Dimanche 8 décembre 2024 - 2e dimanche de l’Avent

dimanche 08 décembre 2024

Par le père Nicodème, chapelain

Sur notre chemin de pèlerinage de ce temps de l’Avent, nous rencontrons aujourd’hui la belle figure de Jean Baptiste. Dans le désert, il a reçu la parole Dieu et nous voyons dans sa vie et son témoignage personnel l’effet de cette parole dans la mission qu’il reçoit et le message qu’il transmet. À la suite des prophètes, et venant achever toutes les prophéties, Jean témoigne du désir de Dieu qui est de rencontrer l’humanité, cette humanité qu’il a créée pour qu’elle soit un véritable partenaire d’alliance. Et tout le peuple est invité à vivre cette expérience. Comme le proclame Jean : tout être vivant verra le salut de Dieu.

Dans un premier temps, nous sommes invités à accueillir le message de Jean et l’urgence de la proposition de conversion qui nous concerne. Ensuite, comme pour prolonger l’œuvre de Jean, c’est à nous qu’il revient aujourd’hui de transmettre et de partager le même message et le même appel à changer de vie. Il ne s’agit pas d’abord d’une question de morale, de préceptes, de règlements. Jean ne nous fait pas la leçon. Il nous demande simplement de nous préparer à la venue du Seigneur.

Nous sommes habitués à entendre parler de la venue du Seigneur, de son incarnation, mais sommes-nous vraiment conscients de ce que cela signifie ? Est-ce que l’habitude n’aurait pas éteint en nous l’émerveillement devant cette manifestation étonnante de l’amour fidèle de Dieu ? Dieu lui-même vient dans notre chair. Lui qui est au-delà du temps, entre dans notre temps et notre histoire. Lui qui est au-delà de tout, se fait proche de nous jusqu’à partager en tout notre humanité. Dieu vient vers nous et il veut nous conduire dans la joie, à la lumière de sa gloire, avec sa miséricorde et sa justice.

Ce qu’annonçait le prophète Baruc va s’accomplir dans la personne de Jésus, le Verbe fait chair. Devant cette réalisation du projet de Dieu, nous ne pouvons que chanter avec le psalmiste, quelles merveilles le Seigneur fit pour nous ! D’où la nécessité pour nous de nous préparer afin de ne pas passer à côté de cet évènement qui est au sommet de l’histoire : Dieu-avec-nous, Dieu en notre chair, Dieu fait homme.

Toute la liturgie du temps de l’Avent nous fait regarder vers cet avènement du Fils de Dieu dans la chair et, en même temps, vers le jour où viendra le Christ Jésus. Entre ces deux avènements qui manifestent le même amour de Dieu pour l’humanité et toute la création, nous continuons notre marche. Nous appartenons à ce Peuple de Dieu qui est éclairé par l’Évangile et qui poursuit sa route en se laissant guider par le Christ, lumière de toutes les nations. C’est lui, comme nous le rappelle saint Paul, qui nous donne toute clairvoyance pour discerner ce qui est important.

Dans les temps que nous vivons, en ce temps liturgique de l’Avent, qu’est-ce qui est vraiment important pour moi ? Quels seraient les passages tortueux qui risqueraient de m’éloigner du Christ et de mes frères et sœurs ? Quels seraient les chemins rocailleux où je pourrais tomber ? Nous sommes dans une période où nous assistons à une certaine course aux préparatifs avant la fête. Mais est-ce que je cours avec autant de hâte, de joie et de liberté vers le Seigneur qui m’attend, qui me propose son amour miséricordieux, qui m’offre la guérison intérieure et la paix du cœur ? Nous multiplions les lumières dans les rues et dans nos maisons, mais entretenons-nous aussi la lumière de l’amour de Dieu et de sa présence en chacune et chacun de nous ?

L’appel de Jean continue à retentir dans nos déserts contemporains : Préparez le chemin du Seigneur ! Si nous entendons, laissons le Seigneur accomplir en nous ce que saint Paul souhaite aux Philippiens : celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement. Sur les chemins de notre quotidien, laissons-nous guider par la Parole du Christ. Elle ne nous donne pas des solutions toutes prêtes car l’évangile n’est pas un livre de recettes. Mais cette parole éclaire notre liberté et notre conscience pour que nous choisissions des actes et des engagements qui manifestent la vie nouvelle, qui est la vie de Dieu en nous.

Ce temps liturgique est une préparation à une vie de communion avec le Christ. C’est aussi une invitation à redécouvrir ce que signifie pour nous être frères et sœurs dans le Christ. Dans son humanité, Jésus est le visage du Père – qui le voit, voit le Père. Ce que nous faisons pour les autres, c’est à lui que nous le faisons. Avec Jésus, nous apprenons à vivre la relation de filiation avec le Père. Nous apprenons aussi à vivre la relation de fraternité avec les autres. Voir le salut de Dieu, c’est voir l’œuvre que le Seigneur accomplit pour nous et en nous. Comme des Jean Baptiste, à nous aujourd’hui d’être disponibles et libres pour collaborer à l’œuvre du Seigneur, cette œuvre qu’il veut réaliser par nous. Oui, préparons le chemin du Seigneur et avançons sur les chemins de nos vies. C’est là que Dieu nous rejoint et se manifeste !