Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Wednesday 25 November - Vous serez détestés de tous !
Mercredi 25 novembre 2020 - 34e semaine du Temps Ordinaire
Par le père Ludovic Frère, recteurDans la première lecture, ça chante : le cantique de Moïse et le cantique de l’Agneau retentissent au plus haut des cieux ! Dans le psaume, ça chante : « un chant nouveau », dit le psalmiste, et même les montagnes « chantent leur joie ». Mais dans l’évangile… ça déchante : « on vous persécutera », « vous serez livrés même par vos parents », « vous serez détestés de tous » !
Au moins, c’est clair : le chant chrétien n’est pas un chant d’insouciance. Le Christ ne promet pas à ses disciples de les installer sur terre dans un cocon douillet. C’est tellement important à savoir entendre ! Le Seigneur n’a jamais promis le succès terrestre ni l’approbation générale. Or, non seulement c’est parfois ce que nous cherchons ou admirons chez les autres, mais c’est même ce qu’il nous arrive de demander dans nos prières. On se plaint alors quand des médias ne sont pas bienveillants à notre égard ou on est vexé quand des amis se moquent de notre pratique religieuse.
Alors, à quelques jours de la fin de l’année liturgique, le Christ remet les pendules à l’heure, comme une évidence : mettre nos pas dans les siens conduit nécessairement sur le chemin que Lui-même a pris. Jésus a été incompris, moqué, humilié ; sn suivant le Sauveur sur lequel on a craché, comment pourrions-nous attendre pour nous des applaudissements ?
* * *
Et pourtant, même quand on le fouettait, même quand on le clouait, Jésus continuait à aimer, il continuait à bénir. C’est donc là qu’il nous attend. « Bénissez ceux qui vous maudissent, et vous serez les fils du Très-Haut. » C’est là notre arme de résistance face aux moqueries et aux insultes.
Dans le contexte actuel en France – et peut-être aussi dans d’autres pays depuis lesquels vous êtes connectés à nous-, de plus en plus de catholiques se demandent si tout ce qui passe ne porte pas un projet anti-chrétien.
On entend parler de « grand reset », de complot visant l’extermination de la foi chrétienne ou de mesures portant volontairement atteinte à la liberté de culte sous couvert de protection sanitaire. Des films, des commentaires sur les réseaux sociaux et des interrogations personnelles qui traversent nos esprits… nous ne savons plus qui écouter, qui croire.
Sans avoir sans doute les moyens, ni vous ni moi, de discerner le vrai du faux, la bonne manière de réagir nous est donnée aujourd’hui par Jésus : faire comme Lui. Si certains nous maudissent, il faut les bénir. Si certains veulent notre extermination, il faut souhaiter leur conversion. Si certains veulent freiner nos libertés, il faut crier qu’un chrétien est toujours libre puisque le Christ nous a définitivement libérés. Qu’aurions-nous donc à craindre ? À part l’estime de ceux qui n’en ont déjà pas pour nous, nous n’avons rien à perdre.
Au contraire, c’est là notre grande vocation : toute opposition rencontrée dans notre foi nous unit plus étroitement au Christ, à son mystère d’un rejet qui permet à l’amour de l’emporter ! Toute contradiction peut donc faire davantage encore jaillir la victoire du Crucifié ! Toute opposition permet à son Règne de se manifester plus encore dans sa paradoxale instauration qui n’est pas de ce monde. Toute persécution, quelle qu’elle soit, permet si nous y consentons, la victoire de l’amour sur la haine !
* * *
Alors, quand tant de choses dans la vie peuvent nous déstabiliser, la grâce de Dieu nous fait un don particulier : c’est la vertu de force. Non pas la force qui fait montrer les muscles, mais la force du Christ quand il tient bon dans sa Passion.
Cette force apparaît comme folie et scandale aux yeux du monde. Saint Paul le disait déjà de son temps, et c’est toujours d’actualité. Folie et scandale de la force de la croix, mais c’est la seule force qu’on peut exercer pour donner la vie. Un chrétien qui veut passer à côté du mystère de la croix n’est tout simplement pas un chrétien. Il kidnappe le Christ pour justifier ses convictions personnelles, mais il n’est pas son disciple.
Alors, en ces jours où nous appelons particulièrement le retour du Christ dans toute la force de sa Gloire, choisissons cette vertu de force pour attendre et hâter sa venue. La force non pas comme domination sur les autres, mais comme fidélité à la croix.
Je vous invite alors à reprendre aujourd’hui et à prendre le temps de méditer ces paroles déroutantes de l’apôtre saint Paul dans la 2e aux Corinthiens, chapitre 12 ? versets 9 et 10. Déroutants pour nous faire quitter les routes qui ne mènent pas au Christ, afin de Le choisir, Lui, comme seul chemin qui donne vie et lumière notre monde.
2 Corinthiens 12,9-10 : Le Seigneur « m’a déclaré : "Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse". » C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.”
Loué soit Jésus-Christ !