Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 21 septembre 2025

Par le père Michel Desplanches, recteur

Cette page d’Evangile étonne toujours quand on la parcourt superficiellement. Rappelons que, dans ce texte,  le maître s’est fait voler par son gérant. Or il va faire l’éloge de ce dernier ! Ça c’est un peu fort! La malhonnêteté nous serait donc donnée en exemple ? On a de la peine à le croire… Et on a raison car ce texte mérite d’être lu avec un peu plus d’attention.

Reprenons le récit. Quelqu’un vient donc de dénoncer au maître ce gérant qui «dilapide de ses biens. » Le maître convoque donc cet employé indélicat pour le renvoyer. Le gérant ne cherche pas d’excuse, vous le remarquerez. Il prend note de ce renvoi et, les jours suivants, il baisse les prix. Il ne cherche pas là à voler encore son maître qui est devenu soupçonneux, on s’en doute. On peut donc penser qu’il renonce aux commissions que lui accorde le droit romain. Il ne vole pas son maître. Il arrête d’amasser de l’argent et l’investit pour créer des relations et se faire des amis. Il n’y a rien d’honnête ni d’altruiste dans son attitude, mais cet homme a su tirer son épingle du jeu. Et c’est cela que Jésus loue chez le gérant : la qualité de cet effort qui lui permettra de s’en sortir au bout du compte.

Ici, Jésus fait donc passer aux chrétiens  un message important : dans leur cheminement spirituel et dans leur façon d’incarner l’Evangile au jour le jour, ils doivent faire preuve d’initiative et de créativité. Ils doivent être aussi prévoyants que les autres.

Nous avions autrefois dans mon diocèse, un économe diocésain qui aimait rappeler que la gestion des biens temporels conditionne toujours la mission. Tant que nous sommes sur cette terre, les conditions du spirituel seront toujours matérielles. Vous le savez bien, vous qui permettez à ce sanctuaire de vivre et de rayonner depuis bientôt quatre siècles.

Le problème du gérant de l’Évangile, c’est qu’il s’est laissé totalement dominer par l’argent. Il est devenu l’esclave de l’argent, il ne voyait plus que par l’argent. Or, nous le savons, l’argent est un mauvais Maître. Il n’est qu’un moyen et sa finalité et toujours de servir la justice… et donc Dieu lui-même. Il faut le dire et le répéter.

Dans la première lecture, le prophète Amos rappelle que s’attaquer aux pauvres c’est s’attaquer à Dieu. Il a des paroles radicales qui, d’ailleurs, le feront chasser du royaume du Nord. Il dénonce la vénalité des riches qui veulent s’enrichir constamment et à tout prix. On trafique alors les balances, on augmente les prix artificiellement et, finalement, on achète le pauvre pour une paire de sandales. C’est là le comble de l’impiété: la dignité de l’homme, image de Dieu, est réduite au prix d’une paire de savates!

Amos dénonce l’hypocrisie religieuse, la fraude, l’esclavage. Voilà ce qui atteint avec violence, le cœur de Dieu: « Jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits », dit le Seigneur.

A sa suite, Jésus, nous appelle donc à mettre Dieu au cœur de notre gestion temporelle. C’est lui  seul que nous devons aimer est servir. Notre obéissance à sa Parole doit être une obéissance aimante et non servile. L’argent doit être au service de la Loi d’amour de notre Dieu.

Nos sociétés qui font de l’argent le seul critère de la réussite et de la gloire, ne brillent pas par la qualité de leur humanité ou leur souci de la justice.

Or, nous le savons, l’argent est nécessaire comme serviteur de la justice sociale qui est un devoir absolu devant Dieu. L’argent n’est pas un but, il est un moyen au service d’une vie sociale juste et paisible. Il y a sans doute là un chemin à trouver en ces temps incertains.  Il est bon d’entendre ces paroles qui, finalement, nous rendent à notre humanité…

Père Michel Desplanches

Acteur