Quelle merveilleuse page d’évangile, chers amis ! En effet, elle nous permet avant tout d’entrer dans le regard que Jésus porte sur le monde qui l’entoure.
Vous en avez fait l’expérience : lorsque nous aimons quelqu’un, nous aimons partager son regard sur la société, sur l’actualité, ou sur la vie quotidienne.
Aimer, ça n’est pas que du sentiment ! Aimer, c’est aussi entrer dans le regard de l’autre, apprendre à aimer ce qu’il aime, accepter de changer d’angle de vue, c’est accepter de se laisser décentrer.
Aimer, Jésus n’est donc pas éprouver un simple sentiment si doux soit-il. Aimer Jésus, c’est aussi habiter son regard, ce regard si particulier qui voit ce que l’on ne voit pas.
Ce jour là, après avoir prêché, Jésus va s’asseoir dans le Temple en face de la salle du Trésor. Et une scène dont il est témoin le frappe. Une pauvre veuve jette dans le tronc sa misérable offrande de 2 piécettes . Dans la société de son temps, cette femme n’a aucun statut. Elle est contrainte à la misère. On ne la regarde pas. Elle fait partie de ces personnes invisibles qui pourtant croisent nos pas chaque jour.
En revanche, les riches bien vêtus, déposent de fortes sommes dans le Trésor du Temple. On les remarque, on les admire. Dans la tradition juive, la richesse est un signe de bénédiction de Dieu. Beaucoup de nos frères protestants portent le même regard. Le geste des riches frappe les esprits. Mais cette femme, dont tout clame la pauvreté, personne ne la regarde… sinon, Jésus.
Nous savons que Jésus aime les pauvres, et spécialement en ce lieu où Benoîte, si pauvre elle-même, a été choisie par Dieu. Jésus regarde donc cette pauvre femme , qui dépose dans le tronc, « tout ce qu’elle avait pour vivre. » Ne voyons pas là un appel à faire littéralement la même chose ! En fait, le regard de Jésus nous mène beaucoup plus loin : que sommes-nous prêts à donner à Dieu ?
La veuve de Sarepta, dans la première lecture, en pleine disette, accepte de nourrir d’abord un inconnu en risquant de tout perdre, même la vie. Mais, parce qu’elle a misé sur la confiance, ni la jarre de farine ni le vase d’huile ne se sont épuisés. Dieu a pourvu à ses besoins.
Le geste discret de la veuve du temple n’échappe pas à Jésus. Ce ne sont pas les deux piécettes qui attirent le regard de Jésus. Ce qu’il remarque, c’est la sincérité du cœur de cette pauvre femme. Elle a l’audace de tout risquer: « Elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » Le Fils de Dieu ne se contente pas de regarder une scène édifiante . Il fait une déclaration solennelle à ses disciples : « Amen, je vous le dis, cette femme a tout donné pour le service de Dieu et de la communauté. Elle s’en est remise totalement à Dieu et Jésus la donne en exemple. Pourquoi ? Parce que son geste préfigure le don total que le Christ fera de lui-même pour enlever les péchés de la multitude. C’est Jésus le pauvre qui donne tout. Il s’est abaissé, il a tout perdu par amour. C’est ainsi qui a voulu nous sauver de la mort.
Bien sûr, nous sommes appelés à donner de l’argent nous aussi pour le service de Dieu et la communauté. Mais n’oublions jamais que notre offrande matérielle n’est que le reflet de l’offrande que nous faisons à Dieu de notre vie. C’est cette conscience humble et pleine de confiance qui fait tout le prix de notre offrande. Le Seigneur ne regarde pas notre porte-monnaie, quel que soit le montant de notre don. Il regarde la sincérité de notre cœur et la confiance qui l’habite.
Seigneur, avec Benoîte Rencurel , je t’offre ce que j’ai et ce que je suis, avec tout l’amour de mon cœur et dans une totale confiance.