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dimanche 31 juillet - 18e dimanche du temps ordinaire
"Nos faims et nos soifs"
Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Le dimanche 31 juillet 2011, le sanctuaire Notre-Dame du Laus fêter un anniversaire significatif : voici tout juste 30 ans, le 31 juillet 1981, le Pape Jean-Paul II décidait de rouvrir le procès de béatification de Benoîte Rencurel. Depuis, Jean-Paul II a été déclaré bienheureux ; il saura bien aider Benoîte à le devenir à son tour !
C’est le Père René Combal, responsable diocésain du procès de béatification de Benoîte, qui assurait la prédication au sanctuaire, ce dimanche 31 juillet. Puisqu’il n’a pas écrit de texte, le Père Ludovic Frère propose une méditation sur l’Evangile de ce 18e dimanche du temps ordinaire.
Bonne lecture… et merci de prier avec nous pour la béatification de Benoîte !
« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! (…)
Venez acheter du vin et du lait, sans argent et sans rien payer » (Is 55,1).
Ces paroles d’Isaïe ont quelque chose de franchement dérangeant en ces jours où nous venons d’apprendre que plus de 12 millions d’êtres humains risquent de mourir de faim ces prochains mois. L’information est passée quasiment inaperçue… sans doute parce qu’en période estivale, il ne faut pas trop déranger le repos des vacanciers avec des questions trop pénibles !
« Donnez-leur vous-même à manger », dit le Christ à ses disciples (Mt 14,16).
Ne nous voilons pas la face : c’est à nous qu’il s’adresse. Nous avons dans nos mains, dans nos portefeuilles, la possibilité de nourrir ceux qui ont faim. Et nous aurons beau nous réfugier derrière de faux prétextes - comme l’incertitude de la destination finale de nos dons à certains pays - cet appel du Christ nous rejoindra jusqu’au jour de notre mort, où il dira à ceux qui auront nourri les autres : « venez, les bénis de mon Père ; recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim et vous m’avez donné à manger » (Mt 25,35).
Faut-il rappeler qu’à ceux qui n’auront pas donné, le Christ aura ces paroles dures : « allez-vous en loin de moi, maudits ; car j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger » (Mt 25,41-42) ? Et je ne peux, personnellement, m’empêcher de penser au Père Pedro Opeka, présent au sanctuaire du Laus à la Pentecôte, qui nous a tellement touchés par ses paroles de feu, en nous rendant sensible à l’indigence de tant d’enfants de Madagascar… mais notre émotion s’est-elle depuis concrétisée en des dons généreux pour nourrir ceux qui ont faim ?
Il nous est impossible d’entendre ces promesses divines de nourriture donnée en abondance sans nous demander comment nous pouvons, à notre place et selon nos ressources, apporter notre part à leur réalisation.
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Il n’empêche cependant que cette promesse de boisson et de nourriture abondantes, comme le récit de la multiplication des pains que nous a présenté l’Evangile de ce dimanche, sont certainement accueillis différemment dans les pays où se nourrir est une priorité absolue, et sous nos latitudes, où l’on veille plutôt… à ne pas prendre trop de poids.
Cette différence est en soi scandaleuse, mais elle peut aussi nous aider à bien discerner : sommes-nous vraiment certain d’avoir la nourriture suffisante ? De quoi nous nourrissons-nous ?
Il ne s’agit bien sûr plus ici de nourritures terrestres, mais d’autres aspirations : qu’est-ce qui nourrit notre vie ? De quoi avons-nous soif ?
La Parole de Dieu nous révèle que toutes nos faims et toutes nos soifs sont connues du Seigneur. C’est Lui qui invite dans la première lecture : « vous tous qui avez soif, venez ! » (Is 55,1). C’est encore Lui qui, dans l’Evangile, refuse de renvoyer la foule l’estomac vide : « ils n’ont pas besoin de s’en aller » (Mt 14,16).
Nous croyons volontiers que le Christ vient répondre à nos soifs les plus profondes ; mais nous le croyons peut-être sans être vraiment convaincus qu’il nous apporte tout le nécessaire, sans quoi nous arrêterions résolument d’aller chercher ailleurs.
Or, notre péché révèle que nous ne sommes pas convaincus : nous cherchons dans les biens matériels, dans l’orgueil et dans tant d’autres réalités futiles de quoi assouvir nos soifs d’amour, d’existence, de reconnaissance, de vie paisible.
Comment pouvons-nous donc nous convaincre que le Christ nous donne tout ?
Peut-être en expérimentant la pauvreté. Il ne s’agit pas de rechercher l’état d’indigence, mais de reconnaître que nous sommes pauvres : toujours en besoin, toujours mendiants d’amour…nous sommes pauvres, affamés, assoiffés. Tant que nous sommes dans l’autosuffisance, nous ne pouvons pas être rassasiés par le Seigneur.
C’est quand notre dépendance à son égard s’éveille en nous qu’alors nous comprenons qu’une seule attitude nous nourrit vraiment : tendre nos mains vides vers le Seigneur et le laisser nous combler de ses grâces.
Amen.