Homélie du 18ème dimanche du temps ordinaire

dimanche 04 août 2024

Par le père Michel Desplanches, recteur

On en parlait depuis longtemps, ça y est! Les Jeux olympiques sont là. Nous y sommes. On nous répète à l’envi l’importance symbolique de cet évènement:  au-delà du phénomène médiatique, il s’agit de célébrer la fraternité entre les peuples à travers de paisibles exploits sportifs. C’est un bel idéal, auquel tout le monde veut croire, pendant quelques jours au moins. Pourtant, notre société marchande sait très bien détourner les idéaux les plus innocents et les plus purs. Le christianisme en sait quelque chose… À certains égards, le monde de la consommation peut défigurer l’idéal le plus beau en caricature boursoufflée, sans autre projet, que la légèreté d’un amusement court-termiste… Les idéaux sont nécessaires. La fête est nécessaire. Mais il faut savoir quel idéal nous porte et ce que nous fêtons.

Dans une culture de la déconstruction, du panachage et de la relecture de l’histoire, comment nous situer en chrétien authentique ?

J’entends souvent râler et tempêter. Nous le savons, le français est ronchon. Mais est-ce là le juste positionnement que nous devons tenir ? Souvenons-nous que Jésus invitait ses auditeurs à être la lumière du monde. Aussi, les premiers chrétiens ont eu pour idéal de briller dans la nuit de ce monde. Leur bonté, leur sainteté parlaient pour eux.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, la foule demande à Jésus : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? ». En réponse, Jésus ne donne pas un catalogue de devoirs : « L’œuvre de Dieu, dit-il,  c’est que vous croyiez en celui qu’il l’a envoyé». Au cœur du paganisme qui régnait alors comme il règne aujourd’hui, ce que Dieu attend de nous, c’est la force de la foi. Or ce qui nous rend fort, ce n’est pas de ronchonner. Ce qui nous rend fort, c’est notre confiance en Jésus-Christ. La peur ou la colère sont toujours de mauvaises réponses. Oui,  le Mal est à dénoncer clairement, mais ce n’est pas là le dernier mot de l’Évangile. Jésus n’a pas fondé un tribunal destiné à condamner le temps présent en regrettant le bon vieux temps et en pleurant les siècles passés. Jésus a offert à tous un amour qui traverse  le temps et l’espace. En effet, ce qui traverse l’histoire ce sont les saints, pas les râleurs. Les saints sont portés par l’espérance, pas par le regret et l’amertume. Ils savent ouvrir de nouvelles voies à l’amour. Les saints ont confiance en la grâce qui les habite et les rend forts.  En partageant le pain de la vie, nous recevons la force de Dieu, la certitude que lui seul peut combler l’homme en vérité. La vraie joie vient du ciel. Et la vraie joie, c’est Jésus-Christ. La distraction n’est pas la joie. Le monde sait nous distraire , mais il porte rarement la joie. Le pain que Jésus nous offre ne marche pas avec les jeux du cirque. Ce n’est pas une nourriture qui se perd, mais une nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. Ce pain c’est Jésus qui seul peut apaiser à jamais notre faim, il vient demeurer en nous, nous rendre fort dans la paix intérieure, et dans la joie que nul ne pourra nous ravir. Merveille de la foi destinée à nous transfigurer et à transfigurer ce monde. Jésus n’offre pas les flon-flons  de la fête. Il offre la vie qui n’a pas de fin  Dans l’humble quotidien de nos vies.

Témoignant avec bonheur de la vie du ciel avec Benoîte Rancurel. Elle ne ronchonne pas. " Elle était toujours contente", nous disent les manuscrits du Laus.

Que la joie qui transfigurait son cœur à chaque communion vienne nous rejoindre, nous envelopper,  nous envahir pour que partout, avec une joyeuse sérénité, nous soyons les témoins du royaume de Dieu déjà présent au milieu de nous. Dieu est proche…

Père Michel Desplanches

Recteur