L’Évangile selon saint Marc nous amène aujourd’hui quasiment aux portes de la Passion en ce jour. En effet, Jésus, monte vers Jérusalem, la capitale, le centre névralgique du pouvoir. C’est le Messie qui s’avance. Aussi ses proches, essayent-t-il de se placer.
Comprenons bien les apôtres. Ils se réjouissent de voir bientôt se réaliser, la grande promesse. Bientôt, le royaume de Dieu sera inauguré, bien visible. Bientôt, toutes les nations pourront reconnaître enfin la grandeur du Dieu d’Israël et sa souveraine puissance avec l’avènement du Messie attendu.
Les apôtres Jacques et Jean sont loin d’être des personnages secondaires. Saint Jacques sera le premier évêque de Jérusalem et saint Jean l’évangéliste, nous livrera son Evangile, ses épîtres et l’Apocalypse.
Pourtant, ces deux piliers de l’équipe apostolique de Jésus n’ont toujours rien compris au caractère paradoxal du royaume que le Christ veut inaugurer. Bien enracinés dans la culture de leur peuple, ils se préparent à la restauration de la royauté et au règne du Messie. Tout se met en place sous leurs yeux. C’est la raison pour laquelle Jacques et Jean se positionnent aujourd’hui dans la course au pouvoir. Mais comme le discours de Jésus a dû les surprendre !
En effet, alors qu’il est presque aux portes de Jérusalem, Jésus renverse tous les schémas du pouvoir. Il parle en serviteur et révèle ainsi le fond de son âme et de sa mission.
« Vous souhaitez me rejoindre ? Faites-vous serviteurs. Soyez les esclaves de tous ». Mais Jésus ne se contentent pas d’un discours. Il est le serviteur, et il ira jusqu’au bout de son service qui consiste à sauver le monde en donnant sa vie en rançon pour la multitude.
Aux yeux des hommes, Jésus est la victime d’une injustice religieuse ou d’une conjuration politique. Aux yeux de Dieu, Jésus a une existence pour les autres. Et sa passion sera une passion pour les autres. Ceci est fondamental. En christianisme, toutes nos souffrances participent mystérieusement à ce « pour les autres » qui change tout.
La souffrance rédemptrice de Jésus donne son sens à toute souffrance humaine. « Ceci est mon corps livré pour vous ». « Ceci est la coupe de mon sang… versé pour vous ». Tout le secret de nos souffrances est là : être unis au Christ. Toute notre vocation est là : pour vous » !
Les prêtres, les diacres, les religieux et religieuses, les consacrés ne sont pas d’abord une hiérarchie. Ils ont été choisis par Dieu est appelés pour signifier que toute existence chrétienne, réside dans le « pour donner sa vie » de Jésus.
À l’heure où chacun est tenté par le repli sur soi, la vie chrétienne, plus que jamais, revêt une dimension prophétique. Le « pour vous » de l’amour infini de Jésus vient s’inscrire dans l’intime de notre vie.
Ici-même, Benoîte Rencurel a vécu cet offrande de sa vie dans le combat spirituel, et dans immenses grâces jusqu’au sourire radieux qui illuminait son visage à son dernier soupir. Le « pour vous » de l’évangile, était accompli. Il l’avait conduite au bonheur du ciel.
Oui, vraiment, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».