Homélie du 29ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 19 octobre 2025

Par le père Michel Desplanches, recteur

Chers amis, nous sommes venus ce matin sur la montagne, pour prier. Ce sanctuaire nous inspire et nous tourne vers Dieu avec force et  douceur. Il nous a fallu nous organiser pour venir jusqu’ici.  On ne passe jamais au Laus par hasard.

Nous sommes venus aussi en portant dans notre cœur une intention importante pour nous. Nous voulons prier pour certaines personnes ou pour telle ou telle situation. En effet, la prière ça se prépare ! On ne va pas rencontrer Dieu n’importe comment et notre supplication ne doit pas être un cri passager et aussitôt oublié.

La veuve de notre Évangile sait bien ce qu’elle veut, même si le texte ne nous en donne pas le détail. Elle demande la justice. Si la Loi insiste sur la protection que l’on doit à la veuve et à l’orphelin, ce  juge, probablement païen, ne tient aucun compte de cette recommandation. Ce qui importe à ce juge, c’est d’avoir la paix : sa motivation n’est pas glorieuse. Il paraît donc difficile d’assimiler ce juge à Dieu qui jugera le monde avec justice ! Tournons-nous donc vers notre petite dame, pauvre et sans défense. Cette veuve doit nous servir de modèle. Elle est têtue dans sa demande; elle n’est pas agressive, juste persévérante et tenace. Elle veut la justice simplement. On pourrait faire d’elle un icône de la revendication non-violente. Elle sait ce qu’elle veut et elle n’hésite pas à renouveler sans fin ses récriminations.

Notre prière doit donc prendre la sienne pour modèle : ne jamais baisser les bras dans la prière. C’est bien ce que souligne le texte : « Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier, sans se décourager. » Il s’agit pour eux, comme le disait saint Paul à Timothée de « demeurer ferme », de ne pas « baisser les bras. » C’est bien l’expression qui convient pour le texte de l’Exode que nous avons lu tout à l’heure. Lorsque Moïse baisse les bras, c’est l’ennemi qui l’emporte. Aussi Aaron et Hour ont-ils tenu levés les bras de Moïse jusqu’au coucher du soleil. C’est fatiguant de tenir les bras levés. C’est pourquoi les proches sont nécessaires pour nous soutenir, pour nous empêcher de « baisser les bras. » c’est ça l’Eglise. Notre prière ne peut pas être solitaire. Elle est portée aussi par nos frères et sœurs. Nous ne sommes pas des surhommes qui portent le monde. Moïse lui-même le sait. Tandis que le monde s’agite et que le combat de Josué se déroule, Moïse et ses amis, prient Dieu pour la victoire. Importance fondamentale de la prière de l’Eglise… Mais la pointe de cette parabole n’est pas là. L’important, dans le récit de Jésus, c’est que le jugement est finalement rendu. C’est cela qui est mis en évidence. Cela nous invite à croire de toute notre foi que Dieu répond toujours. Et sa réponse définitive sera le jugement de la fin des temps, quand il établira toute justice. Alors que notre année liturgique s’approche de sa fin, nos regards se tournent  vers le jugement final. Le monde où nous évoluons demeure  marqué par des injustices criantes et cela ne peut pas durer.  Nous ne pouvons pas fermer les yeux sans crier vers Dieu. C’est la demande du "Notre Père": « Que ton règne vienne.»  Et nous avons l’assurance que Dieu répondra. Jésus veut convaincre ces disciples que sa prédication annonce l’avènement de toute justice : « Le Royaume des cieux est proche », annonce-t-il.

Y croyons-nous ou avons-nous baissé les bras ? Avons-nous foi en la promesse de Dieu? Ou nous contentons-nous de l’injustice du monde?  C’est le sens de la question finale, un brin angoissante : «Le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » À cette question, nous répondrons par une prière persévérante et par la certitude intime que le Seigneur répond toujours au pauvre qui l’implore. L’acte de foi fondamental, ce sera de toujours supplier à genoux. Le Père nous entend et nous aime… Père, Michel Desplanches Recteur