Homélie du quatrième dimanche du temps ordinaire

dimanche 29 janvier 2023

Par Le Père Michel Desplanches - Recteur -

Chers frères et sœurs,

Le texte des Béatitudes nous est cher. Nous l’aimons. Pourquoi ? Parce qu’il renverse les valeurs du monde et nous rejoint dans nos fragilités et nos faiblesses.

Mais nous pouvons avoir la tentation de faire de cette première prise de parole solennelle du Christ une espèce de charte morale  universelle. Il nous faudrait alors la mettre en avant et l’annoncer à la face du monde.

Si le Christ nous a libérés de la Loi de Moïse, ce n’est pas pour nous imposer à nouveau une règle de vie, une loi à appliquer avec ce que cela suppose de conformisme et de dé responsabilisation.

Les Béatitudes ne sont donc pas à annoncer comme une règle mais à proposer comme un portrait du Christ que jamais l’Eglise ne se lassera de contempler. Il s’agit d’une icône du Sauveur, une présence , une actualisation du mystère de notre salut.

Jésus est devenu pauvre pour nous. Il pleure sur Jérusalem. Il est le non-violent contre qui se déchaîne toute la violence du monde. Il est Celui qui a faim et soif de la justice divine jusqu’à ce que, mourant de soif, il expire sur la croix. Il est Celui qui révèle et réalise au milieu de nous la miséricorde divine. Il a le cœur pur car éternellement tourné vers le Père.

"En son corps, il a tué la haine", dit saint Paul. Il est donc "notre paix". Il est persécuté parce qu’il incarne la justice divine. Il incarne parfaitement le salut voulu par le Père.

Nous voyons donc que les Béatitudes ne sont pas un catalogue de vertus mais un portrait du Sauveur.

Si saint Matthieu introduit ce discours de façon solennelle, c’est parce que ce texte est un trésor qui nous donne de contempler le mystère intime de Celui qui nous sauve. Les moyens mis en œuvre pour nous sauver sont si décalés, si surprenants qu’ils nous obligent à une prière dépouillée de tout désir de puissance.

Mais ce portrait déstabilisant du Messie est une invitation à le suivre. Notre volonté est alors en cause. Voulons-nous entrer dans cette démarche paradoxale qui nous unit à Jésus ? Ou regarderons-nous de loin ce portrait du Christ sans nous mettre à sa suite?

La force n’est que dans la faiblesse pour notre Dieu. Et saint Paul nous le rappelle dans la deuxième lecture: Dieu choisit ce qui est fou, ce qui n’est rien, pour confondre ce qui est !

La béatitude ne consiste donc pas à se perdre dans le grand tout. Elle consiste bien à confirmer notre vie à La Croix du Christ.

Le premier discours public de Jésus est donc déjà une méditation sur le salut par la croix, une contemplation du Sauveur qui s’anéantit pour manifester l’infini de son amour et de sa puissance.

Redécouvrons les Béatitudes et regardons la Vierge Marie et Benoîte, elles qui n’étaient rien aux yeux du monde et qui sont devenues icône du Christ pour tous.

Ce sanctuaire que nous aimons est une chance pour vivre les Béatitudes et continuer l’œuvre du salut confiée aux pauvres et aux petits. Oui, notre pauvreté et nos larmes ont un pouvoir quand elles deviennent la pauvreté et les larmes du Christ.

Père Michel Desplanches

Recteur