociétés. C’est Pâques lorsque les plus vulnérables, l’enfant dans le ventre de sa mère ou le vieillard en fin de vie, reçoivent un respect inconditionnel.

Loué-soit Jésus-Christ !