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Friday 27 March - La véritable tente
Messe vendredi 27 mars 2020 - 4ème semaine de Catême
Par le père Ludovic Frère, recteurHomélie du vendredi 27 mars 2020 – 4e dimanche de Carême
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
La véritable tente
« La fête des Tentes approchait », précise l’évangéliste. Ce n’est certainement pas une simple mention chronologique. Pour saint Jean, tout a du sens ; si Jésus monte à Jérusalem en secret à ce moment-là, c’est pour nous révéler quelque chose d’essentiel.
La fête des Tentes rappelle les 40 ans au cours desquels les Hébreux vécurent au désert, en route vers la Terre sainte. Pendant cet exode, ils avaient bien sûr habité dans des tentes, non pas dans des maisons en dur.
Mais une fois installé en Terre Promise, il ne fallait pas que le peuple oublie ces années d’exode. Le livre du Lévitique donnait donc ce commandement : « Dans des huttes, vous habiterez pendant sept jours » (Lv 23,42). 7 jours pour revivre très concrètement, chaque année, l’expérience de la marche au désert.
Peut-être une idée à garder, nous aussi, une fois que le confinement sera terminé. Faudra-t-il retourner à la vie comme avant ? – Est-ce que ce sera même possible ? – Ou faudra-t-il garder mémoire de cet exode chez soi, qui nous marque actuellement ?
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En tous, cas, c’est au cours de cette semaine de souvenir que Jésus monte à Jérusalem. Au milieu de la fête qui symbolise l’exode, le Christ révèle son identité divine, en disant du Père : « je Le connais parce que je viens d’auprès de Lui ». Un exode du Fils éternel jusqu’à nous, pour nous prendre dans son mouvement d’exode et nous conduire en Terre promise d’éternité !
Nous avons donc à nous laisser saisir par l’exode du Fils de Dieu, en n’oubliant pas que, sur Terre, nous sommes tous comme sous des tentes, toujours de passage, jamais installés.
Ainsi, les événements de ces jours nous rappellent la fragilité de la vie. Ils nous montrent que nous sommes toujours nomades sur cette Terre, qui n’est pas notre destination finale. Pour entrer dans le mystère de Dieu et de la vie éternelle, il nous faut donc quitter des maisons en dur et habiter la condition de nomades.
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Mais c’est là où ça peut résister en nous !
Dans l’évangile d’aujourd’hui, beaucoup de ceux qui entendent Jésus n’habitent pas, en fait, sous les tentes de l’exode. Ils peuvent mimer la vie de leurs ancêtres nomades, mais ils n’acceptent pas, au fond d’eux-mêmes, de se laisser déplacer. Ils sont solidement ancrés dans leurs maisons de convictions personnelles : « lui, nous savons d’où il est. Or, le Christ, quand il viendra, personne ne saura d’où il est. »
Ils célèbrent la fête des tentes, mais ils refusent de bouger. Ils ne se laissent pas déplacer par le mystère de Jésus-Christ
Et nous, nous laissons-nous facilement déplacer ? En ce temps de confinement, peut-être que la question ne manque pas de piquant ! Mais, même chez nous, le Seigneur ne cesse de nous sortir de nous-mêmes, de nous conduire plus loin, de nous déconcerter, parfois, par les chemins que prend la vie.
Mais il nous appelle à entendre qu’il est le Fils du Père : « Je viens d’auprès de Lui ». C’est cela qui donne toute sa solidité à notre existence.
Si nous oublions que nous sommes des marcheurs – même des marcheurs restreints ces jours-ci dans leurs déplacements -nous n’avançons plus aux pas du Fils de Dieu, et nous ne désirons plus la Terre promise vers laquelle il nous conduit.
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Alors, si les 4 premières semaines d’un Carême dont on se souviendra ne nous ont pas suffisamment fait bouger, il est temps, maintenant, de nous reconnaître en exil, sous les tentes provisoires de la vie sur Terre, pour que notre solidité ne vienne d’aucune construction humaine,mais de Dieu seul.
Que ce soit Lui, la tente sous laquelle nous nous abritons et trouvons le repos véritable ! Que ce soit la révélation de son identité, Lui le Fils de Dieu, qui donne sa vraie solidité à notre existence de ce jour !
Car, nous dit la lettre aux Hébreux, il est « le même hier, aujourd’hui et demain, il l’est pour l’éternité ». En lui seul est notre demeure ! Une demeure dans laquelle on n’est jamais confiné ; une demeure de liberté !
Comme le chante le psaume 83 :« Heureux les habitants de ta maison, Seigneur ! » C’est ce que je vous souhaite pour aujourd’hui. Chantez donc, sans arrêt, et trouvez-y votre joie :« Heureux les habitants de ta maison, Seigneur ! »
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