24ème dimanche du temps ordinaire - fête de la rentrée scolaire

dimanche 11 septembre 2022

Par le père Michel Desplanches, recteur

Vous l’avez sans doute remarqué, rien n’est plus précieux que ce que l’on a perdu…
Notre jeunesse, un amour, une amitié, mais aussi, une paire de ciseaux ou un livre de cuisine!

Le berger de l’Évangile court à travers tout le pays pour retrouver sa brebis. Il en avait encore 99, bien sûr, mais cette centième était tout d’un coup la plus précieuse du troupeau. La femme remue toute la maison jusqu’à ce qu’elle retrouve sa pièce égarée.

Il faut le reconnaître, on ne peut pas se résoudre à faire son deuil de ce que l’on a perdu.
Le père de l’enfant prodigue a passé un temps infini à guetter le retour de son fils au bout du chemin qui menait à sa maison.

Chers amis enseignants, jamais vous ne pourrez vous résoudre à ce qu’un élève s’égare sur des chemins de traverse. Vous mettrez toutes les ressources de votre science pédagogique pour que votre classe soit toute entière passionnée par la matière que vous enseignez.

Vous êtes et vous serez toujours les parents du prodigue. C’est la noblesse de votre vocation. Vous guetterez toujours pour ouvrir les bras à celui ou à celle qui a besoin de trouver un sens à sa vie.
Cet élève qui vous en a tant fait voir, finalement c’était le plus précieux de tous! C’est celui dont les efforts vous ont apporté le plus de joie. Qu’il aurait cru ?

L’effort du berger, de la ménagère, du père qui guette, tout cela n’est pas un effort vain.
Oui, c’est fatiguant de courir après une brebis, c’est fatiguant de balayer toute la maison, c’est fatiguant d’attendre le retour de ce garnement de fils prodigue. Mais cette fatigue a un nom en christianisme : cela s’appelle la Miséricorde. Elle est un véritable travail intérieur.
Un travail persévérant, un travail onéreux, mais la miséricorde crée une relation nouvelle à l’autre après la blessure et la séparation. C’est elle qui rend l’autre précieux finalement, c’est elle qui nous introduit dans la joie d’un regard nouveau sur l’autre et sur l’univers qui nous entoure.

Ça n’est plus la valeur de la brebis , de la pièce ou du fils qui compte. Ce qui compte, c’est d’avoir enfin découvert combien chacun était précieux, unique. Depuis la création du monde le Père ne cesse de nous chercher (« Adam où es-tu ? » Gn 3,9). Quand la brebis ou la pièce se laisse enfin trouver, quand le fils prodigue revient, quelle joie infinie  pour Dieu comme pour chacun de nous ! Réalisons combien chaque brebis, chaque piécette, chaque enfant est unique et précieux.

Chacun est un véritable trésor!

Donnons tous le meilleur de nous-mêmes pour avoir le cœur large et accueillant à l’univers qui nous entoure comme aux personnes qui nous sont proches.

Que notre regard, usé parfois par la patience, soit toujours prêt à briller, à s’illuminer de joie lorsque nous pouvons enfin serrer dans nos bras celui où celle que nous avions perdu. Ce regard transfiguré porté sur le monde, c’est celui de Dieu, c’est celui du Christ, c’est aussi le nôtre si nous acceptons le travail profond et décapant de la miséricorde.

Arrêtons de pleurer sur ce qui était perdu et réjouissons-nous de ce qui est retrouvé!

Avec la miséricorde, c’est toujours la vie qui gagne. Amen.