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samedi 14 février - 6eme dimanche du Temps Ordinaire
Skier pour la gloire de Dieu !
Par le père Ludovic FrèreFrères et sœurs, la beauté des montagnes et les joies de la neige réjouissent nos yeux et nos cœurs, mais interpellent aussi nos âmes, pour qu’elles s’en remettent à l’Auteur de toutes ces merveilles. Devant tant de beauté, nous nous rendons : nos lâchons nos raideurs et nos orgueils de pacotille.
Par ailleurs, ceux parmi nous qui séjournent à Notre-Dame du Laus peuvent reconnaître aussi combien le calme du sanctuaire, la force du message et la douceur des apparitions vécues par Benoîte nous appellent à nous laisser faire dans les mains du Seigneur. Nous sommes l’argile, il est le potier, dirait le prophète Jérémie. Ou de manière plus circonstanciée : nous sommes la neige, il est l’enfant faisant de nous un bonhomme de neige qui réjouira les yeux des passants.
Oui, nous laisser faire dans les mains du Seigneur ! C’est bien ce que nous invite à oser vivre l’évangile de ce dimanche. Toutes ces expressions qui sont à la mode - « lâcher prise », « laisser faire », « s’abandonner » - nous sentons bien qu’elles résonnent en nous comme un appel ; mais nous risquons de nous cacher derrière des formules, sans que ça ne change rien à notre vie concrète.
Et voilà le Christ, qui paraît sur la route où se trouvait un lépreux. Ainsi, Jésus nous révèle d’abord qu’il est là, toujours présent sur nos chemins et ne craignant pas de nous rejoindre malgré nos lèpres parfois bien repoussantes.
Puis, il nous fait saisir son désir de nous toucher jusque dans notre corps blessé, pour nous dire au même instant : « je le veux, sois purifié ». S’abandonner à Dieu, c’est donc en fait entendre sa volonté : « je le veux, sois purifié ». Et alors, cette parole devient efficace dans nos vies, selon des rythmes et par des chemins qui n’appartiennent qu’à Dieu.
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Laisser faire le Seigneur, ce n’est pourtant pas seulement un comportement de disponibilité intérieure, car on est alors encore un peu dans la maîtrise des choses. Par l’exemple de la lèpre, le Christ nous fait comprendre qu’il nous faut encore bouleverser notre conception de son agir. Car la lèpre est une maladie grandement contagieuse ; mais voilà qu’en touchant l’homme malade, le Christ n’est pas contaminé, c’est lui-même qui contamine le lépreux de sa bonne santé.
Oui, la bonne santé de Jésus est contagieuse ; sa victoire sur la mort est contagieuse ; sa sainteté est contagieuse. Le Seigneur nous rejoint par contagion, non par simple appel à faire comme lui. La sainteté ne sera jamais le fruit de nos victoires personnelles sur le mal, mais de notre acceptation de nous laisser contaminer par Dieu, quoi qu’il en coûte à nos biens terrestres, à notre honneur, à notre orgueil.
C’est l’expérience que fit Benoîte au sanctuaire du Laus, par la grâce particulière des parfums : elle sentait une bonne odeur avant d’entrer dans un temps d’apparition. Mais aussi, à l’issue de ces rencontres célestes, elle-même était imprégnée de parfum. Elle n’a fait aucun effort pour cela ; elle a juste vécu une rencontre, qui l’a pour ainsi dire contaminée de la bonne odeur du Ciel. La vie chrétienne consiste essentiellement en cela : nous laisser contaminer par la grâce divine ; nous laisser contaminer par la joie du Ciel, par la force du bien, par la douceur de l’amour divin.
C’est d’ailleurs bien pour cela que nous venons à la messe : nous nous laissons alors contaminer par la Présence réelle du Dieu vivant, afin de contaminer à notre tour le monde de sa présence.
On comprend donc que saint Paul, dans la deuxième lecture, ait voulu nous ouvrir à la réalité d’une telle contamination, pour qu’elle gagne toutes les réalités du monde. Il nous dit : « frères, tout ce que vous faites : manger, boire et toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu ». Cette semaine, avons-nous skié pour la gloire de Dieu ? Avons-nous contemplé les paysages pour la gloire de Dieu ? Et sommes-nous disposés à le faire davantage encore dès ce soir, demain et quand vous serez de retour chez vous ? « Tout ce que vous faites… faites-le pour la gloire de Dieu ». Et ainsi, notre monde sera toujours davantage contaminé par la présence lumineuse, douce et puissante du Seigneur, qui veut pour nous le meilleur !