6e dimanche de Pâques

dimanche 22 mai 2022

Par Mgr Xavier Malle, évêque de Gap et Embrun

L’Esprit Saint et nous-même avons décidé !

La Parole de Dieu que nous écoutons en ce 6e dimanche du temps pascal nous prépare bien sûr à la fête de la Pentecôte. Alors quand la soeur de la Liturgie m’a demandé si on gardait ces textes ou on en prenait d’autres, ce qui aurait été légitime – car je vais confirmer ce matin Alexandre, un jeune en année propédeutique – , les citations de l’Esprit Saint dans cette Parole de Dieu m’ont semblé particulièrement adaptées !

AINSI L’EXPRESSION « L’ESPRIT SAINT ET NOUS-MÊMES AVONS DÉCIDÉ »

C’est dans notre première lecture, le livre des Actes des Apôtres, écrit par st Luc. Il raconte qu’à Antioche en Syrie – occasion de saluer les chrétiens d’Orient, dont des frères et soeurs de Syrie, réunis ce matin au Laus pour la journée de prière pour les chrétiens d’Orient – donc à Antioche en Syrie, la première communauté chrétienne se divisa car ceux issus du judaïsme voulurent imposer aux chrétiens issus du paganisme les coutumes juives, dont la circoncision. Ils envoyèrent une délégation à Jérusalem, pour discuter de cette question avec les Apôtres et les Anciens. 

C’est d’ailleurs une indication intéressante pour nous alors que notre église est en démarche synodale dans le monde entier : aucune église particulière, diocèse ou pays n’a la vérité, elle doit en référer à Jérusalem, aujourd’hui à Rome, garant de notre unité et de notre catholicité.

A son issue, les apôtres missionnent Paul et Barnabé pour donner le résultat de ce qui fut plus tard appelé le premier concile de Jérusalem ; avec cette phrase magnifique : « L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé. » Si nous pouvions dire la même chose pour chacune de nos décisions ! Il est indispensable quand nous devons décider de quelques chose, d’effectuer un vrai processus de discernement, vécu dans la prière. Car on peut se tromper. Pour l’éviter, nous avons la sagesse en Eglise de fonctionner de manière synodale et notre pape veut renforcer ce fonctionnement synodal et nous demande de le vivre dans la prière, en particulier avec la prière ‘Adsumus Sancte Spiritus’, « nous voici devant Toi, Esprit Saint », prière attribuée à saint Isidore de Séville (mort en 636) et ouvrant depuis des siècles conciles et synodes. Je vous invite à la relire, sur le site du diocèse et je la reprendrai en conclusion de cette homélie, alors que sur notre site internet, vous pourrez découvrir cette semaine en plusieurs articles la synthèse diocésaine de la cinquantaine de petits groupes synodaux qui se sont réunis dans les Hautes-Alpes.

Autre parole sur l’Esprit, quand Jésus nomme l’Esprit Saint le défenseur : « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »

C’est vraiment le défenseur, le maître intérieur. Mais alors il nous faut l’écouter dans la prière. Si tu ne pries pas, tu ne peux écouter l’Esprit. 

L’Esprit est aussi celui qui nous transforme en demeure du Père. Ce terme de ‘demeure’ est employé comme un nom commun, une demeure : ‘le Père et le Fils viendrons vers le Chrétien et, chez lui, ils se feront une demeure.’ Et le verbe ‘demeurer’ : ‘Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous.’ Frères et soeurs, avez-vous déjà pensé que vous êtes une demeure de la Ste Trinité, Père, Fils et Saint Esprit ? Que la Sainte Trinité demeure en vous. Voilà la dignité humaine. Capax dei, capable de Dieu, capable d’être la demeure de Dieu.

C’est précisément ce qui se passe d’une manière totale à la Confirmation. Et viennent alors les 7 dons du Saint Esprit, la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. J’en repère trois dans les paroles de Jésus dans notre évangile : La paix : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » Frères et soeurs, c’est une paix intérieure qui vient de Dieu, qui dépasse les vagues de ce monde. La force : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. » Et enfin la joie : « Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. »

JE VOUDRAI DONC LANCER UN APPEL À LA CONFIRMATION !

Il y a peut-être parmi nous ce matin, des chrétiens pas encore confirmés. Pensez-vous réellement pouvoir vous passer de cette paix intérieure, de cette force intérieure, de cette joie intérieure ? Le 4 juin prochain veille de la Pentecôte, je confirmerai à la cathédrale de Gap des jeunes du diocèse et plusieurs adultes. L’une d’entre elle m’a confié dans sa  lettre de demande de confirmation qu’elle avait pris conscience qu’elle n’avait pas été confirmée en assistant à une confirmation d’adulte. Peut-être que l’Esprit Saint va frapper à la porte de votre âme ce dimanche  et vous suggérer de demander à votre tour la confirmation. C’est aussi l’occasion de m’adresser aux jeunes ici présent, en particulier les scouts et guides d’Europe : ne zappez pas la Confirmation, c’est trop bien ! 

Je termine par la prière du synode :

Nous voici devant Toi, Esprit Saint ;
en Ton Nom, nous sommes réunis.
Toi notre seul conseiller, viens à nous, demeure avec nous, daigne habiter nos cœurs.
Enseigne-nous vers quel but nous orienter ;
montre-nous comment nous devons marcher ensemble.

Nous qui sommes faibles et pécheurs, ne permets pas
que nous provoquions le désordre.
Fais en sorte, que l’ignorance ne nous entraîne pas
sur une fausse route,
ni que la partialité influence nos actes.

Que nous trouvions en Toi notre unité,
sans nous éloigner du chemin de la vérité et de la justice,
en avançant ensemble vers la vie éternelle.

Nous te le demandons à Toi,
qui agis en tout temps et en tout lieu, dans la communion du Père et du Fils, pour les siècles des siècles,
Amen.