Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Wednesday 2 December - Passé, présent, futur : l’accueil d’un Sauveur
Mercredi 2 décembre 2020 – 1e semaine de l’Avent
Par le père Ludovic Frère, recteurPassé, présent, futur. L’Avent nous offre d’embrasser sur une seule période liturgique ces trois grands temps de la vie et du salut :
- Le passé, en nous faisant revivre l’attente d’Israël espérant la venue du Messie.
- Le présent, en nous faisant goûter la venue incessante du Seigneur dans notre quotidien.
- Et le futur, en orientant nos cœurs vers le retour du Christ en Gloire, un avènement qu’il nous faut préparer en veillant.
Passé, présent, futur : ces trois dimensions sont appelées à se nourrir mutuellement au cours de l’Avent. Pour cela, les lectures bibliques insistent certains jours davantage sur une dimension plus que sur les deux autres.
Ainsi, nous avons reçu ces derniers jours de nombreux appels à tourner nos regards vers le futur, dans l’attente du retour du Christ en Gloire.
D’autres fois, les lectures bibliques nous rendent surtout attentifs à la réalité d’une venue du Seigneur aujourd’hui. Au quotidien, il nous rejoint par sa Parole et par les sacrements ; il nous rejoint par des frères et des sœurs à aimer ; il nous rejoint par des pauvres à servir.
D’autres fois encore - et c’est le cas aujourd’hui - la Parole de Dieu nous fait davantage regarder vers le passé, pour nous unir à la grande attente du peuple hébreu, cette grande attente creusée au fur et à mesure de l’histoire du salut déployée dans tout l’Ancien Testament.
* * *
Le but de ce regard vers le passé n’est pas simplement de nous souvenir de ce qui est arrivé ; l’objectif de l’Avent, c’est surtout de nous associer à l’attente passée pour nous faire reprendre conscience de tout ce que nous avons reçu dans l’avènement du Messie, voici 2000 ans.
Or, souvent ce que l’on a, on le considère comme un acquis. Reprendre le chemin qui nous a fait l’obtenir permet d’en redécouvrir toute la saveur, toute la richesse, toute la grâce. Concrètement, nous sommes appelés à redécouvrir combien l’humanité avait besoin d’un Sauveur.
Il peut donc être bien utile, au cours de cet Avent, d’être plus attentif qu’à l’ordinaire aux lectures de l’Ancien-Testament. Elles nous sont parfois moins faciles d’accès que le Nouveau Testament, mais elles portent toute cette attente d’un peuple en besoin d’un Sauveur. Alors, à chaque fois que vous lisez un passage de l’Ancien-Testament, demandez-vous ce qu’il vient dire de ce besoin de salut. Et associez-vous à cet ardent désir qu’avait le peuple hébreu de voir son attente exaucée dans la venue du Messie.
* * *
Mais confesser le besoin d’un Sauveur, ce n’est pas seulement être à l’écoute des attentes humaines. C’est aussi – et même d’abord - nous ouvrir à une promesse qui nous est donnée d’En-Haut ; une promesse qui rejoint bien sûr nos attentes - car le Seigneur sait ce qui habite nos cœurs - mais une promesse qui les transcende, en donnant bien plus que nous n’aurions pu imaginer.
Voici alors le prophète Isaïe, portant cette magnifique promesse d’un banquet succulent et d’un deuil qui disparaîtra, pour tous et pour toujours ! N’est-ce pas la plus magnifique de toutes les promesses ? La mort fait reposer sur la vie du monde et sur nos vies familiales un poids de tristesse terrible et d’inquiétude terrifiante. Et voilà cette promesse du Seigneur qui « fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages ».
J’aime entendre cette lecture d’Isaïe au moment des obsèques : alors que l’on voit couler des larmes sur les joues des proches, cette promesse est « provocatrice » - au sens où elle provoque vraiment à l’espérance - : « Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages ».
Accueillant cette promesse, le psalmiste chante ensuite : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal ». Oui, c’est promis : le Sauveur nous portera à travers la mort ! Quelle promesse douce et réconfortante !
Profitons alors de l’Avent pour nous associer plus étroitement à cette si grande attente qui habite le cœur de l’humanité, aujourd’hui encore ; humanité en manque d’espérance et qui n’attend même plus de Sauveur. Ravivons ce besoin d’être libérés de l’échéance fatidique de la fin de vie, pour confesser que Celui qui vient bientôt naître dans une crèche est le vainqueur du mal et de la mort !
* * *
L’évangile est ensuite venu confirmer combien les promesses du Seigneur dépassent nos attentes les plus grandes. Car si l’on espère être libéré de la mort, on aspire aussi à pouvoir bien vivre sur terre. Et nous voyons Jésus multiplier les pains, accomplissant la promesse d’être libéré de la faim. Quand on n’expérimente pas la difficulté à se nourrir, on peine sans doute à mesurer ce que cela représente.
Mais le Christ dépasse encore les espoirs d’un monde où chacun mangerait à sa faim ; il se donne Lui-même en nourriture : « ceci est mon corps, ceci est mon sang », comme un viatique jusqu’au Ciel, où nous serons rassasiés en Lui.
Alors, pour nous associer à cette attente d’un Dieu comblant toutes les faims, soyons avec le peuple hébreu à l’écoute de nos propres faims : faims du corps, de l’âme et de l’esprit. Que cet Avent nous rende actifs pour lutter contre les faims dans le monde. Et laissons aussi le Seigneur nous donner faim au cours de l’Avent, non pas tant pour arriver aux grands repas de Noël avec l’appétit bien aiguisé, que pour confesser dans l’enfant déposé dans la mangeoire combien Dieu se donne à manger par amour pour tous les affamés !
* * *
Ainsi, nos regards tournés vers les attentes du peuple hébreu et vers les promesses de Dieu, nous découvrons la merveille d’une libération de la mort et de l’apaisement de toutes nos faims.
Voilà donc l’Avent qui nous est offert comme un temps pour lâcher ce qui ne peut que mourir et un temps pour nous rassasier de ce qui nourrit vraiment ; un temps pour retrouver nos grands désirs, nos véritables besoins ; un temps pour veiller le retour de Celui qui viendra pour toujours mettre un terme à la faim et à la mort.
Maranatha, viens Seigneur Jésus !