Lorsqu’il s’agit de la prière, souvent, nous sommes un peu perdus. En effet, nous abordons, en général, la prière comme un édifice à bâtir, comme le grand chantier de notre vie spirituelle. Or Jésus n’est pas venu comme le « grand architecte de l’univers», chargé de l’urbanisme de notre âme. Il est venu pour nous révéler qui est Dieu dans l’intime de son Être. C’est tout autre chose! La prière n’est pas une heureuse construction, qui serait le fruit d’efforts louables, de ténacité, et d’un harmonieux équilibre psychologique. La prière est un chemin, le chemin le plus sûr pour connaître Dieu en vérité. C’est là que nous le rencontrerons. Les apôtres ne s’y trompent pas d’ailleurs. Ils ont vu Jésus prier. Ils ont contemplé la paix et la force dont Jésus était habité durant sa prière. Aussi désirent-ils, eux aussi, entrer dans ce mystère d’alliance. La première leçon que nous pouvons tirer de l’enseignement de Jésus, c’est que notre prière est essentiellement filiale. Si Dieu est Père, c’est donc en fils et filles de Dieu que nous pouvons nous tourner vers Lui. Avec Jésus et en Jésus, nous apprenons à être petits, à nous faire tout enseignables. C’est la condition première d’une prière authentique.
Lorsque je souhaite prier, il me faut avant tout accueillir Dieu comme un Père qui m’aime personnellement. Il m’aime, en effet, et il me donne la vie. Il me fait vivre. C’est en cela qu’il est véritablement Père. Son amour est vie, vie rayonnante, vie puissante. Il me donne d’exister non pas seulement d’une vie biologique mais d’exister dans toutes les dimensions de mon être. Il fait de moi le partenaire de so alliance. Vivre l’alliance, c’est accepter d’être pauvre, d’être dépendant en tout du Père. C’est ce que Jésus nous a dévoilé par sa vie et sa mort. C’est la condition nécessaire pour vivre une qualité d’existence plus haute. J’ai été créé pour partager éternellement la vie de Dieu. Moi, qui ne suis rien, je peux atteindre, dans le Christ, les sommets de la gloire. Car la prière m’introduit dans le cœur de Dieu pour ne faire qu’un avec lui. C’est cela l’alliance. La grâce de mon baptême trouvera alors sa plénitude. Cette grâce d’alliance, se déploie d’une manière toute particulière dans le sacrement de mariage pour témoigner à deux de l’unité dans l’amour comme chemin de réalisation plénière de chacun des époux. Cela suppose donc que le couple ne vive que d’humilité et de dépendance réciproque. C’est un long chemin de dépouillement que le chemin de l’amour . Jésus en a témoigné. Notre Dieu est si humble… S’il est une personne dont l’humilité et le dépouillement intérieur peuvent nous marquer, c’est bien Benoîte Rencurel. Ici, la bergère du Laus en a témoigné avec constance. Elle n’était rien, elle n’avait rien. C’est avec ce rien que Dieu a révélé son message en ce lieu béni. Benoîte, disciple du Christ doux et humble, nous entraîne sur le chemin de la prière chaque jour.
Dieu est humble, parce qu’il est essentiellement amour. Sa gloire n’écrase personne. Elle n’est que don et perte de soi. C’est cela la paternité de Dieu.
Suivre ce chemin de dépouillement, c’est accepter que Dieu soit ma seule richesse et la source de tout mon bonheur. Soyons heureux de notre Dieu. Soyons heureux de ce qu’il est.
J’aime cette phrase de Madeleine Delbrêl : « Allons à la prière, comme au marché, quand on a faim et que la journée sera dure. » C’est bien ainsi que nous trouverons les vivre dans notre âme a besoin face aux difficultés de l’existence. Alors, chers amis pèlerins, prenez vite votre panier et remplissez-le des grâces de la prière qui sont si belles ici. . Elle vous seront nécessaires lorsque vous redescendrez dans le tumulte et les inquiétudes du quotidien. Ici, en ce lieu humble et doux, Dieu se donne à ceux qui prient. Benoîte et tant d’autres en ont fait l’expérience. Apprenons à avoir faim et partons au marché. Dieu veut nous donner sa vie… maintenant !
Père Michel Desplanches
Recteur