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Monday 13 June - Lundi de Pentecôte et fête de Notre-Dame du Laus
"Salutation !"
Par Mgr Félix Caillet, vicaire général
« Quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle ! »
Nous sommes-nous quelquefois arrêtés aux salutations entre ces deux femmes dans la montagne de Judée ? Peut-être pas ! Tout simplement par ce que nous ne faisons même plus attention aux salutations que nous nous échangeons. On ne saura rien de cette salutation de Marie à sa cousine mais ce que nous savons c’est qu’elle a fait naître cette réponse d’Elisabeth : « tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. » Cette salutation est d’une grande beauté, d’une grandeur d’âme extraordinaire. Se saluer en reconnaissant que l’autre est béni, en reconnaissant que celui que l’on rencontre est sujet de grâces, qu’il bénéficie d’une attention toute particulière de la part de son Seigneur. Nous aurions compris qu’Elisabeth ait pu penser qu’au regard de son âge, au poids de ses prières et de ses supplications incessantes, c’est elle qui aurait dû être choisie pour mettre au monde le Messie attendu. Rien de cela dans son cœur… mais cette attitude d’effacement, d’humilité. Elle dit à sa cousine : « tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. » La salutation engage la qualité de la relation qui va suivre. Si l’on se contente d’un salut rapide, à peine audible, (Bonjour ! Salut!), il ne faudra pas être surpris qu’il soit impossible d’écouter l’autre et de lui parler dans une relation de qualité. Apprendre à saluer comme Elisabeth et Marie est une attitude naturelle à se forger. A nous de nous mettre à l’école de ces deux femmes, ces deux cousines : approcher l’autre en reconnaissant qu’il est aimé par le Seigneur, que l’amour de Dieu le couvre de bénédictions. Ouvrir la relation avec l’autre en reconnaissant ce qu’il porte en lui de grand, qu’il est porteur d’un projet, d’un choix du Seigneur sur lui… c’est se donner la chance d’une rencontre en grâces car l’autre est rempli de grâces. Les discussions qui consistent à exposer à l’autre tous ses bobos, toutes ses misères… (nous connaissons les échanges des tamalous), cette attitude ne fait que renfermer l’être humain sur lui-même lui interdisant de s’ouvrir à l’autre. « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni ! » Telle est la réponse d’Elisabeth à sa cousine.
Cette salutation, elle est aussi à vivre dans notre prière. Souvent, nous nous disons : je ne sais pas prier ! C’est peut-être tout simplement par ce que nous ne savons pas saluer le Seigneur. Toute prière commence par une salutation qui consiste à nous mettre en présence du Seigneur : « béni sois-tu, Seigneur Dieu de tendresse et d’Amour ! » Nous mettre en présence du Seigneur pour entrer en relation avec lui. De la qualité de notre salutation au Seigneur dépend la qualité de notre prière. Se mettre en sa présence, c’est comme le dit Saint Paul aux Ephésiens : c’est se décentrer de ses misères, de ce qui nous replie sur nous-mêmes pour d’emblée reconnaître que « Dieu est riche en miséricorde. Il nous fait revivre avec le Christ et c’est par grâce que nous sommes sauvés ! » Saluer ainsi le Seigneur, c’est entrer dans la joie du don d’Amour qu’il nous fait chaque jour avant même que ne commence notre journée. « Il nous a créés en Jésus-Christ pour que nos actes soient vraiment bons ! »
La salutation de ces deux femmes va les ouvrir à la prière de reconnaissance et d’actions de grâces. Reconnaitre que l’autre est béni du Seigneur c’est comme par effet de boomerang reconnaître : « comment ai-je ce bonheur de vivre cette rencontre ? » « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Se saluer à la manière d’Elisabeth et de Marie, c’est donner chance à la reconnaissance, au chant d’actions de grâces, c’est s’ouvrir à la capacité de reconnaitre pour le chanter, toute l’œuvre du Seigneur, par son Esprit et grâce à l’Amour du Père. C’est laisser le soleil de l’Amour entrer dans la grisaille de sa journée. C’est pouvoir reconnaitre que le Seigneur se penche sur nous, que pour nous il déploie la force de son bras, qu’en nous il élève les humbles, qu’à chaque instant il se souvient de son amour. De la salutation lors de la visitation, jaillit un chant de reconnaissance, de paix et de joie : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur ! » Les pauvres de notre monde nous évangélisent, les plus démunis, les plus méprisés nous ouvrent à cette attitude de cœur de la reconnaissance dès lors qu’on les approche avec respect. Les humbles de notre monde attendent de pouvoir reconnaître de par la manière dont nous les saluons que le Seigneur renverse les puissants de leurs trônes, qu’il renvoie les riches les mains vides, qu’il les élève par son Amour. Il y a une manière de donner qui restera toujours méprisante ! Du don jaillit la joie si d’abord nous savons nous saluer, nous approcher avec respect profond et amour véritable. Là se situe la Sagesse dont le Seigneur nous comble. « Cette sagesse est la mère du bel amour, de la crainte de Dieu, de la connaissance et aussi de la sainte espérance »…
Alors, frères et sœurs dans le Christ, je vous invite à prendre le temps de saluer un de vos voisins avec la grandeur d’âme et la sagesse qui habitaient Marie et Elisabeth.