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Sunday 17 August - 20e dimanche du temps ordinaire
Ta Foi est grande !
Par monseigneur André Fort« Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ».
Chers Frères et Sœurs, saurons-nous entendre aujourd’hui la parole de Jésus, saurons-nous l’entendre comme un appel et une promesse qui nous sont personnellement adressés ?
Quelle décision avons-nous prise, dans quelle démarche nous sommes-nous engagés pour nous trouver ici rassemblés ? Dans quelles dispositions profondes de l’intelligence et du cœur sommes-nous, alors que nous venons d’entendre la parole du Christ et que nous attendons d’accueillir sa présence dans l’Eucharistie ?
« Femme, ta foi est grande ». Qui est cette femme, d’où vient-elle, que vient-elle faire ?
Cette femme est une cananéenne. Aux yeux des Israélites bien-pensants, une étrangère et une païenne. Elle appartient à cette population depuis toujours hostile au Peuple élu par Dieu, obstinément attachée au culte des idoles, capable de sacrifier à Baal ses propres enfants.
Or, cette cananéenne est une mère bouleversée par la souffrance de son enfant. Cette souffrance est si grande qu’elle n’en doute pas « sa fille est tourmentée par un démon ».. Que sait-elle de Jésus, comment a-t-elle appris que Jésus était dans la région, Matthieu ne nous le dit pas, mais il nous rend compte avec précision de ce qui s’est passé entre cette femme et Jésus.
Elle crie « Aie pitié de moi, Seigneur fils de David, ma fille est tourmentée par un démon ». « Aie pitié de moi ». La souffrance de sa fille est la sienne, c’est la chair de sa chair qui est tourmentée par un démon. « Seigneur fils de David ». Elle, une cananéenne, elle donne au juif Jésus le titre de Seigneur. Fils de David, elle en appelle à son origine davidique alors David a été le vainqueur de Goliath et des Philistins.
A l’étonnement de ses disciples, Jésus laisse cette femme crier sans lui répondre. Alors ils interviennent : « Donne-lui satisfaction, elle nous poursuit de ses cris ». Déconcertante réponse de Jésus : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ». Dieu est fidèle, malgré les infidélités du peuple qu’il a choisi, il lui maintient ses privilèges et lui accorde la priorité
La femme ne se décourage pas, rien n’arrête son élan. Elle se prosterne devant Jésus : « Seigneur, viens à mon secours ». Alors Jésus lui parle : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». La femme ne s’indigne pas, ne proteste pas. En présence de Jésus elle ne se sent ni humiliée ni rejetée, elle ne conteste pas sa parole, bien au contraire elle s’appuie sur elle pour renouveler sa demande : « C’est vrai, Seigneur, mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». C’est vrai, tu dis vrai. Mais justement, dans ta justice tu accordes des miettes de ton pain.
Jésus est saisi d’admiration : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ». Comme tu le veux, selon ta volonté dans la foi qui est la tienne.
Frères et Sœurs, entendons bien la parole de Jésus, comprenons bien l’enseignement qu’il nous donne.
La femme a donné à Jésus le titre de Seigneur. Le Seigneur est celui à qui appartient le pouvoir, celui dont la parole fait autorité, celui avec lequel on doit s’accorder dans l’obéissance, avec une totale confiance. Cette confiance fonde l’accord des volontés dans l’assurance que la volonté du Seigneur ne peut être que celle de notre bien.
Réjouissons-nous, Frères et Sœurs, en reconnaissant que l’Evangile n’a pas de frontière. La bonne nouvelle du salut atteint tous les hommes qui cherchent à rejoindre Jésus et qui lui font confiance. Quand l’homme est capable de compassion et de dévouement comme la cananéenne, il est capable de foi, d’espérance et de charité. Parce que cette richesse est celle du cœur de tout homme, elle interdit tous les communautarismes, sources de marginalisation et d’exclusion. Mais il faut que l’Evangile soit proclamé et le Christ annoncé à tous les hommes.
Le 19ème siècle a été celui de l’industrialisation, de l’urbanisation et du colonialisme. Le 20ème siècle celui des idéologies nazie et communiste, de deux guerres mondiales, de l’énergie atomique et de la conquête spatiale, le 21ème siècle connaît la révolution numérique, la mondialisation de l’information et des communications, les flux migratoires, le brassage des peuples et des cultures. Nous avons à relever ces défis. Nous ne pourrons le faire de manière fructueuse et pacifique que dans un esprit d’ouverture et d’accueil, de compréhension bienveillante et de solidarité.
Quelle belle leçon le Christ donne aujourd’hui à son Eglise. En répondant à l’appel de la cananéenne il nous appelle à faire tomber les murs du chacun pour soi et à franchir les frontières des habitudes et des coutumes. Aujourd’hui un chrétien doit être un croyant instruit du passé mais tourné vers l’avenir, la Bible dans une main et le journal dans l’autre, attentif aux événements pour les éclairer à la lumière de la Parole de Dieu.
Que l’Esprit de pentecôte souffle avec puissance dans l’Eglise et sur toute l’humanité ! Prions en communion avec le Pape François et tous nos frères et sœurs d’Asie à l’écoute de sa parole, célébrons le Christ Prince de la Vie et Maître du Bonheur envoyé par le Père pour guérir et sauver tous les hommes. Amen !