1er dimanche de l'Avent

samedi 27 novembre 2021

Par le père Ludovic Frère, recteur

Ouvrir les fenêtres

Au jour de la bénédiction des calendriers de l’Avent

Le vôtre, vous le préférez comment ? Avec des poches ou des fenêtres ? Avec chaque jour une image à regarder, un message à lire ou un petit chocolat à savourer ? Vous l’ouvrez le matin au réveil ou au cours de la journée ?

 

De quoi s’agit-il ? … vous l’avez certainement deviné : le calendrier de l’Avent, bien entendu ! Certains parmi nous ont apporté ici leur calendrier de l’Avent ; à la fin de cette messe, nous allons demander au Seigneur de les bénir pour en faire de véritables compagnons de ce temps de l’Avent.

Vous n’avez peut-être pas tous l’habitude de cette tradition du calendrier de l’Avent ou vous l’avez interrompue depuis que vous n’avez plus d’enfants à la maison. Mais je pense qu’il serait bon que tous, nous nous décidions cette année à avoir un calendrier de l’Avent pour aller de l’avant. J’ose même croire que les lectures bibliques de ce 1er dimanche nous y encouragent, pas directement bien entendu, mais pourtant bien réellement.

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D’abord parce que le Christ nous parle dans l’évangile de la fin des temps et de son retour en Gloire. Or, pour voir le Christ arriver, il faut que nos fenêtres soient bien ouvertes. Le calendrier de l’Avent, c’est donc comme un chemin d’ouverture intérieure : à chaque fois que l’on ouvre une fenêtre, c’est comme pour mieux voir le Seigneur qui arrive bientôt.

Voir s’il arrive en gloire pour juger les vivants et les morts comme il l’a promis, mais voir aussi ses venues les plus ordinaires ; car nous le savons, le Seigneur aime à prendre le déguisement des plus petits pour venir nous visiter. Il aime aussi à se cacher dans la petitesse d’une hostie. Mais si nos fenêtres et nos portes sont closes, il sera contraint de passer son chemin. Rappelez-vous que, dans la nuit de Noël, les portes vont se fermer devant la sainte famille.

L’Avent vient donc interroger l’ouverture de nos cœurs à ce grand mystère de l’Emmanuel, Dieu parmi nous. Le Seigneur vient, c’est certain : mais qui donc voudra bien l’accueillir ? Or, voilà qu’au fur et à mesure de ce pèlerinage d’Avent qui commence aujourd’hui, nous ouvrons fenêtre après fenêtre justement pour nous rendre disponibles au Christ qui vient. 

En cette saison où portes et fenêtres sont moins souvent ouvertes qu’à l’été, c’est une véritable interpellation qui nous est lancée : oui, les temps sont durs, mais ce n’est pas en nous enfermant sur nous-mêmes que nous accueillerons le Christ venant nous visiter. Ouvrons-Lui portes et fenêtres !

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Remarquez d’ailleurs que le calendrier de l’Avent est un exercice joyeux. Il est rare qu’en famille, on peine à trouver quel enfant acceptera d’ouvrir la fenêtre du jour. C’est plus difficile de trouver qui mettra la table ou qui sortira les poubelles ! Ouvrir la fenêtre du calendrier de l’Avent, c’est quelque chose d’exaltant, parce qu’on le sait : ce qui nous attend ne nous fera pas de mal ; bien au contraire, ça va nous réjouir. Surtout quand c’est un sympathique petit chocolat à savourer !

En fait, c’est toute notre espérance qui est ici résumée, et que Jésus distingue bien dans l’évangile de la peur qu’éprouveront ceux qui le refusent obstinément : « Les nations seront affolées et désemparées », dit le Christ, « les hommes mourront de peur dans l’attente de ce qui doit arriver au monde ». Oui, la venue du Seigneur va terrifier ceux qui auront vécu le contraire de son message inscrit pourtant dans le cœur de tout être humain.

Mais ceux qui mettent leur espérance en Lui, le Christ les exhorte : « redressez-vous et relevez la tête ! » Ce n’est pas la posture des gens accablés, mais au contraire de ceux qui voient arriver ce qu’ils espèrent de tout leur coeur ! C’était la promesse du Seigneur dans la première lecture : « J’accomplirai la parole de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël. » La parole de bonheur !

Ainsi, chaque jour, en ouvrant joyeusement une fenêtre du calendrier de l’Avent, « redressez-vous et relevez la tête ! » Dans la joie, pour faire de chaque ouverture d’une fenêtre l’occasion de crier au Seigneur cette avant-dernière parole de la Bible : « Maranatha, viens Seigneur Jésus ! » au lieu de s’inquiéter : « qu’est-ce qui va nous tomber dessus ? » Oui, viens Seigneur Jésus ! C’est dans la joie que nous t’attendons !

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Par conséquent, le chrétien est aussi nécessairement un ouvreur de fenêtre ! Il aime laisser des ouvertures pour qu’entre le bon air frais de l’Esprit Saint. Le chrétien ne se laisse pas prendre aux atmosphères confinées, aux ambiances closes, même si c’est tentant dans un monde si peu disponible à l’Esprit du Seigneur. Mais non, ce n’est jamais en fermant les portes et les fenêtres que l’on témoigne du Christ et que l’on répand l’Évangile !

Alors, chaque ouverture d’une fenêtre du calendrier de l’Avent, nous devons la vivre comme une provocation : ça ne sert à rien d’ouvrir la fenêtre de votre calendrier si vous n’acceptez pas au cours du jour nouveau d’être ouverts, vous aussi : ouverts à ce que la journée nouvelle va apporter d’imprévus, ouverts à la grâce de Dieu, mais aussi ouverts à tous ceux que le Seigneur va mettre sur votre route aujourd’hui.

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Dans la deuxième lecture, saint Paul nous a donné la clé de cette ouverture, en exhortant : « Que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant. » Remarquez qu’il y a là une dynamique, que l’Apôtre précise encore par la suite en disant : « Faites donc de nouveaux progrès ».

Oui, l’Avent est fait pour de nouveaux progrès ! Le calendrier de l’Avent, qui s’ouvre chaque jour un peu plus jusqu’à parvenir tout ouvert au jour de Noël, nous dit bien cette vocation qui est la nôtre : nous ouvrir toujours davantage à la charité : chaque jour un peu plus, comme un calendrier qui, au début est tout fermé, mais qui à la fin est tout ouvert pour célébrer Noël avec les autres.

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Ainsi, ce ne sont pas de simples fenêtres successives que le calendrier de l’Avent nous fait ouvrir. C’est un calendrier, c’est-à-dire un objet destiné à nous inscrire dans le temps. Il se trouve que l’Avent est alors un moment favorable pour nous resituer dans le temps : car l’Avent oriente nos regards vers le passé, le présent et le futur : le passé de ce qui est déjà advenu (le Messie nous a sauvés) ; le présent de ce qui advient sans cesse (le Seigneur vient toujours nous visiter) ; et l’avenir de ce qui adviendra ultimement (son retour dans la Gloire).

Pour tenir ensemble ces trois réalités du temps, l’Avent nous offre 4 semaines, et le calendrier de l’Avent nous aide ainsi à voir ces semaines comme un chemin de progression. Chaque fenêtre du calendrier peut alors être vue comme une ouverture dans le temps, pour habiter plus paisiblement le présent, jeter un regard plus apaisé sur le passé et envisager l’avenir avec plus d’enthousiasme.

En refusant de nous laisser prendre par les urgences qui étouffent la vie, en nous exerçant à différer parfois nos désirs, et en inscrivant notre vie dans une histoire dont il faut faire mémoire, nous nous gardons de cet affolement dont Jésus prévient qu’il envahira les angoissés.

À chaque ouverture d’une fenêtre de l’Avent, priez donc le Seigneur pour lui demander d’être capable d’habiter vraiment le présent de cette journée qu’il offre. Laissez-lui le passé, faites-lui confiance pour l’avenir, et vivez ce présent, à la dimension d’une fenêtre : ça n’est pas très grand, une fenêtre, mais ça laisse passer la lumière.

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Voyez comme le calendrier de l’Avent peut être un précieux compagnon pour faire de ces 4 semaines un mois lumineux, alors même que les jours vont continuer à diminuer. L’ouverture des fenêtres du calendrier, c’est donc comme un acte de résistance : oui, au cours de ce mois de décembre, la nuit va continuer à grandir chaque jour un peu plus. Mais nous sommes des veilleurs, qui ouvrent les fenêtres, pour qu’entre une autre lumière, qui n’est pas de ce monde.

Cette lumière vient éclairer tous les cœurs ; au lieu d’assoupir dans les réalités du monde, elle fait, selon l’ultime demande du Christ, tenir debout tous ceux qui y ouvrent leurs fenêtres. Oui, « restez éveillés et priez ; ainsi, vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ».

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Nous allons justement accueillir maintenant 3 jeunes qui ont ouvert les fenêtres de leur cœur à la présence du Christ : Andrès, 13 ans, Sofia et Felipe, 8 ans, seront baptisés au Laus juste après Noël, au jour anniversaire de la mort de Benoîte. En ce 1er dimanche de l’Avent, ils vivent parmi nous une étape essentielle de préparation à leur baptême. Avec le vice-recteur du sanctuaire, le père Miguel qui les accompagne, nous allons demander au Seigneur d’ouvrir davantage encore les fenêtres intérieures de ces 3 enfants, pour qu’ils soient de véritables calendriers de l’Avent, tout disponibles au Seigneur qui va venir bientôt faire en eux son œuvre de vie éternelle.

Maranatha, viens Seigneur Jésus ! Amen.