Homélie du 33ème dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 17 novembre 2024

Par le père Michel Desplanches, recteur

Un jour, après la messe, une dame me prend à part et me dit : « Je ne suis pas croyante, mais j’étais là à la messe, et je vous ai entendu dire le Notre Père. Vous avez dit : « Que ton règne vienne ». Vous priez donc pour qu’arrive la fin du monde ? » Après lui avoir expliqué que c’est Jésus lui-même qui nous a laissé la prière du notre Père, il a bien fallu reconnaître que oui, nous prions pour qu’arrive la fin du monde… et le plus tôt possible !

La dame est partie toute retournée, en découvrant que le christianisme n’était pas qu’une sympathique sagesse à partager pour entretenir le monde tel qu’il est… En effet, nous prions pour que vienne le règne de Dieu et spécialement durant ces derniers dimanches de l’année liturgique. Pourquoi donc une telle prière ?

Parce que nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette terre où l’injustice et la haine se repaissent de notre fragilité !

La foi chrétienne n’est pas une petite consolation du ciel dans un monde dur et parfois violent. La foi chrétienne est avant tout un immense élan de confiance . C’est un élan irrépressible qui nous projette vers le cœur de Dieu, vers le bonheur que nous partagerons éternellement dans la gloire à la fin des temps. La foi chrétienne nous apprend donc la fragilité des choses de ce monde face au poids éternel de gloire et d’amour que Dieu veut nous donner. 

Alors, en ces derniers jours de notre année liturgique, notre prière nous tourne vers le terme de toute l’espérance chrétienne : le jugement dernier et l’entrée des justes dans le paradis. Pour certains, il s’agit là d’une belle légende ou d’un conte merveilleux. Mais pour nous, qui avons tout misé sur la parole du Christ,  nous savons que nous sommes faits pour Dieu, pour vivre éternellement en lui, pour chanter sa louange et nous réjouir de la plénitude de sa joie. Car, pour la foi chrétienne, l’histoire a un sens, elle a un but. Et, si notre vie a pour but, c’est de nous amener au cœur de Dieu. Pour y accéder, au jour béni de notre baptême, nous avons reçu la vertu, la force de l’espérance. L’espérance est un don de Dieu qui n’attend qu’une chose : l’avènement du royaume de justice et de paix de notre Dieu. Bien sûr nous venons au Laus en pèlerins, mais c’est pour découvrir que toute notre vie est un pèlerinage, une marche nourrie par l’espérance du royaume de Dieu qui vient vers nous.

C’est bien pourquoi le pape a vu voulu une année sainte sur ce thème : nous sommes « pèlerins de l’espérance ». Nous sommes portés par l’espérance, jamais découragés, toujours en marche. Nous savons que cette espérance n’est pas un vague espoir humain : l’espérance théologale est certaine. Le Seigneur reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et offrir à ceux qui auront été fidèles, la couronne de gloire, la joie de vivre éternellement au cœur de la Trinité sainte.

Nous jetons toutes nos forces dans le combat de la lumière et de la paix face aux forces de l’obscurité et de la violence. Notre monde a perdu l’espérance ? Ne soyons pas comme lui !  Portons chaque jour, et, en tout lieu, le flambeau réjouissant de l’espérance qui nous mène au ciel. Soyons, quoiqu’il arrive, resplendissants de la bonté de Dieu! C’est le plus beau témoignage nous pouvons rendre à l’espérance qui nous habite !