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Wednesday 2 January - Au-revoir à soeur Claire-Marie, prieure et à soeur Marie-Domitille
Mercredi 2 janvier 2019
Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaireAu-revoir à Sœur Claire-Marie, prieure et à Sœur Marie-Domitille
Monition d’ouverture
Par le père Ludovic Frère, vicaire général et recteur de Notre-Dame du Laus
Au 2e jour de l’année nouvelle, l’Eglise nous offre de fêter deux grands docteurs de l’Eglise : saint Basile et saint Grégoire de Nazianze. Mais c’est aussi deux autres membres de l’Église que nous saluons particulièrement au cours de cette Eucharistie.
Car au Laus, c’est aujourd’hui un jour d’au-revoir : nous disons d’abord au-revoir à nos sœurs qui partiront demain rejoindre toute leur congrégation pour leur grande retraite annuelle. Mais rassurez-vous : elles nous reviendront dans 12 jours. Enfin, pas toutes, puisque deux d’entre elles vont partir vers d’autres missions.
Soeur Claire-Marie, prieure de la communauté du Laus depuis 10 ans, part vers une nouvelle et grande responsabilité. Ma soeur, vous avez été nommée prieure de la communauté de Montmartre. Je me réjouis du sage discernement qui a conduit vos responsables à vous appeler à une si grande mission. Les qualités dont vous avez fait preuve pour fonder la communauté au Laus en 2008 et pour la guider jusqu’à aujourd’hui ont nécessairement été remarquées. Alors, voilà que vous quittez les sommets des Hautes-Alpes pour une butte parisienne ; vous partez du Vallon calme du Laus pour la colline animée de Montmartre ! Mais surtout vous rejoignez un haut-lieu spirituel, centré sur l’Adoration, le cœur du charisme de votre congrégation. Que cette Eucharistie soit donc pour nous, Sœur Claire-Marie, l’occasion de rendre grâce au Seigneur pour votre vie donnée et pour tout ce que vous avez permis de faire fleurir au Laus par votre présence, votre prière et vos responsabilités. Et que tous, nous allions puiser dans l’Eucharistie le même désir d’une vie centrée sur le Christ !
Une autre sœur nous quitte aussi demain. Sœur Marie-Domitille, vous êtes au Laus depuis moins longtemps, mais vous avez marqué ce lieu de votre présence priante et de votre attention aux groupes de pèlerins. C’est la charge qui vous avait été confiée ici ; vous l’avez accomplie avec beaucoup de soin. Soyez-en aussi grandement remerciée alors que vous rejoignez le prieuré de Béthanie, à Blaru dans les Yvelines. Que la grâce de Dieu et la présence de Marie et de Benoîte vous guident sur votre chemin de discernement et de service.
« Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris, que le nom du Seigneur soit béni ! » Cette parole de Job retentit particulièrement aujourd’hui en notre sanctuaire avec le départ de nos sœurs. Mais aussi, à la mi-janvier, la communauté sera de retour avec deux nouvelles sœurs. D’abord, c’est une sœur déjà présente ici qui succèdera à Sœur Claire-Marie dans la charge de prieure : c’est vous, Sœur Marie-Sabine, en vous souhaitant d’assumer cette nouvelle charge avec autant de justesse que vous nous entraînez dans le chant liturgique !
Nous accueillerons donc par ailleurs deux nouvelles sœurs : Sœur Marie-Bénédicte et sœur Marie-Pierre. Je prends l’engagement devant vous, mes sœurs et chers pèlerins, avec mes confrères chapelains, d’accueillir au mieux ces deux sœurs pour qu’elles se sentent rapidement chez elles dans ce refuge marial.
HOMELIE
Par le père Ludovic Frère, vicaire général et recteur de Notre-Dame du Laus
Ce matin, nous avons entamé au sanctuaire notre session des bonnes résolutions, pour bien commencer l’année nouvelle. Patience, simplicité, obéissance, joie… des résolutions qu’il nous est tous possible de vivre plus résolument, avec la grâce de Dieu. Mais des résolutions qui peuvent se résumer à une seule, qui vient toutes les couronner : l’humilité.
Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jean-Baptiste nous en offre un beau témoignage : il aurait pu profiter de sa réputation pour se faire passer pour le Christ. Il aurait pu se gonfler de sa popularité. Mais il coupe court à toute tentation de se glorifier aux yeux des hommes : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert ». Pas davantage, pas d’autre titre de gloire que celui de servir le Verbe fait chair.
Une simple voix dans le désert : Jean-Baptiste ne se prend pas pour autre chose. Il nous montre alors ce qu’est la véritable humilité : accepter de perdre quelques bénéfices aux yeux des hommes pour ressembler vraiment à Dieu. Grâce à l’enfant de Bethléem que nous contemplons dans la crèche en ce temps de Noël, nous avons l’immense privilège de pouvoir confesser que Dieu est humble. Puisque nous sommes destinés à vivre en Lui éternellement, nous savons donc le chemin que la grâce veut nous faire suivre : nécessairement, il est chemin d’humilité.
Le pape François insiste beaucoup sur cette vertu dans son exhortation à la sainteté, quand il dit ces paroles dérangeantes : « L’humilité ne peut s’enraciner dans le cœur qu’à travers les humiliations. Sans elles, il n’y a ni humilité ni sainteté. Si tu n’es pas capable de supporter et de souffrir quelques humiliations, tu n’es pas humble et tu n’es pas sur le chemin de la sainteté. » En fait, les humiliations sont des expériences concrètes pour déterminer à qui nous voulons plaire : à Dieu ou aux hommes ?
Dans l’épitre aux Galates, saint Paul interroge : « Est-ce par des hommes ou par Dieu que je veux me faire approuver ? Est-ce donc à des hommes que je cherche à plaire ? » Et l’apôtre de conclure, de manière radicale : « Si j’en étais encore à plaire à des hommes, je ne serais pas serviteur du Christ » (Gal 1,10).
Mais nous résistons à cette configuration au Seigneur Jésus. Nous y résistons avec une énergie souvent bien exceptionnelle ! Vexations, difficulté à lâcher le morceau, refus que l’autre l’emportent sur nous, délectation dans les applaudissements ou la bonne réputation.. Il est difficile d’avoir un coeur vraiment humble !
J’emprunte alors aux deux docteurs de l’Église que nous honorons aujourd’hui deux grands conseils pour être plus humble. Le premier, saint Basile nous l’offre dans une homélie sur l’humilité, quand il dit : « Si vous êtes placé au-dessus des autres, si les hommes vous glorifient et vous honorent, soyez l'égal de ceux qui sont au-dessous de vous (…) sans vous régler sur les princes du siècle. (…) Aimez l’humilité et elle vous glorifiera. C'est le moyen de parvenir à la véritable gloire, dans la société des anges et de Dieu. Jésus Christ vous reconnaîtra devant les anges comme son disciple et il vous glorifiera si vous devenez l'imitateur de son humilité. Apprenez de moi, disait-il, que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes (Mt. 11. 29.) ».
Le deuxième conseil, nous le trouvons chez saint Grégoire de Nazianze, dans une prière toute simple appelée « la prière contre l’orgueil ». Voilà ce que dit le saint docteur, comme une humble confession de son péché d’orgueil : « J’ai été déçu, ô mon Christ, pour avoir trop présumé : des hauteurs, je suis retombé au fond. Mais relève-moi maintenant, parce que je vois bien que je ne me suis égaré en moi seul ; si à nouveau je me fie trop à moi, je tomberai tout de suite et la chute sera fatale. »
Frères et sœurs pèlerins, que la Vierge du Laus conduise alors tous ceux qui ont ici des responsabilités ou qui partent en exercer ailleurs ; qu’elle éclaire tous ceux qui ne voient pas leur orgueil ou qui ont peur de perdre quelque chose en choisissant l’humilité. Que la Vierge Marie, humble servante du Seigneur, creuse en nous tous un véritable dégoût de l’orgueil et de toutes les prétentions à briller aux yeux des hommes, pour ne vouloir que battre au rythme
du cœur du Christ, doux et humble.
Amen.