Homélie du 32ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 06 novembre 2022

Par P Michel Desplanches

Chaque dimanche, nous proclamons notre foi en la résurrection de Jésus. C’est le fondement de tout l’édifice spirituel de notre vie. Mais nous affirmons  aussi que nous ressusciterons comme le Christ. Que voulons-nous dire lorsque nous affirmons  que nous sommes destinés à la résurrection.
On aime à penser qu’il s’agit d’une survie de l’âme libérée  de ce corps de misère. Mais, attention! Il ne s’agit pas là d’une vision chrétienne de l’homme. Jésus ne vient pas nous offrir de la survie ! Il nous recrée dans la gloire pour une vie en plénitude. 
En effet c’est tout notre être, nos expériences, nos relations, notre histoire, c’est tout cela qui est élevé à la vie de Dieu. On ne peut pas séparer la chair et l’âme. Regardons Jésus : il ressuscite, mais avec les plaies de sa passion. La gloire de Dieu n’abolit rien de notre expérience. Elle la transfigure.
La résurrection, c’est finalement l’accomplissement du projet de Dieu. Ce projet, c’est celui de la création du monde: appeler tout être à la plénitude de la vie et de l’amour. Et ceci rejoint tout le corps de l’Eglise. La mort, quand elle sera vaincue pour tous les hommes, alors «Dieu sera tout en tous.» La communion d’amour qui existe entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint s’étendra à toutes les créatures et à l’univers tout entier. La résurrection s’étendra  à un univers entièrement humanisé parce qu’entièrement divinisé. Notre humanité trouvera enfin sa vraie dimension.
Il faut que nous prenions, même si c’est inimaginable, la mesure de ce dont nous parle Jésus dans cet  Évangile. Nous sommes bien loin de nos petites imaginations.
La résurrection, c’est le grand projet de Dieu. La résurrection c’est la victoire finale et définitive de la vie sur toute puissance de mort.
Là où les saducéens , pour ridiculiser la foi en la résurrection, présentent une histoire abracadabrante, Jésus prend de la hauteur. Notre corps est déjà aujourd’hui habité par l’Esprit. On peut dire qu’il est déjà un corps spirituel. Mais, à la résurrection, il le deviendra en plénitude. Nous resterons bien les mêmes après notre résurrection, mais re-créés.
Il nous faut ainsi préparer aujourd’hui notre résurrection. C’est le grand travail de nos existences. Il nous faut humaniser tout ce que Dieu divinisera en nous:

-Nos relations humaines ( prendre soin de ceux et celles avec lesquels nous vivons).

–Cultiver sans cesse notre capacité d’émerveillement devant la beauté de la création .

- Discerner en nous et autour de nous les traces de l’Esprit-Saint.

-S’engager pour construire un monde de justice et de charité.

-Faire que nos communautés soient ouvertes et accueillantes.

-Célébrer l’eucharistie, c’est prendre conscience qu’en célébrant la résurrection du Christ, nous célébrons déjà notre propre résurrection. Quelle grâce merveilleuse !

Oui, notre vie entière a  un poids d’éternité  et nous retrouverons ceux que nous avons aimés… Je  terminerai en citant le père Michel Rondet dans son livre « Appelés à la résurrection » :
« Nous les avons aimés inachevés, marqués comme nous de faiblesse qu’ils essayaient pauvrement de dépasser. Nous les retrouverons accomplis, tels que Dieu n’a cessé de les voir dans son amour. Même ceux que nous avons pu haïr, purifiés du  haïssable en eux, ils n’offrirons plus à nos regards que l’aimable. Tous porteront les stigmates des blessures de leurs combats terrestres, comme le Christ ressuscité, et c’est à cela que nous les reconnaîtrons. »

Père Michel Desplanches

Recteur

(Merci à Geneviève Pinault pour son travail qui à largement inspiré ce texte.)