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Sunday 22 February - Messe ski-spi 1er dimanche de Carême Ouverture de la 3ème session
Montagnes, joie de la neige et chaussures de ski...
ParChers participants à la session ski-spi ou autres pèlerins venus profiter des joies de la montagne,
Vous avez peut-être choisi la semaine au cours de laquelle vous viendriez jusqu’ici, mais vous n’avez sans doute pas choisi que vos vacances coïncident avec le début du Carême.
Des vacances en Carême ?! Va-t-il falloir réfreiner notre plaisir de la glisse et limiter votre joie des vacances, au nom de la sobriété, de l’ascèse, voire de la tristesse que le Carême pourrait conduire à vivre ?
En fait, je crois que c’est plutôt providentiel. Non seulement de commencer le Carême en un beau sanctuaire de miséricorde, mais aussi d’accepter d’unir la réalité d’un combat spirituel de Carême avec la joie des sports d’hiver.
C’est providentiel pour nous éviter de nous égarer sur le sens-même du Carême : il ne s’agit pas de renoncer à vivre pour plaire à Dieu, mais au contraire de fonder tout ce que nous vivons sur le Christ. C’est ce qui nous est proposé de vivre, cette semaine, au cours de notre session Ski-spi. Pour cela, l’évangile du 1er dimanche de Carême nous offre une magnifique porte d’entrée. Il commence ainsi « Jésus venait d’être baptisé » : notre regard ne se fixe alors pas sur nous-même et sur nos efforts de Carême, mais sur Jésus.
Clairement, c’est toute la direction de notre Carême qui est ici indiquée : si les 40 jours de montée vers Pâques consistent simplement à nous osculter intérieurement ou à faire quelque effort dont nous serions plus ou moins fiers, il est certain que nous allons manquer l’essentiel.
Mais c’est Jésus qu’il nous faut regarder, Jésus qui vient tout harmoniser en Lui : aussi bien la nécessité d’un combat spirituel de Carême que la nécessité tout aussi importante de profiter de ce temps de vacances que vous vous offrez. Oui : tout harmoniser en Lui. D’ailleurs saint Marc nous offre un détail qui n’en est certainement pas un, quand il précise qu’au désert, « Jésus vivat parmi les bêtes sauvages et les anges le servaient ».
Bêtes féroces et doux anges sont rassemblées autour du Sauveur du monde, que dis-je autour : ils sont rassemblés par le Sauveur du monde, dans l’Esprit. C’est Lui qui unifie toute la création, qui l’harmonise et la recréer.
Voilà donc de quoi donner une grande orientation à notre semaine ski-spi comme à l’ensemble de notre Carême : rassembler dans le Christ tout ce que nous vivons, depuis les joies du sport ou celle d’une bonne tartiflette jusqu’à l’ascèse de faire passer les autres avant nous-mêmes. Tout rassembler dans le Christ, même nos sentiments contradictoires quand nous désirons faire le bien mais que nous mettons si peu d’entrain à l’accomplir. Seul le Christ saura trier, organiser, harmoniser au cours de cette semaine ce qui, en nous, est de la bête ou de l’ange.
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Mais un autre aspect de l’évangile de ce 1er dimanche de Carême pourra nourrir encore notre semaine ensemble : Jésus est conduit par l’Esprit « au désert », dit l’évangéliste. Même si nous n’allons pas skier sur des dunes, les paysages de montagne – comme aussi le message du Laus - vont nous inviter cette semaine à faire un peu le désert dans nos vies. Je trouve d’ailleurs significatif que le ski permette ce que n’autorisent plus beaucoup d’autres activités désormais : couper avec le téléphone portable, les tablettes, les mails et les tweet. Quand on skie, entre les gants encombrants, le rayonnement du soleil et de la neige qui empêche de voir l’écran du portable et le télésiège depuis lequel on craint de voir chuter notre cher appareil androïd, le ski est une vraie expérience de désert numérique... Et ça fait du bien ! Laissons-nous donc conduire par l’Esprit au désert de la montagne, dont la beauté nous suffit et nous invite à vouloir que notre âme y corresponde par une vie belle, elle aussi.
L’expérience du désert, c’est encore celle d’un dépouillement, comme nous y invite fortement le Carême. Or, dès demain pour les skieurs, nous serons équipés de nos grosses chaussures de ski. Dommage que Dieu ne nous ait pas fait directement dotés de pieds capables de chausser des skis… nous n’aurions alors pas eu à nous encombrer de chaussures de cosmonautes, qui nous donnent, en dehors des pistes, l’allure de robots mal programmés !
Mais justement, cette impression d’être lestés aux pieds par du plomb pourra nous interroger sur ce qui, dans nos vies, freine réellement notre marche vers la sainteté. Le Carême nous appelle à ne pas vivre notre existence chaussés de grosses bottes de ski, qui ralentissent notre course et déséquilibrent notre pas.
Là encore, l’évangile de ce dimanche nous offre une orientation décisive. Car l’évangéliste précise que Jésus est poussé au désert « par l’Esprit ». Pour être davantage légers et savoir discerner ce dont nous devons nous désencombrer pour notre marche sur cette terre en vue du Ciel, laissons-nous pousser par l’Esprit !
Il nous conduira peut-être à vivre un combat spirituel, mais pour que nous saisissions toujours davantage que le Christ en est déjà sorti vainqueur. Il nous conduira peut-être à nous laisser servir par les anges, comme Jésus y a consenti également au cours des quarante jours au désert.
Certains parmi nous, en venant jusqu’à ce sanctuaire, ont sans doute plutôt besoin d’entrer dans un combat spirituel revigorant ; qu’ils trouvent alors en Marie et en Benoîte de beaux modèles de persévérance dans le bien. D’autres ont peut-être surtout besoin cette semaine de se laisser servir par les anges ; qu’ils se laissent alors porter, dans ce sanctuaire où les anges sont apparus à la bergère du Laus plus fréquemment encore que ne l’a fait la Vierge Marie.
Et ainsi, tous, nous vivrons une semaine de joie, dans la force du combat ou la douceur des anges, nous permettant en tous cas de nous unir aux montagnes, que le prophète Isaïe appelle à jubiler, quand il leur dit : « montagnes, éclatez en cris de joie, car le Seigneur console son peuple ». Amen.