Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Friday 10 April -
Office de la Passion
Par le père Joseph-Charles MBOGBA, chapelainHOMELIE DU VENDREDI SAINT 2020
Office de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ
Par le père Joseph-Charles MBOGBA
Le Vendredi Saint, jour de la Passion et de la vénération de la croix n'est pas «l'antifête», mais bien le deuxième jour du Triduum pascal, celui où Dieu se tait et laisse son Fils s'en aller au bout de son chemin comme il l'avait annoncé à trois reprises à ses disciples: «Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera» (Mc 9, 31). N'entrons pas très vite dans la joie de Pâques, vivons d'abord la Passion.
Avant la réforme liturgique de 1955 qui a restauré l'Office de la Passion à l'heure de la mort du Christ (la 9è heure, soit 15h), plutôt qu'au matin, le Vendredi Saint était vécu comme jour de deuil dont le seul accent était mis sur le chemin de croix. Le réforme liturgique nous a permis de redécouvrir Vendredi Saint comme jour de recueillement, d'examen de conscience collective et personnelle, pour voir jusqu'où le péché peut mener l'homme, et jusqu'où peut arriver la miséricorde de Dieu: le sacrifice suprême de son Fils Unique. Faire de ce jour de recueillement un jour de deuil, ce serait comme s'arrêter devant le tombeau fermé.
Saint Ambroise de Milan, écrivant aux évêques d'Emilie en 386 pour indiquer la date de Pâques leur dit: «Il faut que nous observions non seulement le jour de la Passion, mais aussi celui de la Résurrection, en sorte que nous ayons un jour d'amertume et le jour de liesse, que ce jour-là nous jeunions et que celui-ci nous soyons rassasiés. C'est là ce triduum sacré pendant lequel Il a souffert, Il s'est reposé et Il est ressuscité; au sujet duquel Il a dit: "Détruisez ce temple et je le relèverai en trois jours".» (Ambroise de Milan, Epistola XXIII, 12-13)
Nous sommes face à un double mouvement de mort-résurrection symboliquement vécu à l'ouverture de l'office de la Passion du Seigneur. En effet, prosterné, immobile au sol, en silence, le prêtre se lève (surgere, en latin) -- un verbe riche de sens dans les évangiles synoptiques, verbe de résurrection -- avant le début de la liturgie de la Parole.
Ce double mouvement de mort-résurrection nous rappelle que l'humanité a été rachetée, les esclaves libérés, la dette payée. Pourtant ces expressions sont incompréhensibles dans les circonstances actuelles. Aujourd’hui, dans le drame de la pandémie, face à tant de certitudes qui s’effritent, face à tant d’attentes trahies, dans le sens d’un abandon qui nous serre le cœur, Jésus dit à chacun de nous : « Courage : ouvre ton cœur à mon amour. Tu sentiras la consolation de Dieu, qui te soutient » ”. Pourquoi tout cela ? Encore une fois pour nous, pour nous servir. Une relation étroite s'établit entre la souffrance et la foi. Face à la souffrance, soit notre foi se ravive, soit elle s'étiole, comme ce fut le cas des Apôtres qui se sont enfuis. Si Dieu est vraiment Père, comment a-t-il laissé mourir son Fils préféré? Tout au long de son procès de condamnation le Christ reste maître de son destin. C'est Lui le metteur en scène du dernier acte de sa vie. Lui seul porte la croix comme un trophée de victoire jusqu'au Golgotha.
C'est sur la croix, après avoir confié sa mère au disciple bien-aimé qu'il révèle totalement son identité. La croix n'est plus l'instrument réservé aux brigands, mais elle devient la manifestation de la gloire finale du Christ. Elle symbolise son triomphe et appelle à la foi en Lui. Ainsi l'office de la Passion ne s'achève pas devant un tombeau fermé, signe de défaite et de déception, au contraire il s'ouvre sur la prière universelle, signe de foi et d'espérance. Le peuple chrétien est convié à cheminer vers le lieu de l'Epiphanie de l'Amour de Dieu, en adorant la croix. Dieu nous aime, nous sommes chers à ses yeux, c'est par cela qu'Il a donné ce qu'il avait de plus cher: Son Fils Unique. Qu'attendons-nous pour répondre OUI à l'amour de Dieu?
<xml></xml>