Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Saturday 11 April - La fin du grand confinement
Vigile Pascale
Par le père Ludovic Frère, recteurVigile pascale – Samedi 11 avril 2020
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
La fin du grand confinement
Le confinement n’est pas terminé, mais ce soir, il a bien quelque chose qui s’achève : la fin d’une attente, la fin d’une angoisse.
Le confinement n’est pas terminé, mais un confinement plus étouffant arrive à son terme : le péché, qui confine dans une existence mortifère ; et la souffrance, la peur, les divisions... tout ce qui confine nos vies, bien trop à l’étroit sur cette Terre, avec la perspective terrifiante d’être un jour confiné pour toujours dans une tombe.
Non, ce soir, le confinement de notre vie mortelle et de notre condition pécheresse trouve enfin une porte de sortie, et pour toujours : Christ est ressuscité !
Pour arriver jusqu’à cette sortie, il a fallu parcourir un long chemin, celui du Carême. Le Carême de cette année, on s’en souviendra longtemps, c’est certain ! Cette période de pandémie est si particulière ; elle nous fait revisiter ce que nous faisons de nos vies, pourquoi et avec qui nous le faisons. En fait, il se pourrait bien que, cette année, nous ayons vraiment vécu un Carême authentique.
* * *
Et ce soir, nous voici arrivés au terme du confinement existentiel !
Au début de la veillée, l’Église nous a fait chanter l’exultet, proclamant devant le Seigneur : « dans la nuit ton peuple s’avance, libre et vainqueur ! » Oui, par le Christ traversant la mort, nous voilà libres et vainqueurs !
Pour en prendre conscience et nous en émerveiller, la Parole de Dieu a progressivement éclairé notre espérance. Elle a réveillé nos somnolences et interrogé nos confinements. Une longue série de lectures : la Création, le sacrifice d’Isaac, le passage de la mer rouge, la manifestation de la miséricorde, la promesse d’une alliance nouvelle, la lumière de la Sagesse, le don d’une eau pure, l’annonce de la vie nouvelle et enfin l’évangile de la Résurrection. Le tout ponctué de psaumes qui, loin d’être des pauses musicales, sont venus interpeler notre accueil de tant de promesses, mendiant la disponibilité de nos cœurs.
Oui, ça a été un peu long, cette série de lectures !... Vous ne vous êtes pas trop ennuyés ? Ah pardon, mais si l’Alliance avec Dieu vous ennuie, il est temps ce soir de vous y convertir ! Rien n’est plus important sur Terre que d’entendre l’invitation à l’Alliance éternelle, pour rendre nos vies belles, éclairer celle des autres et nous préparer au Ciel !
À part pour ceux qui soignent en ce moment des malades, il n’y avait rien de plus utile à faire ce soir que prendre le temps d’accueillir cette Alliance. Tout ce que nous aurions fait d’autre aurait été bien moins nécessaire. Il nous fallait être là, même par écran interposé. Il fallait prendre le temps d’écouter le Seigneur nous ouvrir progressivement à la - merveilleuse, inconcevable et tant attendue - grande Nouvelle qui transforme toute la réalité : la mort est vaincue, le Mal a perdu, les péchés sont pardonnés, Satan est terrassé. Christ est ressuscité !
* * *
Alors oui, ça a pris du temps. Mais que voulez-vous : nous sommes lents à croire, lents à ouvrir nos cœurs, lents à laisser la lumière rejoindre les profondeurs de nos obscurités. Alors, les récits bibliques sont venus, au fur et à mesure, creuser en nous le grand appel, la grande acclamation : ALLELUIA ! C’est-à-dire : « Louez Dieu ! » ALLELUIA !
Une acclamation qui devrait habiter chacune de nos journées : en vous levant, louez Dieu, Alléluia ! En mangeant, louez Dieu, Alléluia ! En aimant, louez Dieu, Alléluia ! En travaillant, louez Dieu, Alléluia ! En souffrant, louez Dieu, Alléluia ! En vous confinant, louez Dieu, Alléluia ! En mourant, louez Dieu. Alléluia !
Notre vie devrait être un Alléluia permanent ! Depuis le 26 février, ce chant est mis en quarantaine : absent de nos liturgies, pour retentir cette nuit comme un grand cri de joie tout neuf. Alléluia ! Louez le Seigneur !
À vous de le proclamer : ALLELUIA !
Même si vous êtes seul chez vous ce soir, criez maintenant : ALLELUIA ! Et si vous êtes à plusieurs, dites en chœur : ALLELUIA !
* * *
Il faudrait proclamer l’Alléluia comme le premier cri d’un enfant sortant du ventre maternel. Nous qui sommes nés à la vie éternelle par le mystère de Pâques, c’est bien là notre cri originel, le premier souffle de la Vie nouvelle, qui n’en aura pas de dernier : ALLELUIA !
C’est l’hymne des baptisés ! Notre cri de naissance, notre signe de reconnaissance, notre chant pour aller au combat : ALLELUIA !
Nous voici nés au Ciel, nés à la vie divine ! Par l’offrande du Christ, par l’amour du Père, par la dynamique de l’Esprit Saint, nous sommes sauvés, ALLELUIA !
Tout est donné par pure grâce. Aucun mérite de notre part en cette nuit lumineuse, sinon celui d’avoir accepté de veiller, pour recevoir ce salut par une vie qui cherche à y correspondre. Peu d’efforts, en fait : il nous suffit juste d’accueillir la lumière pour proclamer ALLELUIA !
Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, ALLELUIA !
<xml> </xml>