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Wednesday 28 December - Anniversaire de la mort de Benoîte Rencurel (1718)
"Une ombre sur la crèche et sur le Laus..."
Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Trois jours après Noël, une ombre terrible est jetée sur la crèche avec ce massacre des enfants de la région de Bethléem. Une ombre est jetée aussi sur le sanctuaire du Laus, en ce jour qui commémore le décès de Benoîte ; et avec sa mort, la fin des apparitions en ce lieu béni.
Alors, que faut-il en conclure ? La joie de Noël est telle condamnée à l’éphémère ? Les grâces du Laus n’ont-elles qu’un temps ? Et par-delà le massacre de Bethléem et la mort de Benoîte, ce sont toutes nos réjouissances terrestres qui sont interrogées, tout ce que nous cherchons à construire et qui peut se trouver balayé en un instant. Qu’est-ce que ces deux événements douloureux nous permettent de comprendre de notre vie ?
D’abord, ils nous aident à distinguer dans l’espérance ce que le Christ a déjà acquis et ce n’est pas encore totalement donné. La victoire du Sauveur sur la mort est totale, définitive. Nous l’expérimentons dans notre vie, quand des lueurs de résurrection nous soutiennent de manière formidable. Mais tout n’est pas encore définitivement là. Les quatre semaines de l’avent nous ont aidé à accepter cette réalité des temps où nous sommes : ne pas attendre vainement le Ciel sur la terre, mais vivre unis au Ciel pour y être déjà en espérance.
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Ensuite, le massacre de Bethléem nous invite à ne pas nier la puissance des œuvres de mort. Elles se déchaînent quand le Sauveur du monde prend chair ; elles se déchaînent quand nous cherchons à faire le bien et à nous approcher davantage du Seigneur ; elles se sont déchaînées dans la vie de Benoîte, jusqu’à l’épuiser… ce qui l’a conduit à la mort.
Ne cherchons pas vainement à nier la puissance des ténèbres, à la fois pour ne pas rejeter sur Dieu la responsabilité du mal qui revient à Satan, et pour ne pas penser que nous pouvons nous dispenser d’un combat contre le Mal. Si nous ne vivons pas ce combat, c’est sans doute que nous ne sommes pas assez au Christ.
Mais nous l’entendions le jour de Noël : « la lumière est venue dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ». Nous croyons à la puissance du Christ, bien plus forte que celle de Satan. Toute évocation d’un drame est donc pour nous, dans le même moment, la confession de l’espérance en la puissance de la vie.
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Mais plus encore, osons le dire : le massacre des enfants de Bethléem comme les attaques dont Benoîte a été victime ne sont que l’expression de la défaite du Mal, qui cherche encore à blesser, et parfois à le faire violemment, mais qui ne peut plus rien contre le Maître de la Vie. Les enfants de Bethléem sont assurément les premiers à avoir suivi le bon larron au Paradis.
Benoîte, blessée par le Malin jusqu’au sang, a pu percevoir au cœur de ses souffrances que ces attaques démoniaques n’étaient plus que l’expression pathétique de celui qui a perdu et qui cherche encore à prendre une part, une illusion de victoire.
La fête de ce jour est donc bien un prolongement de Noël, en même temps qu’une annonce, déjà, du mystère pascal : comme pour nous aider à ne pas dissocier Bethléem et Jérusalem, la naissance et la Pâque du Christ, la crèche et la croix.
Le Verbe fait chair n’et pas venu simplement nous visiter, Il est venu nous sauver. Il s’est fait l’un de nous pour pouvoir vraiment nous sauver, car nous en étions incapables par nos seules forces : incapables de l’emporter sur le Mal, incapables de l’emporter sur la mort. Il fallait que Dieu se fasse l’un de nous pour que nous soyons sauvés.
Gloire à Dieu, paix sur la terre, joie dans le ciel, pour l’éternité.
Amen.