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Wednesday 11 November - Mémoire de saint Martin de Tours - Armistice de la première guerre mondiale Prier pour la paix
Mercredi 11 novembre 2020 – 32e semaine du temps ordinaire
Par le père Ludovic FrèreOrdinairement, en France et dans bien d’autres pays, les célébrations de ce jour sont accompagnées de drapeaux d’anciens combattants. Avant ou après la messe, on se rend aux monuments aux morts pour un temps de souvenir tellement nécessaire.
Mais comme beaucoup de réalités de notre vie, cette commémoration de l’armistice de la 1ère guerre mondiale se vit cette année dans une ambiance bien différente que d’habitude. Et comme pour beaucoup de choses, cette obligation de vivre les événements autrement permet peut-être d’y jeter un regard différent.
Je vous invite alors à faire de cette commémoration d’armistice confiné l’occasion d’un temps de prière plus important que d’habitude pour la paix. Souvent, la paix fait partie des intentions de prière universelle assez vite expédiées dans nos liturgies. Mais il me semble qu’elle est rarement un sujet de préoccupation habitant longuement nos prières, sauf quand on vit spécifiquement dans un pays en guerre ou qu’on est personnellement concerné par un conflit dans le monde.
Aujourd’hui, c’est alors un jour favorable pour prier un chapelet de la paix ou reprendre à votre compte une belle prière de paix. Nous cherchons à vous y aider en notre sanctuaire, par cette messe bien sûr, mais aussi par un pèlerinage de la paix, que vous pouvez suivre à tout moment de la journée sur notre site internet et notre chaîne Youtube.
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Prier pour la paix… mais c’est prier pour quoi, en fait ? On peut avoir l’impression que c’est une prière à la fois importante et dérisoire au regard des si nombreux conflits du monde et des raisons complexes qui les ont fait naître ou qui les entretiennent.
Prier pour la paix, on n’est pas contre… mais à quoi bon ? C’est ce qu’on peut facilement se dire, avec un sentiment d’impuissance. Comme ces slogans de fin de guerre qui ne résistent pas au conflit suivant : « plus jamais ça »… On se demande alors si la prière peut vraiment éviter les conflits, arrêter les terroristes et changer les structures profondes d’injustices qui génèrent souvent bien des hostilités.
Alors, pour que notre prière contribue réellement à la paix, je crois qu’elle doit être à la fois :
- Confiante, car le Seigneur est Prince de la paix ;
- Cohérente, au sens où elle nous oblige à être artisans de paix dans le concret de notre vie ;
- Et bienveillante, car elle appelle à une grande conversion : refuser de voir l’autre comme une menace.
Et c’est peut-être cela, le plus difficile : la bienveillance, qui seule permet la fraternité. Quand on regarde uniquement la vie sous l’angle des menaces, on ne croit plus à la paix. Mais quand on fait le choix de la bienveillance, une espérance peut vraiment habiter nos cœurs. Nous le savons : même dans la vie de famille, la bienveillance est indispensable pour ne pas voir les autres comme une menace à notre liberté et à notre épanouissement personnel.
C’est pourquoi le Concile Vatican II précisait bien que la paix n’est pas une simple absence de guerre. Les Pères conciliaires insistaient : « Pour que la paix sur cette terre soit obtenue, il faut que les hommes se communiquent spontanément, dans la confiance, les richesses de leur esprit et de leur génie créateur ». Oui, la paix est liée au désir de communiquer à l’autre, non pas pour absorber l’autre, mais pour profiter de ce qu’il a d’original et lui offrir ce qu’on a soi-même d’original.
Combien de conflits auraient été évités si l’on avait davantage privilégié la communication des richesses plutôt que l’absorption de l’autre ? Et c’est vrai de tous les conflits, jusqu’aux conflits de couples ou de communautés paroissiales.
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C’est là où la belle figure de saint Martin de Tours peut nous éclairer. Engagé de force par son père dans l’armée impériale à 15 ans, il porte le nom de « Martin », ce qui veut dire « voué à Mars », le dieu de la guerre. La Providence a voulu que l’armistice de la 1ère guerre mondiale soit commémorée le jour de la saint « dieu de la guerre » !
Mais s’il porte ce nom, Martin va renverser les choses et se révéler comme un grand artisan de paix. Sulpice Sévère, contemporain du saint, le décrivait ainsi : « Il ne jugeait personne, ne condamnait personne, ne rendait à personne le mal pour le mal. » Ce sont bien les vertus évangéliques qui permettent à la paix de se répandre authentiquement !
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Par l’intercession de saint Martin, je vous encourage alors aujourd’hui à porter 3 intentions dans vos prières, quelles qu’en soient les modalités :
1) d’abord une prière concernant un conflit actuel dans notre monde. C’est peut-être justement l’occasion de mieux connaître les conflits armées qui ensanglantent aujourd’hui notre planète, car on en parle rarement dans les médias. En s’intéressant à un lieu de conflit, portez-le dans vos prières. Vous répondrez ainsi à une demande que la Vierge Marie fit ici à la bergère Benoîte : « La Mère de Dieu dit (à Benoîte) qu’il y aurait tant de sang répandu parce qu’on ne fait pas de prières publiques. Elle lui commande de prier sans tarder pour la paix (…) ».
2) ensuite, priez pour la paix parmi vos proches. Il y a peut-être actuellement des tensions, voire des divisions, dans votre propre famille. Priez avec ferveur le Seigneur qui fait l’unité, et luttez de toutes vos forces contre l’esprit du Mal, l’esprit diviseur.
3) Enfin, troisième intention : pour votre paix intérieure. Qu’est-ce qui vous inquiète en ce moment et qui vous empêche d’être en paix ? Essayez de mettre des mots dessus, et pendant l’offertoire que nous allons vivre maintenant, déposez sur l’autel tout ce qui vous inquiète. Ainsi libéré, vous pourrez être plus résolument artisan de paix !
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Oui, en ce jour de commémoration d’armistice et par l’intercession de saint Martin, désirons tous être de véritables artisans de paix ! Un artisan, c’est quelqu’un qui est courageux à l’ouvrage. Il ne fait pas de travail à la chaîne, mais il soigne chaque œuvre unique qu’il accomplit. L’artisan n’a peut-être pas le rayonnement de l’artiste, mais il travaille patiemment de ses mains, il manie habillement ses instruments et il affine son savoir-faire au fur et à mesure des années.
Soyons donc des artisans de paix ; et à mesure que nous veillons à apporter de la paix dans toute situation, croyons qu’elle pourra s’étendre toujours plus dans les cœurs et dans le monde. C’est un acte de foi à poser dans la paix. Un acte de foi en Jésus, Prince de la paix. Amen.