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Wednesday 28 December - Fête des Saints Innocents, martyrs.
Plus qu’un an pour « l’année Benoîte »
Par le Père Ludovic Frère, recteur.Dans un an, jour pour jour, ce sera une date importante pour notre sanctuaire : l’entrée dans « l’année Benoîte ». Du 28 décembre 2017 au 28 décembre 2018, nous allons consacrer une année entière à la servante du Laus, dans l’espoir de la faire davantage connaître au plus grand nombre et que son intercession touche encore plus les cœurs.
Tous ceux parmi vous qui ont appris à la découvrir ont forcément été marqués par notre Benoîte. Alors, en ce jour anniversaire de sa mort - de sa naissance au Ciel – essayons ensemble de saisir comme un avant-goût de ce que nous pourrons contempler en pleine lumière l’année prochaine.
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D’abord, on pourrait faire un sondage pour savoir ce qui vous touche le plus dans la personnalité de Benoîte. Il me semble qu’un mot reviendrait bien souvent : sa simplicité. Benoîte n’était pas une femme compliquée, ça lui a d’ailleurs joué des tours plus d’une fois, notamment devant ceux qui se compliquent la vie en accordant trop d’importance aux titres et aux richesses.
Benoîte n’a jamais été séduite par tout cela ; il faut dire qu’elle avait eu la grâce de contempler la Beauté en Marie, dans les anges et dans les saints. Toutes les autres beautés terrestres doivent paraître bien pâles à côté d’une telle splendeur ! Notre amitié pour Benoîte peut donc tous nous aider à discerner et à choisir les vraies beautés, celles qui méritent qu’on y consacre du temps et que nos yeux s’y attardent, nous irons tout à l’heure terminer la messe devant la chambre de Benoîte, ce lieu de grande simplicité où elle rendit l’esprit le 28 décembre 1718. Un lieu qui fait du bien pour nous libérer de tout ce qui nous encombre.
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Benoîte nous touche aussi parce qu’elle est entière. Je me suis souvent demandé pourquoi le Ciel avait choisi de se compliquer la vie en choisissant une fille aussi têtue, impatiente et peu disposée à se laisser faire. Mais quelle grâce pour nous d’entendre que, pour les plus longues apparitions au monde, le Ciel n’a pas choisi une petite fille sans caractère ! C’est encourageant et apaisant : le Seigneur nous prend comme nous sommes, avec un caractère qui n’est pas un défaut, mais qui permet justement à la grâce de pouvoir s’accrocher.
Alors, par l’intercession de Benoîte, remercions le Seigneur pour ce que nous sommes, avec un caractère et une histoire qui nous font « uniques », des « uniques » pas toujours faciles à vivre et plein de contradictions ; mais c’est sur cette terre-là que le Seigneur a choisi de faire fleurir sa miséricorde. Soyons juste une Terre disponible, comme Benoîte a accepté de l’être.
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La servante du Laus touche aussi par sa bonne humeur ! Des combats, elle en a eus, mais elle est toujours restée de bonne humeur, souriante, amusante. Une vocation inséparable de la vocation baptismale : un chrétien ne peut pas être grincheux, désagréable, irritable.
Heureusement, personne parmi nous n’est ainsi, n’est-ce pas ? Et ce que j’entends de la part du personnel de cette maison, à la réception comme au restaurant, je l’ai sans doute mal compris : des amis de Benoîte qui râlent pour tout, ça n’est pas pensable ! Bon… heureusement que Marie a voulu ce lieu pour la conversion des pécheurs !
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Une autre qualité qu’on aime en Benoîte, c’est son bon cœur. Elle ne pouvait supporter de voir quelqu’un souffrir. Des enfants ont faim ? Elle leur donne ce qu’elle a à manger, disant qu’elle attendrait la semaine suivante pour se sustenter. Elle voit une femme monter au Laus pieds-nus dans la neige ? Elle lui donne ses sabots. Benoîte se retrouve donc elle-même pieds-nus dans le froid ; qu’à cela ne tienne, son cœur chaud lui tient de protection, sa charité en guise de souliers.
Je pense que le Seigneur, Marie, les anges, les saints, se manifestent à bien plus de monde qu’à une Benoîte ou une Bernadette, un Maximin ou une Yacintha. Mais pour voir le Ciel, qui est le royaume de la charité, il faut avoir des yeux adaptés à la charité. Benoîte a vu parce qu’elle avait les yeux ouverts sur les besoins des autres.
Notre pape François en a fait le grand appel à la mobilisation générale pour les suites à donner à l’année de la miséricorde : une culture de la charité, une révolution de l’attention aux besoins des autres. C’est ainsi qu’on rencontre le Ciel ! Notre époque nous montre à quel point courir après nos besoins personnels ne comble pas. Parce qu’en fait, on désire bien plus grand ; Benoîte nous rappelle qu’en renonçant à nous-mêmes pour soigner ceux qui sont dans le besoin, alors notre cœur est comblé !
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On pourrait trouver encore bien d’autres qualités à notre chère Benoîte. J’en retiens une dernière, qui marqua sa vie comme sa mort : le don de soi, dans un consentement qui va jusqu’au bout.
Depuis la date de la révélation du nom de Marie, un 29 août, jour du martyre de saint Jean-Baptiste, jusqu’à la date de la mort de Benoîte, un 28 décembre, jour des saints innocents, en passant par l’apparition de saint Maurice, mort en martyre, et jusqu’aux manifestations du Crucifié à Benoîte sur la croix d’Avançon : toute la vie de la bergère est marquée par le martyre, c’est-à-dire par le témoignage qui va jusqu’au bout.
Benoîte a été témoin jusqu’au bout. Elle n’a pas laissé tomber après quelques mois de difficulté. Elle n’a même pas tourné le dos à l’Église quand elle fut mise de côté par les prêtres jansénistes, pendant près de 20 ans, excusez du peu !!
Elle est restée droit dans ses sabots pour témoigner, par-dessus tout, de la miséricorde de Celui qu’elle avait choisi de servir en obéissant à Marie. Elle est une martyre de la fidélité, qui peut rejoindre bien des blessures de fidélités dans nos vies personnelles. Invoquer Benoîte dans les difficultés, c’est trouver un grand soutien pour que jamais aucune de ces difficultés ne justifie en nous une quelconque infidélité au Seigneur.
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Benoîte fait partie, si je puis dire, de ces saints innocents qui ont confessé le Christ et subi les outrages des puissants. Benoîte fait partie de ces innocents, qui ont une place toute privilégiée dans le cœur de Marie, notre Mère. J’en suis certain : La bergère chante désormais au Ciel avec tous les saints innocents, des chants de louange, tandis qu’elle intercède avec eux pour que les violents de ce monde soient pardonnés et changent leur cœur de pierre en cœur de chair.
Vous, les saints innocents de tous les temps, et vous, vénérable Benoîte qu’on peut bien compter parmi eux, priez pour nous !