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Sunday 9 December - 2ème dimanche de l'Avent
Préparez le chemin du Seigneur
Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaireDimanche 9 décembre 2018 - 2ème Dimanche de l'Avent
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Préparez le chemin du Seigneur !
Une pure merveille, cet oracle du livre d’Isaïe ! Permettez que je vous le relise :
« Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ;
et tout être vivant verra le salut de Dieu. »
Tout ravin, toute montagne, toute colline, tout être vivant : la prophétie nous parle d’une totalité. Oui, quelque chose de « total » nous est promis. Quelque chose de « plein » nous attend. Pas du partiel ou de l’éphémère, mais une totalité à la mesure de nos désirs de vie !
Dans l’histoire du Laus, après avoir communié, Benoîte dit un jour qu’elle avait alors « tout ce qu’il lui fallait ». Et elle appelait Jésus Lui-même « son tout ». Ah, si nous pouvions confesser la même chose ! Jésus est-il vraiment notre « tout » ? La question est importante, car s’il n’est pas tout, il risque de devenir accessoire. Et un accessoire, on l’utilise, on ne se laisse pas conduire par Lui. Si Jésus n’est pas notre tout, nous trouverons toujours mieux à faire que préparer ses chemins.
Alors, pour que Jésus devienne le tout de notre vie, écoutons bien la voix qui crie dans le désert. Elle nous dit d’abord : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. ». Une mission nous est confiée. Mais l’oracle continue : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ».
« Préparez le chemin », « rendez droits ses sentiers » : ce sont des impératifs. C’est ce que Dieu attend de nous. Mais ensuite, les verbes sont au passif : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ». Dans le vocabulaire biblique, on parle ici de « passif divin ». Il s’agit donc d’entendre : « Tout ravin sera comblé par Dieu, toute montagne et toute colline seront abaissées par Lui ».
De cette révélation prophétique, je vous propose de retenir alors trois grandes pistes pour poursuivre cet Avent de manière vraiment fructueuse et ainsi bien nous préparer à Noël.
* * *
Première piste : la vie spirituelle est toujours une histoire d’Alliance. C’est une rencontre, un dialogue entre Dieu et sa créature. C’est une partition chantée à deux voix : ne laissez donc pas le Seigneur chanter tout seul et ne croyez pas qu’il vous laisse en soliste. C’est une alliance.
Ainsi, dans l’oracle d’Isaïe : l’être humain doit préparer la route et rendre droit le chemin. C’est sa disposition intérieure, c’est sa participation à l’alliance. Ou plutôt, c’est sa réponse à l’alliance voulue par un Dieu qui fait l’essentiel du travail, tout le gros terrassement : combler les ravins, abaisser les montagnes et les collines, rendre droits les passages tortueux et aplanir les chemins rocailleux. Le Seigneur ne ménage pas sa peine pour faire vivre cette alliance qu’il désire si profondément avec nous !
Pourtant, nous avons souvent tendance à penser les événements de la vie comme si nous étions seuls, et qu’il fallait crier fort pour que Dieu nous entende. Et crier plus fort encore pour qu’il daigne intervenir. Trouver les bons mots, les arguments, amadouer le Seigneur pour qu’il s’intéresse à nous.
Mais ce n’est pas ainsi que Dieu nous révèle être en alliance avec nous : c’est Lui qui fait presque tout. Il nous demande juste une chose : préparer son chemin, ou pour prendre une autre image qu’on trouvera dans l’Apocalypse : lui ouvrir la porte. Le Seigneur prépare tout, s’occupe de tout, donne tout. Il nous reste juste à ouvrir la porte pour que sa grâce puisse nous rejoindre au plus intime.
Alors, ouvrez la porte, ne la verrouillez pas ! Ouvrez la porte, comme vous ouvrez peut-être chaque jour de cet Avent les petites fenêtres de vos calendriers. Je ne sais si vous tenez un calendrier de l’Avent. Les enfants, sans doute ; chacun son calendrier ou un seul pour la famille. J’ose vous confesser que moi aussi, j’ai mon calendrier de l’Avent, avec chaque jour un petit chocolat Milka. Ça n’est pas désagréable…
Mais surtout, ça peut être un petit soutien utile dans la vie spirituelle de cette marche d’Avent : à chaque fois que nous ouvrons une petite fenêtre du calendrier, nous pouvons raviver notre désir d’ouvrir plus grand l’espace à notre Dieu et aux autres. Au fur et à mesure qu’on approche de Noël, de plus en plus de fenêtres du calendrier vont logiquement être ouvertes ; comme un appel à ce que notre coeur le soit pareillement.
Et alors, le Seigneur a le champ libre. Il peut entrer, il peut commencer les travaux, car le chantier est sans doute énorme : et voilà notre Dieu qui terrasse, qui arase, qui creuse, qui remplit… C’est l’œuvre de sa grâce : « Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ».
Voilà pour la première piste : ouvrir la porte au Christ. Lui ouvrir les fenêtres de nos vies. Et lui, il peut alors travailler nos cœurs.
* * *
Une deuxième piste permet au Seigneur de vraiment nous travailler de l’intérieur et de travailler nos relations les uns aux autres. Cette deuxième piste est sous mode d’interrogation : quels sont donc les les ravins, les collines, les passages tortueux et les chemins rocailleux que le Seigneur doit travailler en vous ?
Quel est le ravin qui doit être comblé pour que le Seigneur puisse rejoindre la profondeur de votre être et chacune de vos préoccupations ? Quelle est donc la montagne qu’il doit venir abaisser ? Montagne d’orgueil ou de souci, quelle est votre montagne ? Et puis, vos passages tortueux, quels sont-ils ? Qu’y a-t-il en vous de tellement tordu que ça vous rend profondément triste ?...À moins que vous ayez décidé, avec une fatalité injustement appelée lucidité, qu’il en était ainsi, et qu’on n’y pouvait rien. Le Seigneur annonce qu’il vient rendre droit ce qui est tordu. Alors, qu’y a-t-il de tortueux, que Dieu doit venir rendre droit en vous ?
Et vos chemins rocailleux : quels sont-ils ? Ces gros cailloux qui vous empêchent d’avancer droit dans la vie ; des cailloux que vous ne voyez peut-être même plus, tant ils vous sont devenus familiers. Mais ils vous empêchent d’avancer droit. Vous vous prenez les pieds dedans, vous tombez, vous vous écorchez, votre sanctification en est abîmée, votre salut fragilisé.
Mais l’idée d’évacuer ce gros caillou du chemin, vous vous dites peut-être que ce n’est pas possible, que ce n’est pas à votre portée. Certainement ! Mais le Seigneur ne nous demande pas de déplacer les gros cailloux par nos forces. Il annonce que c’est Lui qui peut aplanir les chemins rocailleux. Laissez-Le donc faire ! Croyez qu’il veut et qu’il peut le faire !
Voici la deuxième piste que je vous propose pour continuer votre marche d’Avent. Une piste faite à la fois de lucidité et de confiance ; lucidité sur ce qui doit être travaillé par la grâce et confiance dans la grâce qui nous travaille. Je vous invite donc à prendre aujourd’hui le temps d’identifier au moins un ravin qui en vous a besoin d’être comblé, au moins une montagne qui a besoin d’être aplanie, au moins un passage tordu qui a besoin d’être redressé et au moins un caillou qui a besoin d’être retiré. Ravin, montagne, passage tortueux et caillou : au nombre de 4, comme les bougies de l’Avent, ça peut aider à s’en souvenir. C’est la 2e piste que je vous propose.
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Troisième et dernière piste : nous la trouvons au terme de cet oracle d’Isaïe. Il se conclut ainsi : « Et tout être vivant verra le salut de Dieu ». Le salut - c’est-à-dire l’agir puissant de Dieu pour nous libérer du mal et nous sortir de la mort – nous allons le voir. Oui, dans quelques jours, nous le verrons. Nous le verrons couché dans une mangeoire.
Mais ce sera de nuit. L’Avent nous prépare à voir les choses dans la nuit. L’Avent nous dispose à découvrir dans l’obscurité, la lumière qui vient tout éclairer.
Je vous encourage donc à modérer votre utilisation des éclairages artificiels pendant ce temps de l’Avent. Pas seulement pour faire un geste bon pour la planète, mais pour faire aussi un geste bon pour votre âme.
Un peu moins de lumière éclatante pour savoir découvrir la vraie lumière qui éclaire l’obscurité. Mettez des guirlandes pour décorer vos intérieurs, mais pas trop. Gardez à la préparation de Noël cette ambiance de lumière tamisée, bien nécessaire pour découvrir la Lumière du monde couchée dans la paille. « Tout être vivant verra le salut de Dieu ».
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Telles sont les trois pistes que je vous propose pour continuer l’Avent en laissant raisonner l’oracle d’Isaïe. Je vous les rappelle, avec leurs trois signes : le calendrier de l’Avent, les bougies de l’Avent et les illuminations de Noël.
- Le calendrier de l’Avent pour ouvrir portes et fenêtres, c’est-à-dire tout notre être, au Seigneur qui vient ;
- les 4 bougies de l’Avent pour nous interroger sur le ravin, la montagne, le passage tortueux et le chemin rocailleux qui ont besoin d’être travaillés en nous pendant ces jours ;
- et les illuminations de Noël, qui doivent être modérées pour qu’une douce lumière nous éclaire sur le salut de Dieu qui va nous être donné à voir.
Maranatha, viens Seigneur Jésus !