19e dimanche du temps ordinaire

dimanche 07 août 2022

Par le père Brice-Miguel Mekena Mekongo, vice-recteur

« là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur »

Bien-aimés du Seigneur, cette parole de Jésus que nous venons d’entendre dans l’Évangile nous porte à nous interroger sur ce qui a réellement de l’importance dans notre vie. Aujourd’hui, le Christ nous fait une précieuse mise en garde au sujet de la réalité ou des réalités qui font battre nos cœurs et autour desquelles nous bâtissons nos vies. Où est notre trésor ? à quoi sommes-nous réellement attachés ? Il faut reconnaître que notre monde qui change vite, qui est en proie à d’incessants bouleversements, souffre de la cupidité et de l’avidité pour des biens matériels.

Mais comment est-il possible de ne pas vivre cupidement dans une société dont l’économie va mal, une économie qui va de crise en crise, affichant des chiffres déprimants ; comment ne pas faire de l’argent le centre de sa vie quand tous les espoirs sont déçus, quand les doux rêves finissent en cauchemars. Comment ne pas faire de l’accumulation des biens matériels la priorité des priorités de sa vie, lorsque l’on vit permanemment dans l’angoisse du chômage, dans la peur de perdre sa place au travail, dans le stress causé soit par un emploi destructeur soit un emploi détruit par une pandémie ou par la guerre ? Comment ne pas désirer l’argent ardemment et de façon immodérée quand on fait l’expérience de la misère ?

Les causes de notre cupidité sont multiples, mais ses conséquences destructrices. Alors, où en sommes-nous par rapport à cette cupidité ? Sommes-nous avides du peu ou « du beaucoup » que nous sommes capables d'accumuler ? Si tu es dans cet état et que tu n’arrives pas à en sortir, il y a une bonne nouvelle à accueillir ce dimanche ; elle se trouve dans cette parole de tendresse que Jésus nous adresse : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume ».

Le Seigneur invite ici toute l’humanité à garder espérance parce qu’Il a le remède à cette société opulente où les jeunes et les moins jeunes rêvent tellement d’être riches qu’ils viennent à perdre toutes valeurs. Et très spécifiquement à nous chrétiens qui avons la grâce d’avoir l’Évangile pour trésor, nous qui avons fait l’expérience du monde nouveau et qui y sommes entrés, Jésus veut nous dire de pas avoir peur, car le Royaume des Cieux que le Père a trouvé bon de nous donner nous guérira de l’étourdissement et nous libèrera de l’esclavage dans lesquels la mode de l’enrichissement devant les hommes nous plonge.

En effet, ce Royaume inauguré dans le monde par le Christ n'est pas une question de biens matérielles, mais de relations nouvelles. Il induit qu’un nouveau style de vie est possible pour tous, un style de vie qui nécessite que l’on change le regard que l’on porte sur soi-même, sur les autres, sur la vie et sur le monde. Et l’un des piliers de ce nouveau style de vie c’est l’aumône : « Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône ».

En proposant comme remède à notre cupidité une vie d’aumône dans la perspective du royaume des cieux, le Seigneur n’entend pas nous engager dans un style de vie au jour le jour qui ne prête pas attention aux besoins matériels. Il voudrait nous éviter de perdre le cœur de la vie qui se trouve dans la relation vivante avec Dieu et avec son prochain : « Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur ». Si le cœur (le centre) de ma vie n’est plus le gain, le profit, le business, mais l’amour pour Dieu et pour les autres, alors ma famille, mes enfants, mon épouse et mon époux passeront avant tout ce qui me fait amasser les richesses matérielles ; les personnes âgées, les malades et les pauvres passeront avant le désir de faire du bénéfice.

L’Aumône comme remède nous fait passer de l'accumulation pour soi au don et au partage avec les autres, il nous fait passer de propriétaire égocentré à intendant qui gère et met à disposition de ses frères de façon responsable les trésors de la vie qui lui sont confiés. Par ailleurs, l’aumône n’est pas seulement le partage d’un bien matériel ; nous pouvons et avons à partager notre temps, notre attention, notre sourire etc. Cependant, il ne faut pas y voir une forme d’appauvrissement personnel, mais un moyen d’enrichissement et de libération en vue du ciel. Et si ce n’est pas très clair pour nous, écoutons ce que dans le livre de Tobie, le père Tobith révèle à son fils :

« Mon enfant, (…) fais l’aumône avec les biens qui t’appartiennent. Ne détourne ton visage d’aucun pauvre, et le visage de Dieu ne se détournera pas de toi. Mon fils, agis suivant ce que tu as : si tu es dans l’abondance, donne davantage ; mais si tu as peu, donne selon le peu que tu as. Quand tu fais l’aumône, mon fils, n’aie aucun doute : tu te constitues un beau trésor pour les jours de détresse, car l’aumône délivre de la mort et empêche d’aller dans les ténèbres. Pour tous ceux qui la pratiquent, elle est une bonne offrande devant le Dieu Très-Haut » (Tb 4, 7-11).

Alors, poursuivons notre eucharistie en nous posant cette question fondamentale : mon trésor se trouve-t-il entre main, c’est-à-dire dans ce que je possède, ou alors il est au paradis. Demandons par Marie la grâce de ne pas être simplement des chrétiens qui ont trouvé leur trésor, surtout des chrétiens qui attendent leur trésor.

Loué soit Jésus-Christ !