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dimanche 16 juin - 11e dimanche du temps ordinaire
"Tout est grâce !"
Par le père Michel Dorthu, chapelain
Tout est grâce ! Dans la première lecture, nous pouvions voir un David rassasié, comblé des dons de Dieu : "Je t’ai sacré roi… je t’ai sauvé… puis je t’ai donné… je t’ai donné… je t’ai donné… et, si ce n’est pas encore assez, j’y ajouterai tout ce que tu voudras". David, un homme à qui le Seigneur a beaucoup donné ! Mais également un homme ''gâté''… qui semble s’habituer à la grâce ! Un homme qui en fait sa propriété exclusive, au point de ne plus l’estimer, l’apprécier, la goûter… au risque de la mépriser. "Pourquoi donc as-tu méprisé le Seigneur ?" Pourquoi as-tu joué à l’enfant gâté ? Pourquoi ? Et c’est le péché de David, l’adultère avec Bethsabée et le meurtre du mari de celle-ci. Le cercle infernal se referme jusqu’au jour où survient le Prophète. David prend conscience d’un manque, une cassure, une rupture… c’est cela le péché.
Une femme perdue, une courtisane, une pécheresse publique… l’Évangile met à l’avant- plan cette femme de mauvaise réputation pour nous initier aux mystères de la Bonne Nouvelle.
"Femme, tes péchés sont pardonnés". Ce n’est que le péché qu’on reconnaît qui peut devenir une bénédiction. Si nous ne voulons pas reconnaître que nous sommes pécheurs, nous n’avons pas besoin de miséricorde. Le pardon de Dieu est superflu. Dans ce cas-là, le péché ne peut devenir ce qu’il était destiné à devenir dans la pensée de Dieu : une porte ouverte à son amour. Il y a plus de bonheur, de joie, à être constamment l’objet du pardon de Dieu qu’à être prisonnier de sa propre suffisance. L’aveu de notre péché nous donne la chance de rencontrer le Seigneur d’une façon tout à fait nouvelle. On ne cesse pas de faire des découvertes dans le royaume de l’Amour.
"Femme, tes péchés sont pardonnés". L’expérience du péché et du pardon est peut-être un lieu – contradictoire en apparence – d’une expérience de la tendresse. Il peut y avoir une présence de l’amour au cœur du péché, d’un amour qui guérit, qui rachète. Ne faut-il pas quelquefois avoir vécu l’expérience destructrice du péché pour découvrir la puissance rédemptrice et restauratrice du pardon ? Tout l’Évangile est tissé de cette bonne nouvelle : nous sommes des hommes pardonnés ! "Heureuse faute qui nous valut pareil Rédempteur", chantons-nous la nuit de Pâques ! Oui, heureuse faute, car l’Évangile nous donne de reconnaître que là où le péché a abondé, la grâce a surabondé, que Dieu a pour nous des débauches de tendresse. Il lui a été pardonné, dit Jésus en regardant la courtisane, parce qu’elle a cru en l’amour, possible, malgré tout.
Le pardon reçu, est la surabondance de la Passion de Dieu pour nous, le "don par-dessus". Si le temps est venu pour nous où Dieu nous fait grâce, s’il est venu pour nous le temps de rendre grâce, il est aussi venu pour nous le temps de vivre en grâce. S’il avait compris les débordements de l’amour de Dieu, le pharisien Simon, le juste, notre aîné, notre frère, aurait sans doute compris qu’au-delà du parfum de femme répandu, Jésus voulait nous faire sentir bon l’amour de Dieu.
Saint Jean de la Croix ose prétendre que les plaies qui proviennent de misères et de péchés peuvent devenir des plaies d’amour (Vive Flamme II, 7). Le péché ne doit pas nécessairement troubler la relation avec Dieu. Il le fait, certes, au moment même où il est commis. Mais l’instant d’après, quand il est ‘étalé’ devant le Seigneur, il peut approfondir la relation d’amour.
Le péché, dans un cœur contrit et humilié, est source de miracles. Car il provoque la miséricorde ; il peut nous livrer définitivement à l’amour. Et lui seul, peut-être !