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Sunday 28 October - 30e dimanche du temps ordinaire
"Poussez des cris de joie !"
Par le Père Henri Dollier« Poussez des cris de joie pour Jacob…Faites résonner vos louanges et criez tous : Seigneur sauve ton peuple…
« Jésus fils de David aie pitié de moi »
- La foi est d’abord un cri, une exclamation, une proclamation comme nous y invite le prophète Jérémie dans la première lecture et le cri de supplication envers le Seigneur de Bartimée l’aveugle dans l’Evangile que nous venons d’entendre.
Cri du pauvre car l’attitude fondamentale de la prière et du croyant dans sa prière c’est cette attitude des béatitudes. « Heureux les pauvres … »
Rappelez-vous cette scène de l’Evangile quand deux hommes montent au temple, l’un au centre du temple recouvert de son beau châle de prière s’exprime devant Dieu et l’autre homme, lui à l’entrée du temple ose à peine lever les yeux vers son Seigneur : l’un regarde sa prière il est content de lui, il se regarde prier, l’autre regarde Dieu et lui parle dans une attitude de supplication, de pauvre, d’attente.
La foi n’est pas une attitude extérieure ou la proclamation d’un texte (même si un contenu est important), la foi est relation, communion avec Dieu, dialogue. La profession de foi baptismale est dialoguée. Il y a un jeu de questions et de réponses. Elle se reçoit et se professe. Elle nous implique dans notre liberté et dans toute notre personne (volonté, désir, intelligence). Jésus pose des questions « que veux-tu que je fasse » Questions et réponse indique une relation, un dialogue. « Rabouni, que je voie ! » Par cette expression, l’aveugle Bartimée manifeste une relation de complicité avec le Seigneur. Cela nous renvoie à la rencontre au matin de la résurrection entre Jésus ressuscité et Marie-Madeleine.
Cette foi est en même temps un don « nul ne peut dire Jésus est Seigneur si l’Esprit Saint n’est pas avec lui » (1 Co 12) Bartimée sera le premier à proclamer ouvertement la Seigneurie du Christ (en dehors du démon) et cela juste avant la montée à Jérusalem. Jésus est en route pour la Passion les yeux fixés sur Jérusalem.
La foi engage toute ma personne. Elle n’est pas qu’une réflexion intellectuelle, même si elle s’appuie sur la raison, elle la dépasse.
La foi est une vie, elle donne la vie : « Tout a été mis part écrit pour que vous croyiez que Jésus est le Fils de Dieu et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. » Saint Jean par la conclusion de son Evangile nous montre le but : avoir la vie par la foi. Bartimée par sa démarche de foi va retrouver la vie. Lui qui était immobile et assis, il va se mettre debout, il se met en marche. Il voit.
Dans l’Evangile de dimanche dernier les fils de Zébédée, Jacques et Jean, veulent siéger à droite et à gauche. Ils ne sont pas dans une démarche de foi : ils veulent siéger c’est à dire être assis, être installé. Nous aussi, on veut souvent être installé dans notre vie de foi.
Bartimée jette son manteau (peut être son unique bien) la foi vivante nous fait sortir de notre état stationnaire, avancer au large. Qu’est-ce qui nous donne de rester assis : un certain découragement ou jugement sur nous même : je n’y arriverai jamais, je suis nul, je ne sais pas faire…. Ou au contraire un orgueil, une suffisance : je gère, je fais tout ce qu’il faut, …
Il faut toujours dans notre marche dans la foi lâcher quelque chose : son manteau, sa sécurité, savoir se remettre à Dieu dans une pauvreté. Les épreuves de la vie peuvent être une grâce d’accueillir le Seigneur à travers notre épreuve, notre souffrance.
Bartimée va persévérer même si les disciples dans un premier temps le rabrouent car il dérange. La foi sera toujours un combat, il faut aller jusqu’au bout de notre appel. Comme dit l’épitre aux Hébreux il faut résister jusqu’au sang (Hb 12,4). En ce dernier jour du synode sur la nouvelle évangélisation, l’Eglise nous invite à cette ferveur, cette espérance dans la foi à nous particulièrement qui sommes une vieille terre de chrétienté. « Confiance, lève-toi, il t’appelle » A travers les disciples c’est déjà l’Eglise qui répercute l’appel de Jésus.
Bartimée va jeter son manteau, bondir et courir vers Jésus. Avez-vous vu déjà un aveugle bondir et courir ?
Cet aveugle est voyant. Il a les yeux de la foi. Il court vers Jésus, car il sait qu’il court vers la vie, vers son Seigneur, vers sa nouvelle vie. Il reste encore quelques instants aveugle sur le plan sensible mais les yeux de la foi sont déjà ouverts. Il voit l’invisible il court dans la certitude de la foi même si sur le plan sensible son regard reste obscur. L’important n’est pas de savoir où nous allons mais qui nous conduit. Il nous est demandé de nous laisser profondément conduire par Dieu, par sa Parole sur laquelle repose notre foi, notre appel. Abraham n’a pas fait autre chose comme père des croyants que de se laisser conduire par la Parole de Dieu sans savoir où il allait.
Au Laus, dans ce sanctuaire, c’est Benoîte et Marie qui conduisent et aident les pécheurs à accueillir la miséricorde du Seigneur. Il y a une grâce particulière dans ce lieu pour grandir dans la foi en la douceur de Dieu, de Marie qui nous éduque dans une foi en l’amour en la miséricorde du Seigneur pour chacun de nous, une foi en la présence : proche, forte et aimante de Dieu auprès de chacun de nous. Oui Seigneur comme Bartimée fait que je voie.
Amen !